Titre original: Io sono l'abisso
Traduction: Anaïs Bouteille-Bokobza
Nationalité de l’auteur: Italienne
Editions Calmann-Lévy (20 octobre 2021)
Collection Noir
346 pages
ISBN-10: 2702182895
ISBN-13: 978-2702182895
Genre: Thriller
Lu le: 4 Novembre 2021
Ma note: 16/20
Résumé/4ème de couverture:
L’homme qui nettoie rôde autour de nous.
Parmi nos déchets, il cherche des indices sur nos vies.
En particulier sur celles des femmes seules.
Une femme lui a fait beaucoup de mal enfant : sa mère.
La chasseuse de mouches, elle,
tente de sauver les femmes en péril.
Et elles sont nombreuses...
Surtout quand l’homme qui nettoie
rôde autour d’elles.
Mon avis:
Depuis la claque magistrale que j'avais prise en lisant "Le chuchoteur" il y a quelques années, Donato Carrisi est devenu aussitôt un auteur incontournable de thrillers sombres, percutants et efficaces. Si la suite de la série m'a peu à peu perdu, j'ai prise plaisir cette année à le retrouver dans un one-shot. Entre part d'ombre et humanité, les personnages de ce roman sont particuliers et même si la construction du récit repose sur la même base que dans ses précédents, l'histoire est tout de même efficace, sombre et prenante.
Points de vue/Critiques:
L'histoire va se construire autour de trois personnages, dont leur particularité initiale est d'être des sortes d'anonymes. En effet, à aucun moment, nous ne saurons comme ils s'appellent: du début jusqu'au dénouement final, aucun prénom ne sera révélé. Nous suivrons ainsi successivement l'homme qui nettoie, la chasseuse de mouche et la jeune fille à la mèche violette. Ces acronymes permettent accentuer le fait que ces personnages sont des personnes invisibles: des personnes qui font partie de la société, que l'on croise mais que l'on ne remarque jamais. Alors quoi de mieux que de leur priver de prénom et nom pour mieux s'imprégner de leur histoire, et surtout de leur travers. Ce procédé ne permet pas vraiment de s'attacher à eux, mais le but n'est pas là, car c'est davantage leur part d'ombre qui sera mise en avant par l'auteur. Chacun d'entre eux n'a connu que souffrance, malheur, tristesse et mort. Ils sont au fond de l'abysse humaine et représentent le pire de ce que peut connaître l'homme, Qu'ils fassent parti du clan des gentils ou des méchants, la frontière est mince. Et pour remonter à la surface, ils doivent se débattre soit en nettoyant et en cherchant à devenir protecteur pour l'un, soit en aidant les femmes battues pour l'autre, ou encore en cherchant l'approbation d'un père pour la dernière.
Si cette façon d'identifier anonymement les personnages est originale, il ne faut pas oublier aussi de saluer l'exercice d'écriture. En effet, cette absence de prénom n'est pas un manque et n'est pas gênant durant la lecture. De plus, l'auteur arrive parfaitement à faire en sorte d'utiliser ces grands acronymes avec parcimonie, à employer des pronoms ou encore à construire ses phrases de façon à ce que la compréhension soit simple et fluide.
En suivant alternativement ces trois personnages, on se doute qu'ils sont liés par leur histoire et par leur destin. Mais il faut attendre très longtemps avant de deviner quelques prémices, avoir quelques liens bien définis, puis patienter jusqu'au dénouement final qui permet d'obtenir toutes les ficelles. On passe vraiment à la vitesse supérieure à la fin et quand toutes les attaches sont dévoilées, il y a de quoi surprendre, aussi bien dans les faits (même s'ils ne sont pas si difficile à deviner) que dans leur signification et leur noirceur. Car en attendant d'avoir tous les tenants et aboutissants, c'est véritablement un récit qui nous entraine dans les abysses dont sont issus les héros et avec laquelle ils continuent de vivre en se débattant. Avec leurs failles et leurs fragilités, leurs actions étonnent et interrogent beaucoup. On est parfois mal à l'aise quand on découvre les différentes étapes de leur constructions, et aussi effroyables soient-elles, il est tout de même difficile de vraiment les comprendre et de ressentir de l'empathie pour eux. On est vraisemblablement plus spectateur neutre de leur histoire, une position plus facile à adopter avec leur absence d'identité.
Donato Carrisi ne prend un nouvelle fois pas de gants avec ce qu'il fait subir à ses personnages. L'ambiance très glauque, dérangeante, mystérieuse et très fermée du lac de Côme fait aussi beaucoup à cette atmosphère malsaine et pourtant, on ne peut pas s'empêcher de continuer à tourner les pages. Et même en terminant ce récit, ce sentiment glaçant perdure lorsque l'on découvre que c'est une histoire inspirée d'une histoire vraie...
En bref:
C'est un nouveau tour de maître pour Donato Carrisi avec ce nouvel opus. Il arrive à construire une histoire tantôt originale par certains aspects, tantôt plus classiques par d'autres. C'est en anonymisant et en n'utilisant que des acronymes, jamais de prénoms, que l'auteur va nous permettre de suivre successivement trois personnages aux personnalités teintées de part d'ombre et d'humanité. Une façon de marquer davantage leur invisibilité au regard de la société même si leurs travers sont nombreux. Aucune empathie ou attachement n'est possible et l'on reste comme spectateur neutre dans cette ambiance sombre. Ce récit va ainsi nous entraîner dans les abysses, les tréfonds de l'âme humaine dont sont issus ces personnages. leurs actions étonnent, interrogent et l'on est mal à l'aise en découvrant les différentes étapes de leur constructions. Mais aussi effroyables soient-elles, on ne peut pas s'empêcher de continuer à tourner les pages pour savoir comment ils peuvent liés par leur histoire et leur destin. Une histoire glauque, prenante et dérangeante... et si elle était vraie?
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