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  Mes derniers avis BD et MANGAS:  

 

lundi 25 septembre 2023

Là où chantent les écrevisses (Delia Owens)




Titre originalWhere the Crawdads Sing

Traduction: Marc Amfreville

Nationalité de l’auteur: Américaine

Editions Points (20 mai 2021)

Collection Grands Romans

460 pages

ISBN-10:‎ 2757889974

ISBN-13:‎ 978-2757889978

Genre: Historique, Policier

Lu le: 21 Août 2023

Ma note: 18/20



Résumé/4ème de couverture:

        Pendant des années, les rumeurs les plus folles ont couru sur " la Fille des marais " de Barkley Cove, une petite ville de Caroline du Nord. Pourtant, Kya n'est pas cette fille sauvage et analphabète que tous imaginent et craignent. À l'âge de dix ans, abandonnée par sa famille, elle doit apprendre à survivre seule dans le marais, devenu pour elle un  refuge naturel et une protection. Sa rencontre avec Tate, un jeune homme doux et cultivé qui lui apprend à lire et à écrire, lui fait découvrir la science et la poésie, transforme la jeune fille à jamais. Mais Tate, appelé par ses études, l'abandonne à son tour. La solitude devient si pesante que Kya ne se méfie pas assez de celui qui va bientôt croiser son chemin et lui promettre une autre vie. Lorsque l'irréparable se produit, elle ne peut plus compter que sur elle-même...  

Mon avis:

        Enorme coup de cœur pour ce roman, qui restera sans doute l'un de mes romans préférés. J'aurais aimé resté éternellement dans cette histoire qui réunie tellement de genres et de thématiques. Il est difficile d'en décrocher tant le récit est prenant, envoutant, captivant, émouvant, mais également mystérieux. L'autrice a magnifiquement réussi à créer une véritable ode à la nature sauvage et préservée, à la faune et à la flore des marais tout en l'incluant magistralement dans une histoire qui va aussi se tourner vers le polar. Kya est une petite fille puis une jeune femme terriblement touchante, auprès de laquelle je me suis sentie toujours très proche. On se laisse très facilement porté par son histoire, on vit et on vibre à ses côtés. Tant par son héroïne et son lieu, ce roman est atypique et il permet de célébrer magnifiquement la solitude et la nature.

Points de vue/Critiques:

        Le roman commence à nous faire part de l'enfance de Kya et l'on découvre très vite une petite fille attachante, dont il est difficile de ne pas s'attacher. En effet, dés son plus jeune âge, elle est littéralement abandonnée par tout le monde: ses grands frères et sœurs, sa mère, puis son père. Kya est ainsi littéralement livrée à elle même dans les marais. Elle devra faire preuve de maturité pour survivre, c'est-à-dire manger, se chauffer, s'habiller, etc, sans oublier de se cacher et cacher sa situation aux yeux de tous par peur d'être emportée et déracinée. 

        Si Kya arrive à devenir une jeune femme épanouie, c'est grâce à la nature qui l'environne, une nature qui devient alors un vrai personnage principal de cette histoire. Les marais dans lesquels vit Kya sont singuliers et l'autrice nous dépeint une nature terriblement magnifique, brute, sauvage, mais généreuse et splendide. C'est grâce à cette nature que Kya va survivre et vivre. Elle y trouvera de quoi subvenir à tous ses besoins, mais parce qu'elle a toujours vécu dans ce milieu qu'elle a pris le temps de regarder avec approfondissement, ardeur et émerveillement, la nature va même lui permettre d'avoir une certaine renommée. C'est en peignant, dessinant, illustrant et notant toutes ses connaissances extraordinaires sur les animaux, les végétaux, les champignons et sur tous les éléments qui constituent l'environnement des marais que Kya va voir publier ses œuvres sous forme d'ouvrages de référence. L'autrice étant diplômée de zoologie et de biologie, cela se ressent nettement dans le roman mais sans ce que cela soit scolaire et inintéressant. Tout est décrit avec justesse et émerveillement. 

