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  Mes derniers avis BD et MANGAS:  

 

dimanche 28 février 2021

Peau d'homme


Scénario:
Hubert
Illustrations: Zanzim
Nationalité de l’auteur: Française 
Editions Glénat (22 Avril 2020
Collection 1000 Feuilles
160 pages
ISBN-10: 2344010645 
ISBN-13: 978-2344010648 
Genre: Bande-dessinée
Lu le: 14 Février 2021
Ma note: 16/20 



Résumé/4ème de couverture:

Dans l’Italie de la Renaissance, Bianca, demoiselle de bonne famille, est en âge de se marier. Ses parents lui trouvent un fiancé à leur goût : Giovanni, un riche marchand, jeune et plaisant. Le mariage semble devoir se dérouler sous les meilleurs auspices même si Bianca ne peut cacher sa déception de devoir épouser un homme dont elle ignore tout. Mais c’était sans connaître le secret détenu et légué par les femmes de sa famille depuis des générations : une « peau d’homme » ! En la revêtant, Bianca devient Lorenzo et bénéficie de tous les attributs d’un jeune homme à la beauté stupéfiante. Elle peut désormais visiter incognito le monde des hommes et apprendre à connaître son fiancé dans son milieu naturel. Mais dans sa peau d’homme, Bianca s'affranchit des limites imposées aux femmes et découvre l'amour et la sexualité.

La morale de la Renaissance agit alors en miroir de celle de notre siècle et pose plusieurs questions : pourquoi les femmes devraient-elles avoir une sexualité différente de celle des hommes ? Pourquoi leur plaisir et leur liberté devraient-ils faire l’objet de mépris et de coercition ? Comment enfin la morale peut-elle être l’instrument d’une domination à la fois sévère et inconsciente ?

À travers une fable enlevée et subtile comme une comédie de Billy Wilder, Hubert et Zanzim questionnent avec brio notre rapport au genre et à la sexualité… mais pas que. En mêlant ainsi la religion et le sexe, la morale et l’humour, la noblesse et le franc-parler, Peau d’homme nous invite tant à la libération des mœurs qu’à la quête folle et ardente de l’amour.

Mon avis:

        Lorsque le conte de "Peau d'âne" est revisité et remis au goût du jour, cela donne "peau d'homme". Ainsi, une jeune fille Bianca va pouvoir revêtir une véritable peau d'homme pour pouvoir infiltrer incognito le monde masculin et en apprendre davantage sur son promis au mariage qu'elle ne connaît pas. Ce conte one-shot à l'ambiance médiévale interroge avec talent le rapport au genre et à la sexualité, quel qu'elle soit, en y mêlant forcément et habilement l'influence de la religion et la bienséance morale. Le parcours de Bianca est très intéressant à suivre et cela en fait une jeune fille attachante. En effet, si au début, n'ayant fait aucune expérience et ayant la doctrine bienséante de sa famille en tête comme seule opinion, le fait de revêtir une peau masculine va lui permettre de s'émanciper, que ce soit sur le plan sexuel, féminin et amical. Elle s'ouvre ainsi de plus en plus à la liberté, délivrée du carcan inhérent à sa condition de femme. C'est finalement un véritable parcours initiatique.  Car lorsqu'elle revêt la peau de Giovanni, la personnalité de Bianca ne s'efface pas pour autant. Les auteurs ont ainsi rondement bien mener le jeu afin de ne pas avoir de dichotomie entre les hommes d'un côté et les femmes de l'autre. Et dans l'ambiance assez morose, rude et austère de la Renaissance, on prend plaisir à découvrir de tels sujets qui sont rendus très gais et joyeux grâce à un drôle de décalage bien pensé et qui fait mouche. 

Miss Charity (BD)


TOME 1: L’ENFANCE DE L’ART

Scénario et Illustrations: Loïc Clément & Anne Montel d’après l’oeuvre de Marie-Aude Murail
Nationalité des auteurs: Française 
Editions Rue de Sévres (19 Février 2020
120 pages
ISBN-10: 2369816848 
ISBN-13: 978-2369816843 
Genre: Bande-dessinée
Lu le: 10 Février 2021
Ma note: 16/20 


Résumé/4ème de couverture:

En 1880, Charity est une petite fille de la bonne société anglaise. Endeuillée par la mort de ses petites soeurs, sa famille lui accorde peu d'attention ; aussi se réfugie-t-elle auprès de sa bonne, Tabitha. Elle élève également des souris dans la nursery, dresse un lapin, étudie des champignons au microscope et apprend Shakespeare par coeur, espérant qu'un jour quelque chose rompra sa solitude.

