Nationalité de l’auteur: Française
Éditions de la Martinière (4 Avril 2025)
368 pages
ISBN-13: 979-1040117018
Genre: Policier
Lu le: 1er Avril 2025
Ma note: 15/20
Résumé/4ème de couverture:
Comme un papillon : épinglé au mur.
Mathieu Ezcurra n’avait jamais douté de lui. De ses actes. De sa légitimité. De son mariage. Jusqu’au jour où il est arrêté pour viol, les menottes passées devant l’école de ses enfants. C’est le début d’un vertige sans fin pour cet homme qui ne savait pas qu’il pouvait tomber.
Autour de lui, les voix des femmes qui croisent sa trajectoire. Son épouse qui décide que c’est la fois de trop. La psychologue experte auprès de la Cour d’Appel, qui l’invite à remonter aux origines de la faille. Et puis cette femme dont on ignore l’identité, mais dont la vie a été percutée par celle de Mathieu, et qui ne s’en est jamais remise.
Un roman noir cinglant, qui montre toutes les facettes d’une même histoire, avec une humanité dérangeante et vraie. Jusqu'au dénouement, intense, inattendu.
Mon avis:
C'est afin de rencontrer l'auteur à Quai du Polar que je découvre celui-ci. Cet ancien haut fonctionnaire et ancien directeur de la BRI a plusieurs romans a son actif et "Comme un papillon" est plutôt un roman noir qui met en scène certains sujets sociétaux actuels. Le récit va en effet s'intéresser aux violences sexuelles faites aux femmes. Et comme un papillon épinglé sur un mur, le personnage principal, Mathieu, qui est l'image de l'homme, père et mari parfait, va également se retrouvé épinglé au mur après qu'une femme l'accuse de viol. A partir de ce moment, c'est une vraie machine judiciaire qui s'enclenche, alimentée par la parole libérée de plusieurs femmes. L'auteur nous plonge ainsi dans la tête d'un Monsieur-Tout-Le-Monde qui ne s'est jamais interrogé sur le consentement et qui se retrouve rattraper par la vérité et par cette libération de la parole féminine actuelle qui permet de faire enfin justice. L'auteur donne également la paroles à plusieurs femmes et selon les point de vue de chacun, il est vrai que l'auteur nous fait parfois douté des dires et de la culpabilité ou innocence de chacun. Il a réussi à me surprendre en fin de roman. Avec une écriture extrêmement factuelle qui manque de matière et d'émotions, ce roman noir sociétal ne délivre pas de morale mais expose une certaine dynamique sociale changeante dans un relatif patriarcat.
Merci aux éditions de La Martinière pour l'envoi de ce livre!
Points de vue/Critiques:
L'histoire nous entraine à la découverte de Mathieu Ezcurra, un professeur d'université, bel homme, marié, et bien sous tout rapport.... même s'il trompe régulièrement sa femme avec différentes conquêtes qu'il enchaîne grâce aux sites de rencontres. Mais cet archétype du Monsieur-Tout-Le-Monde prend un sacré coup de l'aile quand il voit sa vie basculer du jour au lendemain quand une de ses maîtresses l'accuse de viol. Sa femme le quitte, son monde bascule, et la machine judiciaire est lancée avec la nécessité de consulter une experte psychiatrique. Comme un papillon pouvant se retrouver épingler au mur, c'est Mathieu qui se retrouve très vite épingler au mur de la société. Ce personnage est construit sur l'image de ces hommes qui sont des prédateurs sexuels et qui n'ont pas conscience de l'être car ils ne se sont jamais interrogé sur la notion de consentement, qui leur est implicite et qu'ils confondent avec le plaisir. Car cette incarnation de ce semblant d'idéal masculin que la société a longtemps véhiculé et accepté n'est aujourd'hui heureusement plus de mise. L'auteur illustre ainsi cette notion de légitimé car avec un tel individu comme Mathieu qui ne dégage rien qui pourrait penser à cette attitude de prédateur, on pourrait vraiment se questionner. J'ai moi-même douter sur la culpabilité ou l'innocence de Mathieu.
Si le roman nous plonge principalement dans la psyché de Mathieu, certains chapitres donnent également la paroles aux différentes femmes : victime, épouse, psychologue. Leurs points de vue permet également d'alimenter le doute mais elle permet surtout de libérer la paroles de toutes les femmes, quelque soit la vision qu'elle ont de Mathieu. Elles permettent de mettre en lumière les différents aspects du système patriarcal entre les silences éducatifs, les codes sociétaux et les tabous familiaux. A travers elles, l'auteur essaie aussi de décortiquer qu'elles pourraient être les racines de ce mal. Il n'y a évidemment aucune excuses recherchées, mais juste l'exposition de tous les éléments imbriqués qui constitue un tel fléau qui tend à être dénoncé. Avec le personnage de la psychologue, l'auteur a su me surprendre. Pris dans les dérives de Mathieu qui devient de plus en plus insistant, on ne se doute pas que tout le monde est finalement bien manipulé. J'ai beaucoup aimé cette surprise. En revanche, je n'ai pas été du tout fan de la plume de l'auteur qui est très factuelle, d'une sobriété glaçante. On ne trouve aucune phrase un tant soit peu longue et complexe : tout est fait pour que l'on aille directement dans la froideur et dans la violence, en faisant une économie de mot. Sans doute cela accentue la tension narrative et renforce la noirceur, mais ce manque total d'émotions véhiculée créer une certaine barrière avec le lecteur.
En bref:
Dans ce roman noir sociétal, Christophe Molmy met en scène certains sujets sociétaux actuels en s'intéressant notamment aux violences sexuelles faites aux femmes et en illustrant la notion de consentement avec tous les éléments complexes et imbriqués qui constituent un tel fléau. C'est avec Mathieu, un archétype du Monsieur-Tout-Le-Monde que le récit se construit et qu'il permet de mettre en lumière une première vérité : ce semblant de normalité avec ce personnage qui pourrait être n'importe qui. Ce personnage est construit sur l'image de ces hommes qui sont des prédateurs sexuels, qui n'ont pas conscience de l'être car ils ne se sont jamais interrogé sur la notion de consentement, qui leur est implicite et qu'ils confondent avec le plaisir. L'auteur nous plonge ainsi dans sa tête et nous fait parfois douter de sa culpabilité. Car la parole et aussi donné à plusieurs femmes : victime, épouse, psychologue, qui permettent de mettre en lumière les différents aspects du système patriarcal entre les silences éducatifs, les codes sociétaux, les tabous familiaux et d'interroger sur les racines du mal. Sans chercher à excuser, disculper ou faire la morale, l'auteur nous questionne sur la notion du consentement, sur l'impunité culturelle, sur les limites floues de la domination masculine et sur la libération de la paroles des femmes. Cette histoire illustre les changements sociétaux et patriarcaux actuels. C'est avec une plume très factuelle, d'une sobriété glaçante et sans émotions véhiculées que la narration s'effectue et si je n'ai pas été fan de cette écriture, j'ai été surprise par la manipulation mise en place et par le final de cette histoire.
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