        Si à travers le personnage de Kya, l'autrice fait également la part belle à la solitude, elle n'est pas tombée dans les clichés que l'on pourrait se faire de cette solitude associée à la nature. Kya n'est pas une ermite, associable, ne parlant pas et n'ayant aucune culture. Si elle a un mode de vie particulier, en étant totalement reculée et si elle se méfie de certaines personnes, elle entretient des relations avec d'autres personnes, cherche les prémices de l'amour, sait ce qui se passe et ce qui fait la société à côté d'elle et est une grande lectrice. Et c'est ainsi, en s'ouvrant sur le monde extérieur, que Kya sera une nouvelle fois trahie et que le récit va prendre une connotation associée au thriller. Il y a donc ce fort accent mystérieux qui touche le roman et qui nous pousse à mieux porter attention sur la vie de Kya pour tenter de connaître la vérité. Au fil des indices découverts, on est sans cesse en train de danser un pied sur l'autre. Et tout comme l'intégralité de l'histoire, la fin est tout aussi magistrale. 

En bref:

        Que dire de ce roman, à part qu'il est incroyablement magnifique et qu'il restera comme l'un de mes romans préférés. Abandonnée dés sa plus tendre enfance, Kya est immédiatement attachante et l'on prend plaisir à découvrir son quotidien jusqu'à ce qu'elle devienne une jeune femme. En faisant corps avec les marais dans lesquels elle vit, on y navigue également avec émerveillement. L'autrice a magnifiquement réussi à créer une véritable ode à la nature aussi sauvage et préservée que Kya, à la faune et à la flore. Elle nous la montre comme on la voit rarement et comme seule Kya le peut, le tout est décrit avec justesse et splendeur. A travers la jeune femme, c'est également une ode à la solitude que l'autrice retranscrit, sans jamais tombée dans les clichés. C'est par les élans de tendresse et le besoin d'amour de Kya que le récit prend progressivement le chemin du polar et du thriller. Deux temporalités dans le récit vont ainsi se rejoindre pour faire la lumière sur une sombre affaire et qui donnera une fin tout aussi magistral que l'est l'intégralité du roman.  Il est difficile de décrocher et de sortir réellement de ce récit prenant, envoutant, captivant, émouvant, mais également mystérieux. Tant par son héroïne que par son lieu, ce roman est atypique et restera un énorme coup de cœur.

Le club des amateurs de romans policiers, tome 2 : le crime du SS Orient (C.A Larmer)





Titre original: Danger on the SS Orient

Traduction: Tania Capron

Nationalité de l’auteur: Australienne

Editions Le Cherche-Midi (31 août 2023)

368 pages

ISBN-10:‎ 274917659X

ISBN-13:‎ 978-2749176598

Genre: Policier

Lu le: 19 Août 2023

Ma note: 16/20



Résumé/4ème de couverture:

        Nos six membres du Club des amateurs de romans policiers ont, croient-ils, de la chance. Alicia et ses amis embarquent en effet avec quatre cents autres vacanciers pour une croisière de luxe à bord du SS Orient– réplique d'un glorieux modèle à vapeur qui naviguait jadis entre  l'Angleterre et l'Australie. Un voyage dans le temps infusé de charme et de glamour ? Oui, mais pas seulement. Un passager est en effet bientôt retrouvé mort dans son lit. Puis un autre disparaît en pleine nuit. Et un troisième est poignardé. Terreur en mer, et pas d'échappatoire ! Puisqu'il n'y a sur le bateau ni détective belge, ni vieille dame de la campagne anglaise, les membres du club, tous férus de meurtres en huis clos, se mettent à enquêter. Ils ont peu de temps, peu d'indices... et d'innombrables soupçons.

Mon avis:

        Après la très belle découverte du premier tome de cette nouvelle série de cosy mystery qui allie à merveille le mystère, l'humour et la passion des livres (en particulier l'univers d'Agatha Christie), c'était un bonheur de retrouver ce fameux club des amateurs de romans policiers dans cette suite attendue avec impatience. "Le crime du SS-Orient" s'apparente et se veut être ainsi un mélange entre "Le crime de l'Orient-Express" et "Mort sur le Nil". On retrouve une nouvelle fois beaucoup de mystère et une intrigue bien ficelée avec de l'humour à gogo. La croisière est un lieu très agréable pour cette nouvelle aventure. Mais on retrouve beaucoup moins les personnages secondaires qui composent le club ainsi que les références littéraires à Agatha Christie, plaçant ce second tome un cran en dessous du premier. 