Mon avis:

        Pour ce premier tome de l'adaptation du roman de Marie-Aude Murail du même nom, je ne pourrais pas juger la qualité de cette adaptation n'ayant pas lu le livre. Dans cette histoire, on découvre une jeune héroïne curieuse, intelligente et amusante. Elle m'a beaucoup rappelé Calpurnia dans sa passion de la science et ses idées avant-gardiste et féministe. On retrouve également dans Charity un peu de Sophie de la Comtesse de Ségur, de Anne aux pignons verts et de Fifi Brindacier. Quoiqu'il en soit, je me suis beaucoup attachée et retrouvée dans Charity, qui est fille unique, qui s'ennuie beaucoup et qui trouve plus de plaisir à observer et analyser la nature et les animaux qui l'entoure plutôt que de passer du temps en société, avec des enfants de son âge. 

        Dans ce premier tome d'une trilogie, on va ainsi suivre Charity jusqu'à ses quinze ans et mine de rien, il se passe pas mal de choses pour la jeune fille, sans réel suspense aucun. Le récit est parfaitement rythmé et donne vraiment envie de connaitre la suite, dont je me demande dans quelles directions on pourrait aller...

        Les illustrations participent grandement en charme de cette lecture et sont pas sans rappeler Béatrix Potter. En effet, les traits d'aquarelle sont fins et débordent également de vitalité dans les couleurs vives employées qui tranchent avec la volupté de l'aquarelle. Les dessins fourmillent de détails achevant de conquérir l'adhésion des yeux. Et les cases libres de tout contours permettent de laisser respirer les illustrations, apportant une touche supplémentaire de légèreté. 

mercredi 24 février 2021

Les déracinés (BD)



Scénario:
Catherine Bardon
 
Illustrations: Winoc 
Nationalité des auteurs: Française 
Editions Philéas (21 Janvier 2021
128 pages
ISBN-10: 2491467151 
ISBN-13: 978-2491467159 
Genre: Bande-dessinée
Lu le: 7 Février 2021
Ma note: 16/20 



Résumé/4ème de couverture:

Des cafés viennois des années trente aux plages des Caraïbes, laissez-vous transporter par cette histoire d'amour et d'exil et le destin exceptionnel d'Almah et Wilhelm. Après l’Anschluss, le climat de plus en plus hostile aux juifs pousse Almah et Wilhelm à s’exiler avant qu’il ne soit trop tard. Ils n’ont d’autre choix que de partir en République dominicaine, où le dictateur promet 100 000 visas aux juifs d’Europe.

Fondée sur des faits réels, « une fresque historique haletante » (Lire) qui révèle une partie méconnue de notre histoire. Le premier tome d’une tétralogie à succès. Une adaptation menée par Catherine Bardon l’autrice de la saga et Winoc auteur notamment de De mémoire chez Grand Angle.

Mon avis:

        N'ayant pas fait partie de ceux qui ont lu le roman et qui l'ont plébiscité, j'étais tout de même intriguée pour découvrir cette histoire. Grâce aux éditions Philéas qui ont publié cette histoire sous forme de bande-dessinée, j'ai enfin pour découvrir "Les déracinés" qui fut une belle lecture et une belle surprise. 

Points de vue/Critiques:

        Découragée par la grosseur du livre et parce que le résumé avait ce quelque chose qui ne m'accrochait pas plus que cela, j'ai finalement découvert l'histoire à travers la bande-dessinée sans véritablement savoir quelle allait être la trame de fonds et quels seraient les sujets abordés. J'ai donc été facilement entrainée dans cette histoire dont je n'avais aucune certitude et où aucune comparaison avec le roman n'allait entrecouper ma lecture. 

