Titre original: Duelo
Traduction: David Fauquemberg
Nationalité de l’auteur: Guatemaltéque
Editions Le Livre de Poche (15 Janvier 2020)
Collection Biblio
numéro 35616
112 pages
ISBN-13: 9782253237730
Genre: Contemporain
Lu le: 9 Mai 2020
Ma
note: 15/20
Résumé/4ème de couverture:
« Il
s’appelait Salomón. Il est mort à l’âge de cinq ans, noyé dans le lac
d’Amatitlán. C’est ce qu’on me racontait, enfant, au Guatemala. »
Le
narrateur éponyme d’Eduardo Halfon voyage au Guatemala à la recherche de
secrets qui le hantent. Il tente de démêler le vrai du faux parmi les histoires
contradictoires et interdites de la famille de son père. Et plus
particulièrement l’histoire de son oncle Salomón qui s’était noyé, enfant, dans
le lac Amatitlán. De quoi Salomón est-il vraiment mort ? Plus il avance, plus
le narrateur comprend que la vérité réside dans son propre passé enfoui, dans
la brutalité du Guatemala des années 1970 et son exil en Floride.
Un
roman profond et émouvant, qui appuie la réputation de son auteur, un de ces
écrivains qui savent dire beaucoup en peu de mots.
Mon avis:
On continue les découvertes avec
cette fois-ci un auteur guatémaltèque
dans le cadre du prix des Lecteurs Livre
de Poche 2020 dans la catégorie Littérature. Pour le mois de Mai,
« Deuils » de Eduardo Halfon est un tout petit livre de 100 pages,
dans lequel l’auteur revient brièvement sur sa petite enquête personnelle à
propos de sa famille. Avec une très
jolie plume, belle et entraînante, nous suivons avec plaisir ces recherches
dans le passé, vers la vérité. Dommage que se soit trop court une centaine de
pages supplémentaires pour mieux poser et développer le tout auraient été le
bienvenue.
Points de vue/Critiques:
Avec un titre pas vraiment avenant,
et avoir ce mot « deuil » au pluriel n’inaugure rien de bien
réjouissant. Et pourtant, aucune
atmosphère lourde et pesante ne se dégage de récit, qui s’avère être tout
simplement le récit de vie de l’auteur qui effectue des recherches afin de
lever le voile sur le passé de sa famille.
Sans réelle
construction et sans chapitre, le récit s’inscrit dans une narration continue où l’auteur enchaîne les événements de sa vie
actuelle avec les souvenirs de sa vie passée soulevés en fonction de ce qu’il
est en train de vivre. On va de l’un à l’autre, entre intimité et narration
plus factuelle, avec fluidité et surtout avec clarté.
Sans vraiment savoir pourquoi (ou
peut-être est-ce moi qui ne m’en rappelle plus), l’auteur, arrivé sûrement à un
âge de raison et de maturité, entreprend de lever le voile sur sa famille et
notamment sur la disparition de son oncle Salomón, dont il a toujours
entendu dire qu’il s’était noyé. Mais rapidement, en posant de simples
questions, il semblerait que les évènements étaient tout autre. Dés lors,
l’écrivain s’interroge sur la mémoire et
sur l’enfance. Qu’en est-il vraiment de nos souvenirs d’enfance? Sont-ils
réels ou sont-ils conditionnés par les paroles des adultes? Quelle crédibilité
donnée aux souvenirs d’un enfant? L’auteur pointe parfaitement le fait que les
adultes ne se rendent pas forcément compte de ce qu’ils peuvent transmettre à
la génération suivante, de l’importance de leurs paroles lorsqu’ils imaginent
qu’un enfant les oubliera ou qu’il en tiendra pas compte de certaines choses.
Or, un enfant peut être une véritable éponge, qui déteint à l’âge adulte.
Ainsi, il y a une sorte de petit suspense dans la quête d’Eduardo
Halfon. Y a-t-il réellement un secret de famille? Est-ce seulement des
souvenirs faussés? Qu’y a-t-il de concret dans toute cette histoire? On va le
suivre pas à pas dans ce cheminement et à force d’interroger le passé, les
pièces du puzzle se mettent rapidement en place. Il est vrai qu’il ne s’agit
pas vraiment d’un puzzle complexe, mais c’est seulement en dépoussiérant le
passé et les souvenirs, en posant des questions aux bonnes personnes et en
osant affronter ses convictions que le voile peut se lever.
Le texte est très court, un peu trop peut-être. On aimerait que certaines choses
soient plus développées. Et c’est surtout grâce à la plume de l’auteur qui fait
que l’on se sent bien dans cette histoire que l’on aimerait ne pas quitter si
tôt. En effet, douce, fluide et très poétique, les phrases s’enchaînent
rapidement avec ravissement.
En bref:
Dans
un texte très court, que l’on aimerait d’ailleurs un peu plus long pour mieux
apprécier la plume douce et poétique de l’auteur et pour mieux développer
certains aspects, Eduardo Halfon nous présente un récit très intimiste. Sous
forme d’une petite enquête présentant son petit suspense, l’auteur remonte dans
son passé familial afin de lever le voile sur la disparition de son oncle
Salomon. Cette quête pour percer ce secret de famille va permettre de soulever
différentes questions en ce qui concerne l’héritage familial, la qualité et la
crédibilité des souvenirs d’enfance ou encore l’impact de ces derniers à l’âge
adulte. Un très joli récit et une belle découverte d’un auteur
guatémaltèque.
Autour du livre:
Fait parti de la sélection du mois de mai pour le Prix des Lecteurs
Livre de Poche 2020
Prix du meilleur livre étranger Sofitel 2018
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