Merci aux éditions du Cherche-Midi pour l'envoi de ce livre!

Points de vue/Critiques:

        C'est à bord du SS-Orient, un bateau de croisière de luxe, que va se dérouler bon nombre de choses qui vont permettre au club des amateurs de romans policiers de reprendre du service et essayer de résolver tous les mystères présents. Cette ambiance n'est ainsi pas sans rappeler celle de "Mort sur le Nil". L'histoire donne du fil à retordre à tout le monde. On retrouve beaucoup de rythme puisque les actions et les péripéties se succèdent, on n'a donc pas de temps mort et pas le temps de s'ennuyer. Et l'enquête est vraiment digne de la reine du crime, puisqu'elle est finement travaillée et relativement complexe pour faire en, sorte que le coupable n'est pas simple à trouver. On retrouve également beaucoup d'humour tout le long du récit, et cette touche apporte véritablement quelque chose de singulier, sans compter que cela allège l'atmosphère faite d'enquête et de questionnements. Entre mystère, humour et également une touche de romance, tout se mélange à la perfection pour passer un très bon moment de divertissement.

        Même si le livre reste bon dans son ensemble, il y a tout de même deux ou trois petites choses assez frustrantes qui font que ce deuxième tome, que l'on attendait ave beaucoup d'impatience après l'excellent premier tome de la série, se place un cran en dessous. Au niveau des personnages, c'est vraiment Alicia qui sera pleinement mise en avant pour résoudre cette affaire. Tous les autres membres du club des amateurs de romans policiers sont finalement peu présents et l'on aurait aimé plus les retrouver pour participer plus activement à l'enquête. Le fait de moins les voir et le lieu de l'intrigue font en sorte qu'on retrouve beaucoup moins cette ambiance fédératrice de club. Ils ne se posent pas et ne se réunissent pas pour parler livres, Agatha Christie et réfléchir ensemble à l'enquête pour progresser collectivement. Les références à la bibliographie d'Agatha Christie et à la vie de l'autrice elle-même nous manquent donc un peu. Et paradoxalement, à la fin du roman, le dénouement de "Le crime de l'Orient-Express" est totalement révélé... et même si une note permet de prévenir le lecteur qui souhaiterait alors faire l'impasse sur cette partie révélatrice, c'est tout de même très dommage de divulgacher ainsi, d'autant plus que cela n'apporte finalement pas grand chose à l'intrigue même et au dénouement du roman.

En bref:

        Après l'excellent premier tome qui nous a permis de découvrir une très bonne et nouvelle série de cosy mystery, ce second tome était attendu avec impatience. Aux confins de "Le crime de l'Orient-Express" et "Mort sur le Nil", cette nouvelle intrigue nous embarque dans un huis-clos à bord d'une croisière de luxe, dans un rythme effréné où  les péripéties s'enchaînent. Cette nouvelle aventure pour le club des amateurs de romans policiers n'est pas de tout repos puisqu'il y a beaucoup de mystères et l'intrigue est bien ficelée. On retrouve également beaucoup d'humour tout le long du récit, donc entre mystère, humour et également une touche de romance, tout se mélange à la perfection pour passer un très bon moment de divertissement. Mais entre le fait de moins retrouver les personnages secondaires qui composent le club, leur conciliabule et leur ambiance de club et les références littéraires et personnelles à Agatha Christie moins présentes (sans compter un énorme spoile signalé mais pas vraiment nécessaire à la fin du roman),  ce second tome se place tout de même un cran en dessous du premier. 

jeudi 21 septembre 2023

Archie (Alia Cardyn)





Nationalité de l’auteur: Belge

Editions Pocket (13 octobre 2022)

271 pages

ISBN-10:‎ 2266318845

ISBN-13:‎ 978-2266318846

Genre: Contemporain

Lu le: 18 Août 2023

Ma note: 15/20



 

Résumé/4ème de couverture:

Archie, seize ans, est placé en institution. Sa mère, toxicomane, est incapable de s'occuper de lui. Au lieu de consentir à ce quotidien qui l'enferme, Archie lutte. Un jour, un rêve se dessine. Tout quitter pour rejoindre à pied une école où les enfants sont libres d'apprendre ce qui les intéresse vraiment. Archie entame ce périple sur le sentier des douaniers. 