        On suit donc une jeune famille bourgeoise viennoise qui doivent affronter la monter du nazisme et qui devront se résoudre à fuit leur pays d'origine. Commence alors le déracinement car c'est non seulement c'est un très long voyage qu'ils entreprennent pour essayer d'enfin trouve run territoire de paix où ils peuvent vivre librement, mais ils vont en plus, se retrouver dans une vie qui est aux antipodes de ce qu'était la leur à Vienne. Entre les camps, les Etats-Unis et les nombreuses démarches fastidieuses pour tenter de fuir, ils vont se retrouver sur les terres de la République Dominicaine.    

        L'arrivée de ce périple permet de mettre en lumière une facette méconnue de la Seconde Guerre Mondiale (quand on croit connaître tout ou vraiment plein de choses sur cette période de l'histoire, on est encore surpris d'apprendre des nouvelles choses): la mise à disposition de terres par le général Trujillo, dictateur de l'Etat des Caraïbes, pour les immigrés juifs, afin que ces derniers apportent leurs savoir-faire pour développer cette région et en retirer des bénéfices. Sous ces espoirs capitalistes, se cache tout de même une belle opportunité et un lieu de secours pour les Juifs. Mais si cet endroit semble être de prime abord une sorte d'el dorado pour la famille qui peut enfin vivre dans la paix et loin des conflits, les auteurs décrivent tout de même avec précision les épreuves différentes qu'ils doivent traverser sur ces terres: la vie en communauté, la construction d'un kibboutz, les libertés individuelles, les nouvelles arrivées etc... La famille est rapidement attachante et c'est un plaisir de les suivre sur de très nombreuses années, même bien après la guerre pour savoir ce qu'ils sont devenus. Cette partie est peut-être un peu trop rapide mais force est de constater qu'au fur et à mesure que les enfants ont grandit et au sort de la guerre, en étant complétement bien installé, on se doute qu'il  n'y a plus eu grands évènements. Le scénario est tout temps captivant et l'immersion se fait donc naturellement. 

En bref:

        En découvrant ce récit par le biais cette adaptation en bande-dessinée, j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre le destin de cette riche famille viennoise obligée de fuir son pays durant la Seconde Guerre Mondiale. La fuite de la famille va mettre en lumière un déracinement profond, car entre les nombreuses démarches fastidieuses et les étapes non désirées dans les camps ou aux Etats-Unis, tout ce petit monde va se retrouver en République Dominicaine. L'arrivée de ce périple permet de soulever une facette méconnue de l'Histoire: celle de la mise à disposition de terres pour les immigrés juifs. Loin de cette idéalisation de cette terre promise, les auteurs décrivent avec précision les différentes épreuves que la famille à dû continuer de traverser. Le scénario est captivant et intéressant et l'immersion se fait naturellement pour (re)découvrir cette histoire surprenante, fondée sur des faits réels. 

mardi 23 février 2021

Vers le soleil (Julien Sandrel)




Nationalité de l’auteur: Française 
Editions Calmann-Lévy (24 Février 2021
264 pages
ISBN-10: 2702166377 
ISBN-13: 978-2702166376 
Genre: Contemporain
Lu le: 5 Février 2021
Ma note: 16/20 




Résumé/4ème de couverture:

14 août 2018. Tess part vers la Toscane, où elle doit rejoindre pour les vacances sa fille Sienna et l’oncle de celle-ci, Sacha. Mais alors qu’elle fait étape chez sa meilleure amie à Gênes, un effroyable grondement ébranle la maison, et tout s’écroule au-dessus d’elle. Une longue portion du pont de Gênes vient de s’effondrer, enfouissant toute la zone. Tess est portée disparue. Lorsque Sacha apprend la catastrophe, c’est tout leur univers commun qui vole en éclats. Tous leurs mensonges aussi. Car Sacha n’est pas vraiment l’oncle de cette petite fille de neuf ans : il est un acteur, engagé pour jouer ce rôle particulier quelques jours par mois, depuis trois ans. Un rôle qu’il n’a même plus l’impression de jouer tant il s’est attaché à Sienna et à sa mère. Alors que de dangereux secrets refont surface, Sacha sait qu’il n’a que quelques heures pour décider ce qu’il veut faire si Tess ne sort pas vivante des décombres : perdre pour toujours cette enfant avec laquelle il n’a aucun lien légal… ou écouter son coeur et s’enfuir avec elle pour de bon ? En attendant, il décide de cacher la vérité à la petite fille, et de la protéger coûte que coûte..