A force de silence, son histoire se superpose au ciel, à la mer, à la falaise qui fond dans les flots. Le film de son enfance se déroule, brut et lourd de secrets. Mais aucune vie n'est perdue d'avance. Archie découvre le journal de Madeleine - l'infirmière qui l'a accueilli le jour de sa naissance -, et en chemin, ce jeune poète va se révéler. Avec Archie, Alia Cardyn offre un récit lumineux et surprenant sur la construction d'un être et de ses rêves.

Mon avis:

        Ne connaissant pas encore l'autrice dont j'entends de plus en plus de bons retours, j'ai voulu commencer ma découverte avec "Archie", un petit livre, pas beaucoup vu, mais dont j'avais vu d'excellents retours. Si j'ai passé un bon moment de lecture sur le moment, je dois avouer que c'est le genre d'histoire qui sera malheureusement très vite oubliée. Il n'y a pas de réels défauts dans ce roman mais l'histoire reste un récit initiatique qui n'a pas su me happer et me procurer véritablement des émotions. Heureusement ou malheureusement, le roman est court mais Archie n'a pas su me toucher puisque j'ai trouvé que l'autrice voulait trop accentuer sa plume vers la mélancolie et la résilience de manière trop poussée et ne laissant pas les émotions faire leur chemin. 

Points de vue/Critiques:

         Archie est un adolescent et le personnage principal de ce récit. Il a tout pour faire de lui un personnage touchant. Abandonné par sa mère toxico, il essaie comme il peut de se construire malgré son manque de repère. Son optimisme est beau à voir, car malgré son départ difficile dans la vie, il veut toujours croire en sa mère et lui donner une chance. Heureusement, il peut compter sur Madeleine, une infirmière qui le prendra sous son aile. Et c'est grâce à Madeleine et à ses carnets que Archie va pouvoir réellement découvrir tout son passé lui permettant de trouver sa voie et de marcher vers l'avenir. La découverte de ces carnets est ce que j'ai préféré dans ce roman. Mais force est de constater que je ne me suis pas particulièrement attachée à Archie, même s'il a une belle personnalité.

        Pour retranscrire tout le voyage initiatique d'Archie, l'autrice met des mots sur les émotions et les ressentis, mais je n'ai malheureusement rien éprouvé. J'ai eu l'impression que l'autrice voulait à tout prix nous faire vivre des émotions touchantes, mais ce n'est pas en les spécifiant textuellement qu'elles doivent arriver tout droit au cœur du lecteur. La suggestion, la douceur et la simplicité sont bien souvent bien plus efficace. De plus, n'aimant pas la poésie, je ne me suis pas sentie proche d'Archie par cet aspect, et l'école démocratique est un concept inconnu auquel je n'adhère pas vraiment, deux aspects qui ont accentué cette impression de détachement vis-à-vis du récit et d'Archie. 

En bref:

        "Archie" c'est l'histoire d'un récit initiatique pour permettre à cet adolescent qui a eu un départ difficile dans la vie et qui essaie de se construire malgré son manque de repère. Archie est un personnage courageux, déterminé et assez touchant, qui va tout faire pour trouver sa voie et de marcher vers l'avenir. J'ai particulièrement aimé Madeleine, l'infirmière et ses carnets qui permettront à Archie de découvrir son passé. Ce sont ces passages que j'ai préféré et ils tranchent nettement avec le  voyage initiatique d'Archie qui ne m'a pas plus emballée que cela et qui va faire en sorte que ce roman sera très vite oublié. En effet, Archie n'a pas su me toucher puisque j'ai trouvé que l'autrice voulait trop accentuer sa plume vers la mélancolie et la résilience de manière trop poussée et ne laissant pas les émotions faire leur chemin. Une lecture agréable sur le moment mais qui ne restera pas gravé en mémoire.

mercredi 20 septembre 2023

Raisons obscures (Amélie Antoine)





Nationalité de l’auteur: Française

Editions Pocket (2 juillet 2020)

432 pages

ISBN-10:‎ 2266306790

ISBN-13:‎ 978-2266306799

Genre: Thriller

Lu le: 17 Août 2023

Ma note: 17/20





Résumé/4ème de couverture:

Deux familles ordinaires à l'heure de la rentrée scolaire.