Mon avis:

    Aussitôt reçu (merci les éditions Calmann-Lévy pour la surprise!), aussitôt lu car j'attendais avec impatience le dernier livre de Julien Sandrel et avec "vers le soleil", l'auteur nous livre une fois de plus une histoire belle et poignante comme tous ses précédents livres. Cette fois-ci, l'œuvre de fiction s'inspire d'un évènement tragique réel et c'est sûrement cela qui fait toute la différence et qui en fait un récit très touchant. En plus de nous faire voyager en Italie, le titre évocateur de ce livre va se révéler dans plusieurs domaines. 

Points de vue/Critiques:

        Le résumé de 4ème de couverture est sans appel: l'histoire va être liée à la catastrophe de l'effondrement du pont de Gênes, en Italie, en 2019. Ce conteste m'a beaucoup étonné car c'est un sujet d'actualité que je n'avais encore jamais rencontré ou que l'on avait pas encore évoqué dans la littérature. Et apporter un événement réel dans une histoire fictive crée tout de suite une sorte d'intimité, un certain lien. 

        Les liens familiaux ont une nouvelle fois leur importance dans cette histoire. Tess est une mère dévouée pour sa fille Sienna et malgré un passé compliqué et douloureux que l'on devine dés le début, qui sera progressivement dévoilé et duquel découlera pas mal de tenants et aboutissants, elle cherche toujours le meilleur pour sa fille, pour la protéger, quitte à lui mentir. C'est ainsi que "oncle" Sacha va entrer dans leur vie. On notera qu'ajouter un faux oncle au scénario et pas le tant attendu et trop souvent vu faux petit-ami est un peu plus original. La relation entre Sacha et Sienna est très belle et j'ai particulièrement aimé voir l'évolution de la personnalité de Sacha entre le moment où il vit sa vie librement sans aucune attache bien avant la rencontre de Tess et de sa fille et le moment où les choses vont faire qu'il ne peut plus envisager sa vie sans cette petite fille à ses côtés. Même si elle est rapide, à l'image du rythme rapide du récit, cette évolution est bien perceptible, ce qui fait de Sacha, le personnage le plus attachant de cette histoire. 

    Comme je le disais, le rythme de l'histoire est rapide. Les évènements s'enchaînent vite, il se passe beaucoup de choses en peu de temps mais ce n'est pas dérangeant. En effet, entre les enjeux personnels et familiaux et la catastrophe en elle-même qui implique de suivre de temps en temps Tess dans les décombres, on ressent une sorte d'urgence à lire la suite ce qui crée un page-turner, renforcé par une mise en page très aérée et une plume très fluide à lire. 

En bref:

        Le nouveau livre de Julien Sandrel "Vers le soleil", possède un titre évocateur par bien des aspects. En effet, en plus de nous emmener en voyage au cœur de l'Italie, cette histoire fictive inspirée d'un évènements réel et tragique, va mettre en avant l'importance des liens familiaux et surtout que ce n'est pas le sang qui forme une famille, mais l'amour, qui peut également permettre de sortir la tête de l'eau lorsque l'on se retrouve enseveli sous de multiples choses… C'est une histoire poignante dans laquelle l'évolution de la personnalité de Sacha ainsi que la relation entre la petite fille et son oncle sont très belles. Avec des évènements qui s'enchaînent rapidement et qui créent un petit suspense, le rythme du récit est soutenu ce qui donne envie de tourner les pages. Encore un beau roman de l'auteur qui allie poésie, force, voyage et actualités d'une jolie façon. 

mercredi 17 février 2021

L'émouvante et singulière histoire du dernier des lecteurs (Daniel Fohr)





Nationalité de l’auteur:
Française 
Editions Slatkine et Cie (28 Janvier 2021
150 pages
ISBN-10: 2889441733 
ISBN-13: 978-2889441730 
Genre: Essai
Lu le: 2 Février 2021
Ma note: 15/20 



Résumé/4ème de couverture:

2021 : 85% des lecteurssont des lectrices.