Deux familles où chacun masque et tait les problèmes pour ne pas inquiéter les autres.

Chez les Kessler, la mère a retrouvé son premier amour.

Chez les Mariani, le père est mis à l'écart dans son entreprise.


Deux familles où règnent les secrets.

Où, sans que personne ne s'en aperçoive, un enfant est

progressivement démoli par un autre. Harcelé, rabaissé, moqué au quotidien.

Détruit dans le silence et l'aveuglement le plus complet.


Deux familles où, en apparence, tout va bien.

Jusqu'à ce que tout déraille...

Pour des raisons obscures.

Mon avis:

        Les superlatifs peuvent être très nombreux pour décrire ce roman, tout autant que les émotions qu'il suscite. Ce livre est réellement époustouflant, et si l'histoire semble commencer gentiment, la teneur du sujet nous cueille petit à petit pour nous donner un vrai uppercut dans la figure et dans le ventre. Amélie Antoine nous fait vivre une histoire très difficile qui prend littéralement aux tripes car elle sonne malheureusement juste. La psychologie des personnages est finement travaillée avec une construction de l'histoire maîtrisée. Le final est très poussé et s'il peut choquer, il est malheureusement et tristement réaliste. Ce roman ne peut que faire réfléchir. Une histoire horrible, glaçante, percutante mais nécessaire.  

Points de vue/Critiques:

         La première partie du roman nous fait plonger au cœur du quotidien de deux familles, que l'on va suivre parallèlement, qui vivent dans la même ville et qui n'ont aucun lien, hormis ces rencontres par hasard. D'un côté, il y a la famille Mariani avec Claire et Frédéric, un couple marié, avec leur deux enfants, Sarah et Clément. De l'autre, c'est la famille Kessler avec Laëtitia et Yanis qui ont trois enfants Marjorie, Orlane et Enzo. Chacune de ces familles mène une vie somme toute banale, faite de travail, de scolarité et de vie de famille, où l'on n'entend rien ni ne voit rien. L'autrice plante ainsi le décor de son histoire avec ces vies de couples et de familles ordinaires. Mais parce que l'on sait que chaque famille recèle ses secrets, ses fêlures et ses faux-semblants, on ne peut que se demander où se cache le loup dans chacune d'entre elles. Il est vrai que cette première partie qui pose de décor est très gentillette. Comme on attend un déclic ou une faille qui lancerait le récit vers des horizons plus sombres, il est vrai que cette partie peut paraître simple et longue. 

        La deuxième partie du roman donne la voix aux deux adolescentes des familles suivies préalablement, Sarah et Orlane. Le roman prend alors toute sa valeur. Car si l'on reprend le quotidien de ces familles vus dans la première partie mais selon le points de vue des filles, il n'y a pas de véritable redondance. Des parallèles dans certaines situations marquantes peuvent s'effectuer mais c'est surtout ce que l'on ne voit pas dans la première partie, que l'on voit dans cette seconde partie et qui prend alors véritablement son sens. Avec le quotidien familial et scolaire des adolescentes, une thématique va peu à peu émerger et c'est dans cette direction que le roman va se construire. On est progressivement captiver et si finalement le récit n'est composé que de descriptions de la vie quotidienne avec ses situations, une atmosphère lourde et pesante s'installe petit à petit. On ne peut que s'imaginer l'inévitable et se préparer à ce que cette histoire finisse mal et malgré des projectures et des hypothèses, il est impossible d'envisager un tel final. L'autrice m'a réellement surprise et la fin ne peut que vous retourner les tripes tant l'uppercut reçu est fort et prononcé. S'il est choquant, il n'en ait pas moins, malheureusement, irréaliste et faisant parti d'une conjecture appartenant au passé... 