Sans qu'on puisse l'expliquer, jour après jour, l'écart continue de se creuser et une projection raisonnable permet même d'affirmer que les lecteurs masculins auront totalement disparus en 2046. Peut-être avant.

Ce roman racontel'histoire du dernier homme qui lisait. 

Comment a-t-il vécu cette situation inédite, seul au milieu des femmes qui le comprennent encore et partagent sa passion ? Son destin est-il une impasse et saura-t-il renverser la situation ? Qu'en dissent les autres hommes ? 

Un roman-manifeste, aussi drôle qu'inquiétant, que les femmes devraient faire lire d'urgence aux hommes avant qu'il soit trop tard.

Mon avis:

        Difficile de catégoriser ce petit livre, mais avec son titre accrocheur qui tient toutes ses promesses, il permet de se distraire et surtout de mettre en lumière certaines bonnes réflexions. Ce roman d'anticipation pourrait tout aussi bien emprunter le chemin des nombreux essais féministe du moment, même si l'histoire proposée est finalement l'inverse, les réflexions et les conclusions qui s'imposent restent les mêmes.

Points de vue/Critiques:

        Dans ce roman d'anticipation, Daniel Fohr imagine ce qui se passe pour un homme qui est recensé comme le tout dernier lecteur du monde. Très dystopique me direz-vous, mais si ce roman était visionnaire? Car il faut bien l'avouer et simplement le constater, la lecture est un domaine très féminisé. Et il n'y a qu'à voir tout ce qui englobe la lecture: les librairies, les bibliothèques, les bloggeurs, les membres des maisons d'édition, dans lesquels on retrouve majoritairement des femmes. On pourrait se dire que c'est bien, enfin un domaine non écrasé par une dominance masculine, qu'il faut en profiter et le revendiquer, mais évidemment que non! Et c'est là que l'auteur arrive parfaitement à nous montrer qu'un tel schéma "extrémiste" n'est bon pour personne, que l'on n'imagine pas toutes les répercussions qu'une exclusivité de genre sur un domaine engendre et qu'il faut tout simplement avoir une mixité juste.

        Pour nous montrer tout cela, l'auteur joue très bien la carte de l'humour. Par le biais de petits exemples vifs et percutants, avec une bonne dose d'humour, la réflexion se fait d'autant plus vite et est marquante. Il y a certes parfois des clichés (comme homme = barbecue) mais face à cette situation de toute dernier lecteur imaginé par l'auteur qui veut avant tout faire jaillir notre réflexion, cela doit être également pris au second degré. Que se soit la question du genre littéraire, la personne qui écrit les romans, ou encore le public visé, la question du genre dans les livres est bien travaillée et cette simple question de genrer la littérature à tous points de vue est la base même de cette histoire qui pousse notre questionnement parfois loin et parfois sur des choses que l'on aurait pas imaginé. Le tout est truffé d'allusions littéraires qui ne sont pas pour nous déplaire et montre ainsi toute la passion de l'auteur pour la littérature. Par rapport au titre du livre, je n'ai pas retrouvé cette consonance émouvante, mais la singularité est entièrement là elle!

En bref:

        Avec son drôle de titre accrocheur, ce livre ne peut que susciter l'intérêt des lecteurs tous genres confondus. Dans ce roman d'anticipation, Daniel Fohr imagine ce qui se passerait s'il ne restait qu'un seul homme lecteur au monde, le domaine des livres et de la lecture ayant été totalement renversé par les femmes. Et si ce roman était visionnaire? Quoiqu'il en soit, c'est en partant de ce principe et avec beaucoup d'humour que l'auteur va imaginer tout ce qu'un tel basculement extrême va entraîner. Si certaines situations paraissent loufoques, c'est pour mieux cibler le côté introspectif et pousser assez loin notre réflexion. Avec de nombreuses allusions littéraires qui ne sont pas pour nous déplaire, ce roman-manifeste pourrait être dans la lignée du féminisme, mais en mettant en lumière son exact et tout aussi intéressant opposé!

mardi 16 février 2021

Rien ne t'efface (Michel Bussi)





Nationalité de l’auteur:
Française 
Editions Presses de la Cité (4 Février 2021
456 pages
ISBN-10: 2258195306 
ISBN-13: 978-2258195301 
Genre: Thriller
Lu le: 31 Janvier 2021
Ma note: 17/20 



Résumé/4ème de couverture:

2010. Maddi est médecin généraliste à Saint-Jean-de-Luz, une vie comblée avec Esteban, son fils de 10 ans. Ce jour d'été là, elle le laisse quelques minutes seul sur la plage. Quand elle revient, Esteban a disparu. 

2020. Maddi a refait sa vie, et revient sur cette plage en pèlerinage. Au bord de l'eau, un enfant est là. Même maillot de bain, même taille, même corpulence, même coupe de cheveux. Elle s'approche. Le temps se fige. C'est Esteban, ou son jumeau parfait. Maddi n'a plus qu'une obsession, savoir qui est cet enfant. Il s'appelle Tom, il vit à Murol en Auvergne. Elle prend la décision de s'y installer. Plus Maddi espionne Tom, et plus les ressemblances avec Esteban paraissent inexplicables : mêmes passions, mêmes peurs... même tache de naissance. 

Jusqu'où sera-t-elle prête à aller pour découvrir la vérité, et sauver son enfant ? Ou ce garçon qui lui ressemble tant. Ce qu'elle ressent profondément, c'est que Tom est en danger. Et qu'elle seule peut le protéger. 

Mon avis:

        Une des parutions annuelles les plus attendues, c'est bien sûr le dernier livre de Michel Bussi et je remercie les éditions Presses de la Cité pour m'avoir une nouvelle fois permis de découvrir ce livre en avant-première. Et dés la fin d'année dernière, dés que j'ai eu connaissance du titre de ce livre, je n'ai pas arrêtée d'avoir la chanson en tête… Bref, si les derniers livres de l'auteur étaient très bons, "Rien ne t'efface" renoue avec le magistral twist final que l'on avait pas vu venir et qui nous vrille le cerveau. A tel point que j'en ai été personnellement énervée d'avoir été si superbement bernée. C'est donc un livre qui me marquera très longtemps, comme peut l'être "Nymphéas noirs".

Points de vue/Critiques:

        Dés les premiers fondements de l'histoire, on plonge dans les interrogations, les doutes et presque l'irréel. En effet, après la disparition de son fils, Maddi le revoit, au même endroit, dans les mêmes vêtements, avec un physique identique (taille, corpulence, cheveux) et avec même la tâche de naissance identique… mais 10 ans plus tard. Malgré ce flagrant illogisme temporel, le récit nous prouve petit à petit que les deux enfants semblent bien être une seule et même personne. Notre esprit est donc parfaitement embrouillé tout en étant logique et en s'interrogeant. L'auteur nous incite d'ailleurs, par le biais de Maddi qui est une personne très rationnelle et qui ne comprend pas non plus comment tout ceci est possible, vers la piste de la réincarnation. Et même en étant très cartésien et en ne croyant pas du tout à ce phénomène, l'auteur réussi finalement et bien sournoisement à nous mener vers cette piste, qui semble être la seule justification possible expliquant tout cela. Et c'est là une des prouesses de l'auteur, à nous mener doucement et logiquement vers des sentiers que l'on aurait pas empruntés, car tous les autres semblent être des voies sans issues.

        Et évidement, la plus grande force et prouesse de l'auteur, c'est de manier à la perfection ce fameux twist! Car oui, je me suis laissée totalement bernée, j'ai tout gobé et je me suis fait avoir comme une bleue. J'ai bien sûr suspecté untel ou untel, mais pour mettre précisément le doigt sur le truc… Quoiqu'il en soit, au moment de cette révélation, j'ai tellement été dupée et fourvoyée et la surprise était tellement grande que j'ai eu du mal à croire à cette supercherie, limite énervée à me dire "mais c'est pas possible" et à repartir dans les pages du début pour essayer de voir si l'auteur n'avait pas commit une faute, ce qui expliquerait ce que l'esprit du lecteur déduit… Mais que nenni!!