En bref:

         Que dire de ce roman tellement époustouflant! Construit en deux parties, l'histoire commence gentiment puisque l'autrice plante le décor de son roman en nous faisant suivre le quotidien de deux familles ordinaires et distinctes. Parce que l'on sait que chaque famille recèle ses secrets, ses fêlures et ses faux-semblants, on ne peut que se demander où se cache le loup dans chacune d'entre elles. Si cette première partie peut sembler longue, elle prend tout son sens avec la deuxième partie qui donne la voix aux deux adolescentes des familles. Le roman prend alors toute sa valeur. On est progressivement captiver et si finalement le récit n'est composé que de descriptions de la vie quotidienne des lycéennes, une atmosphère lourde et pesante s'installe petit à petit. On ne peut que s'imaginer l'inévitable et malgré des projectures et des hypothèses, il est impossible d'envisager un tel final. La fin ne peut que vous retourner les tripes tant l'uppercut reçu est fort et prononcé, mais qui sonne malheureusement juste... Amélie Antoine nous fait donc vivre une histoire horrible, glaçante, percutante mais nécessaire avec une psychologie des personnages, finement travaillée et une construction de l'histoire maîtrisée.  Ce roman est magistral! 

lundi 18 septembre 2023

Le pays des contes, tome 5 : l'odyssée imaginaire (Chris Colfer)




Titre original: The Land Of Stories, book 5: An Author's Odyssey

Traduction: Cyril Laumonier

Nationalité de l’auteur: Américaine

Editions Michel Lafon (16 mai 2018)

Collection Poche

398 pages

ISBN-13:‎ 979-1022402576

Genre: Jeunesse

Lu le: 16 Août 2023

Ma note: 15/20




Résumé/4ème de couverture:

L'Homme masqué a réussi : le Pays des contes est tombé sous la coupe de sa terrible armée. Face à lui, les jumeaux Alex et Conner n'ont plus qu'une seule arme, peut-être la plus puissante : leur imagination. Tous deux se lancent alors à travers les histoires inventées par Conner en quête d'une armée de pirates, de cyborgs, de superhéros ou encore de momies, pour arrêter l'Homme masqué. Et même si l'adolescent est leur auteur, rien ne dit que ses personnages ne se rebifferont pas contre lui ! Mais un complot plus terrible encore se trame dans l'ombre.

Un complot qui pourrait bien noircir la magie de tous les mondes à jamais...

Mon avis:

        Lire "Le pays des contes" est toujours un joli moment magique que je me réserve chaque année durant mes vacances. C'est un très agréable moment hors du temps qui nous fait replonger d'une autre manière dans l'univers des contes de fées. On retrouve toujours beaucoup d'actions, d'aventures et d'humour avec les jumeaux. Et pour ce cinquième tome, c'est agréable de voir que c'est davantage Conner qui est plus mis sur le devant de la scène plutôt que sa sœur, qui m'a toujours plus ou moins été jusque là. En revanche, je n'ai pas été aussi embarquée dans cette histoire où il m'a manqué un petit quelque chose, sûrement un manque de magie, de contes de fées et de tous ses personnages secondaires. Les nouveaux personnages rencontrés sont intéressants, tout comme le fait de visiter d'autres histoires qui n'appartiennent pas aux contes de fées, mais cette touche caractéristique de la série nous manque un peu.

Points de vue/Critiques:

        Ce cinquième tome de la série pourrait être considéré comme un tome de transition pour conclure la saga en lien avec le prochain et dernier tome. Dans cette histoire, les jumeaux se préparent nettement pour l'ultime bataille. Et c'est autour de l'imagination débordante et du talent d'écrivain de Conner que va se construire le récit. C'est ainsi Conner qui est largement mis en avant dans l'histoire, contrairement à sa sœur qui a toujours été jusqu'ici plus l'héroïne principale. Cela fait plaisir de voir Conner prendre confiance en lui, s'émanciper et s'affirmer. On va ainsi plonger dans ses histoires pour aller y dénicher et découvrir de nouveaux personnages, des histoires qui n'appartiennent pas à l'univers des contes de fées. On voyage donc dans l'espace, dans un monde féminin de pirates et dans un monde de super-héros. Si ces histoires sont mignonnes et intéressantes pour mieux apprendre à connaître Conner, ce ne sont pas des histoires connues et l'on est un peu déçue. 

        Si cette histoire prépare nettement ce qui va suivre et permet de mettre Conner dans la lumière, il faut avouer que l'on ne retrouve pas ce qui fait le charme de cette série, ce qui a fait que j'ai trouvé ma lecture un peu longue. L'univers des contes de fées n'est pas très présent et surtout, on voit très peu tout ses personnages secondaires. Il y a certes de l'action et de l'aventure, mais cela est fait avec des personnages que l'on ne connait pas vraiment et avec lesquelles on n'a donc pas d'affinités et d'attachements particuliers.  

En bref:

         Ce cinquième tome de la série pourrait être considéré comme un tome de transition pour conclure la saga. C'est toujours un plaisir de retrouver l'univers des contes de fées comme on ne se l'imagine pas vraiment, ainsi que suivre les jumeaux Alex et Conner dans leur aventure pleine d'actions et de rebondissements. Et dans cette nouvelle histoire, c'est Conner qui est davantage mis en avant, contrairement à sa sœur qui lui volait plus la vedette jusqu'ici. On va ainsi plonger dans les histoires qu'il a écrites, à la rencontre de différents mondes et personnages. Si les nouveaux personnages rencontrés sont intéressants et sui c'est agréable de voir Conner s'émanciper,  je n'ai pas été aussi embarquée dans cette histoire où il m'a manqué un petit quelque chose. La magie a un peu moins opéré, car il manque justement de la magie. En effet, l'univers des contes de fées est beaucoup moins présents et l'on voit très peu tout ses personnages secondaires haut en couleur, qui nous font tant rigolé. Vivement la conclusion de cette saga!

La vie qu'on m'a choisie (Ellen Marie Wiseman)




Titre original: The life she was given

Traduction: Typhaine Ducellier

Nationalité de l’auteur: Anglaise

Editions Pocket (3 mars 2022)

Collection Les Révélations

518 pages

ISBN-10:‎ 2266320270

ISBN-13:‎ 978-2266320276

Genre: Contemporain, Historique

Lu le: 10 Août 2023

Ma note: 16/20



Résumé/4ème de couverture:

Un soir d'été de 1931, Lilly Blackwood remarque les lumières d'un cirque depuis la fenêtre de sa mansarde. La petite fille a interdiction d'explorer les alentours de Blackwood Manor... Elle n'est même jamais sortie de sa petite chambre. C'est pour sa sécurité, lui répète sa mère, car Lilly fait peur. Mais cette nuit-là, elle est emmenée en dehors de la propriété, pour la première fois. Et elle est vendue au cirque.

Deux décennies plus tard, Julia Blackwood hérite du manoir de ses parents et de leur élevage de chevaux. Elle espère que revenir sur le  lieu de son enfance pourra effacer de douloureux souvenirs. Mais elle va découvrir une mansarde jamais ouverte, et les photos d'un cirque mettant en avant une étonnante jeune femme... Au début, le cirque des Frères Barlow n'est qu'une nouvelle prison pour Lilly. Mais au sein de ce monde violent et hétéroclite, Lilly va découvrir la force, l'amitié, et un lien incroyable avec les animaux.

Rapidement, grâce aux éléphants Pepper et JoJo, et à leur dresseur,  Cole, Lilly n'est plus seulement une petite attraction, mais le clou du spectacle... jusqu'à la tragédie.


Avec l'histoire de Julia et celle de Lilly, Ellen Marie Wiseman dessine le portrait de deux femmes extraordinaires, très différentes, dans un roman qui nous emporte dans un monde étonnant.

Mon avis:

        Je ne connaissais pas encore cette autrice mais les titres et les résumés de ses couvertures ainsi que les très bons retours des livres en grand format, il me tardait de voir ce qu'allait donner cette nouvelle histoire dans le genre historico-contemporain. Même si l'on retrouve pas mal de descriptions dans le récit, j'ai passé un bon moment de lecture. Tous les codes sont là, avec des secrets de famille, une double temporalité et des thématiques majeures. L'univers du cirque était très intéressant à suivre puisque c'est un monde assez fascinant, mais toute cette partie m'a beaucoup trop rappelé "De l'eau pour les éléphants". Associé au fait que le secret découvert dans la partie contemporaine n'est pas exceptionnel et peut se deviner assez facilement, cette histoire reste très plaisante mais n'est en rien originale ou révolutionnaire. 