        Jusqu'à l'obtention de ce twist final, le récit reste toujours très dynamique puisqu'il y a beaucoup de rythme, de rebondissements, de fausses pistes, de nouvelles hypothèses etc... Il est donc très difficile de lâcher ce roman, et le fait d'être pris dans cette frénésie où l'on a pas vraiment le temps de se poser, d'analyser et d'émettre des hypothèses qui tiennent la route, fait en sorte d'accentuer l'effet explosif de la révélation finale. Je noterais tout de même que la plume m'a parfois parue trop simple et simpliste dans les constructions de phrases. On a vu des choses plus abouties si l'on continue de comparer avec "Nymphéas noirs"...

En bref:

        Une nouvelle fois sur le thème de la maternité, Michel Bussi nous propose avec "Rien ne t'efface" un thriller diaboliquement efficace! En effet, comme il sait très bien le faire, il prend rapidement le lecteur dans une spirale d'interrogations et d'incompréhensions pour le mener à emprunter doucement et logiquement des chemins vers lesquels il ne se serait pas diriger. Mais la plus grande prouesse de l'auteur est bien sur dans le maniement parfait du twist final! Ce dernier vous fait vriller le cerveau. On se laisse progressivement et superbement berner et l'on se retrouve totalement duper à la fin. C'est magistral et limite énervant! Le récit reste très rythmé avec des rebondissements, des hypothèses qui vont et viennent, du suspense qui monte crescendo et une tension permanente pour arriver à ce twist virtuose et assommant.

lundi 15 février 2021

L'hiver de Solveig (Reine Andrieu)





Nationalité de l’auteur:
Française 
Editions Préludes (10 Février 2021) 
448 pages
ISBN-10: 2264074051 
ISBN-13: 978-2264074058 
Genre: Historique
Lu le: 28 Janvier 2021
Ma note: 15/20 



Résumé/4ème de couverture:

Été 1940. Dans la France occupée par les Allemands, les habitants sont contraints de donner gîte et couvert à l’ennemi. À Lignon, paisible bourg du Bordelais, les Lenoir, une famille de notables, doivent héberger Günter Kohler. Passée sa répulsion première, Noémie, la jeune épouse, éprouve une violente attirance pour l'adjudant qui vit désormais sous leur toit.


Printemps 1946. La guerre est terminée, mais elle a laissé derrière elle son lot de malheurs, et de nombreux déplacés. Parmi eux, une fillette, retrouvée assise sur un banc, dans un village non loin de Bordeaux. Qui est-elle ? d’où vient-elle ? et pourquoi semble-t-elle avoir tout oublié ? Justin, un gendarme de vingt-quatre ans, décide de la prendre sous son aile et de percer le mystère qui l’entoure.
 

Mon avis:

        Merci beaucoup à Maud, des éditions Préludes, pour m'avoir proposé de découvrir le nouveau gagnant du Prix du premier roman Kobo by Fnac. Avec sa couverture qui montre un domaine et qui n'est pas sans rappeler une ambiance à la Downtown Abbey, ce roman historique m'a aussi beaucoup plu par son résumé qui nous entraine sur deux époques pas très éloignées afin de remonter le passé et se plonger en plein cœur de la Seconde Guerre Mondiale, entre résistance et contraintes. Malgré quelques petits déséquilibres mineurs, c'est un très bon premier roman et l'on passe un bon moment, que j'ai partagé avec Marie (les lectures de Knut) suite à une lecture commune improvisée sur le tard.

Points de vue/Critiques:

        Dans ce roman, plusieurs personnages vont être le narrateur de cette histoire et vont alternés les chapitres. On a donc un roman chorale entamé par Solveig que l'on retrouve de nos jours et qui va nous prendre par la main afin de remonter dans le passé et connaître les début de sa vie, à travers sa famille, durant la Seconde Guerre Mondiale. C'est le genre de construction qui fonctionne parfaitement et qui crée un rythme parfait. La seule petite chose qui m'a interpelé est le fait que chacun des personnages utilise la première personne. Même si c'est un roman chorale, on a plutôt l'habitude d'avoir un seul personnage qui s'exprime avec le "je" (en général, le personnage vraiment central, d'où part l'histoire, en l'occurance Solveig pour ce livre) et pour les autres, on a une retrasncription indirecte. Cette figure de style n'est pas dérangeante en soi, mais elle m'a suffisament interpelée pour que je mette le doigt dessus et a sûrement fait en sorte que je ne me suis pas attachée plus à Solveig qu'aux autres personnages.