Points de vue/Critiques:

         Les tout premiers chapitres de ce livre mettent clairement dans l'ambiance et quelle ambiance. On est véritablement dans un contexte dérangeant, sinistre et oppressant, à la limite du thriller. On découvre ainsi Lilly, une petite fille qui vit enfermée dans le grenier car "elle est un monstre" et qui n'a jamais mis le nez dehors. Elle a ses propres interrogations sur ce qu'est le vent, la sensation du soleil, et sur toutes les choses qui composent le monde, mais le lecteur a aussi ses questionnements, et notamment sur ce qui fait d'elle un monstre. Ce point est rapidement mis en lumière et va permettre de faire le lien avec le cirque qui est de passage et auquel Lilly sera vendue.

            L'univers du cirque et toute l'enfance de Lilly constituera les parties historiques du roman. On va suivre toute sa vie effrayante au sein de ce cirque des années 30, constitué notamment de sa galerie de monstres et de sa ménagerie en plus des artistes. Toute cette ambiance et cette atmosphère circassienne est très bien retranscrite, avec des descriptions très complètes (parfois trop détaillées et trop nombreuses) qui font que l'on se plonge dans ce monde avec une très grande facilité. On y découvre un monde du cirque du début du 20ème totalement différent de celui d'aujourd'hui. Entre toutes les personnages dans l'ombre qui prépare toute la logistique de ce qui se passe sur le devant de la scène, c'est tout un microsome et un petit village qui compose et vit avec le cirque qui voyage en train, de ville en ville. Outre les artistes de cirque classiques, on retrouve des voyantes et des diseuses de bonne aventure, un nombre incalculable d'animaux sauvages et des femmes à barbe, géant, nain, siamois, homme fort etc composant la galerie des monstres. Tout élément, animal ou humain du cirque est considéré comme une vulgaire marchandise, qui s'achète, qui se vend et qui doit rapporté. Cet univers est aussi bien décrit qu'il est dérangeant en permettant de décrier l'exploitation et la manipulation d'êtres vivants.

        Lilly est une petite fille émouvante et l'on aime la voir grandir, s'affirmer et devenir une jeune femme pleine de valeurs, et qui a surtout su se construire par elle-même. A fur et à mesure de sa vie dans le cirque et des actions qu'elle entreprend, on sent indéniablement la tension montée et l'on sait pertinemment que cela va mal se terminer. Les chapitres clés sont au-delà de la tension dramatique et sont très difficiles à lire tant ils soulèvent le cœur. Le récit, bien structuré et complet, nous permet de passer un bon moment de lecture, mais pour moi, cette immersion dans le passé avec l'univers du cirque dans les années 30 et tout ce qui se passe avec la condition des éléphants, m'a beaucoup trop fait pensé à "De l'eau pour les éléphants", les similitudes étant trop nombreuses. De plus, si l'histoire du présent avec Julia est minoritaire, ce qui est plutôt une bonne chose puisqu'il se passe finalement peu de choses, le secret de famille qui permet notamment de relier les deux époques, est trop simple et trop simplement caché. Une facilité qui ne prend pas...

En bref:

            J'avais hâte de découvrir cette autrice avec ses livres dans le genre historico-contemporain dont j'avais vu de bons retours. J'ai passé un bon moment de lecture avec "La vie qu'on m'a choisit" où l'on retrouve tous les codes (secrets de famille, double temporalité, thématiques majeures) du genre qui permettent de s'immerger facilement de la récit et de vibrer au gré des aventures et des révélations. Lilly est une petite fille touchante qui nous met dans une ambiance malaisante au début du roman et qui va nous permettre de découvrir l'univers du cirque dans les années 30 au fur et à mesure de l'enfance de Lilly. Aussi fascinant par son ampleur et sa dimension que dérangeant par son exploitation et sa manipulation des êtres vivants considérés comme des marchandises, qu'ils soient humains ou animals, cette ambiance circassienne est intéressante et immersive même si l'autrice use parfois de trop de descriptions. Mais ce monde m'a beaucoup trop fait pensé à "De l'eau pour les éléphants" puisque les similitudes étant trop nombreuses. De plus, l'histoire du présent révèle un secret de famille permettant de relier les deux époques qui est trop facile et trop simplement caché. Cette histoire reste donc très plaisante mais n'est en rien originale ou révolutionnaire.