        L'histoire ne va pas nous emmener au coeur du conflit en lui-même, avec les champs de batailles, les affrontements, les morts etc... Tout ceci n'apparaît qu'indirectement puisque l'on va surtout suivre la vie quotidienne de la famille Lenoir, vivant à Bordeaux. C'est à travers tous les membres de la famille, y compris le personnel de maison (le jardinier, la domestique, la cuisinière) que tous les élèments de la guerre vont se refléter. On va ainsi aborder le thème de la réquisition des domiciles par les Allemands, la résistance avec les moyens mis en oeuvre, les attitudes à adopter face à quiconque qui sont difficiles à opter pour ne pas marquer clairement sa position d'un côté ou de l'autre au risque de représensailles, la lutte et les stratégies mises en place pour pouvoir continuer à se nourrir, l'entraide et la solidarité à ne pas ouvertement afficher ou encore la fuite des Juifs. Beaucoup de choses sont donc abordés, et elles sont faites avec beaucoup de nuances. J'ai beaucoup aimé cette subtilité dans tous les domaines qui apportent de la crédibilité et qui touchent d'autant plus. Car dans un tel contexte, tout n'est pas blanc ou noir. Quelque soit sa situation, de quel côté où l'on se trouve ou qu'importe ses idéaux, un tel drame ne permet pas aux gens d'être toujours linéaire, face à ce que chacun endure chaque jour ou face à ce que la guerre place sur votre chemin. La présence du personnage de Günter Kohler incarne d'ailleurs trés bien cette nuance et placer cet Allemand au centre du récit comme tous les autres personnages est une trés bonne idée qui permet de varier et nuancer les points de vues. Et le reflet de ce qui se passe à l'exterieur, au coeur du conflit, sur les Lenoir est trés bien retransposé et est tout aussi moche, brutal et cruel que si le récit se déroulait sur le front.

        Dés les premières pages, le récit avance trés rapidement, ce qui m'a beaucoup plu et m'a surprise. La romance, qui n'est pas une surprise, entre l'Allemand et Noémie Lenoir est donc rapidement acté et cette avancée rapide permet non seulement de rentrer et d'être happé immédiatement par l'histoire, mais elle permet en plus de créer une sorte de frénésie halentante remplie d'interrogations car l'on se questionne sur tout ce qui peut arriver dans les nombreuses pages qu'il reste! Après ce début sur les chapeaux de roue, on notera un déséquilibre dans le rythme, puisqu'une sorte de lenteur s'installe dans le tiers suivant du roman, jusqu'à ce que des évènements arrivent et bouleversent la vie des Lenoir. Un petit déséquilibre est également présent dans la construction des chapitres chorale puisqu'après avoir eu un chapitre particulier sur un certain point de vue, qui met en haleine et aiguise parfaitement le lecteur, on ne retrouve plus du tout ce personnage... Dommage que ce procédé n'est pas été réguliérement gardé, ce qui aurait permis d'avoir moins de pages "explications finales" au terme du roman. Sur le même principe j'aurais aimé que les chapitres du passé soient  entrecoupés de temps en temps par Solveig, la vielle dame qui nous a introduit son histoire. 

En bref:

        Le prix du premier roman Kobo by Fnac a une nouvelle fois fait mouche en récompensant "L"hiver de Solveig" de Reine Andrieu car l'autrice livre un très bon livre. Dans ce roman chorale, on va plonger au coeur de la Seconde Guerre Mondiale, non pas au coeur des conflits et des batailles, mais dans la vie quotidienne bouleversée d'une famille. De nombreuses choses se retranscrivent sur l'ensemble de la famille et du personnel de maison et elles sont parfaitement bien retransposées pour nous montrer que l'horreur et les drames de "l'extérieur" se reflétent irrémédiablement aussi sur l'ensemble de la population. Toute l'histoire et les faits sont abordés avec beaucoup de nuances ce qui est d'autant plus juste, crédible et touchant , ce qui en fait la vraie force de ce récit. On notera quelques petits déséquilibres dans la construction et dans le rythme mais rien qui n'entache ce livre pour en faire une bonne lecture!