Scénario et Illustrations: Fred Dewilde
Nationalité des auteurs: Française
Editions Lemieux (21 Octobre 2016)
48 pages
ISBN-10: 2373440814
ISBN-13: 978-2373440812
Genre: Bande-dessinée
Lu le: 19 Novembre 2017
Ma
note: 18/20
L’histoire:
Deux mains qui se tiennent du bout
des doigts dans la pénombre. Baignant dans le sang des autres, Fred et celle
qu'il prénomme Elisa. Nous sommes le 13 novembre 2015, dans la fosse du
Bataclan. Ils étaient venus pour le concert des Eagles of Death Metal, mais
l'ambiance bascule soudainement dans une tragédie historique. Deux heures
durant, leur vie ne tient qu'à un fil. Fred s'emploie à réconforter sa jeune
voisine blessée à la jambe. Le récit de l'après-attentat témoigne de façon
bouleversante, mais toujours digne, de sa vie en mille morceaux qu'il lui faut
reconstituer comme un puzzle. Durant des mois, Fred a l'impression étouffante
d'être encore prisonnier du Bataclan. Graphiste professionnel, il reprend peu à
peu le crayon et le fil de ses idées. Il raconte ses amis rescapés, les
réactions de sa famille, l'indicible, ses phobies et ses sentiments intimes de
survivant, ses relations avec la police, la justice et sa psy, le jour où il a
été reconnu victime, son retour difficile au travail, son enfance en banlieue
sensible et le mouvement salafiste, sa tolérance, ses convictions politiques et
ses passions rock. Fred Dewilde avec son envie de dessiner, de témoigner et de
faire récit, démontre aussi que l'on peut résister à l'horreur, et sortir
définitivement du Bataclan.
Mon avis:
Lorsque l’on a entre les mains un
ouvrage intitulé « Mon
bataclan », pas besoin d’être sorti de la cuisse de Jupiter pour
savoir quel est le sujet et que cela va être dur. Autant comme,
malheureusement, je n’avais pas réussi à ressentir d’émotions fortes et à
m’imprégner du témoignage d’Antoine Leiris dans « Vous n’aurez pas ma haine », autant dans cette
bande-dessinée, tout m’a émotionnellement
frappé.
Points de vue - Critiques:
En plus d’être
profondément touchée par cette lecture, j’ai particulièrement aimé sa construction, à la fois bande-dessinée et roman-témoignage. La
partie bande-dessinée est très courte et est littéralement une reconstitution,
vue de l’intérieur, de l’assaut des terroristes faisant leur carnage. Ainsi, au
travers des dessins, c’est sur l’horreur du moment que l’on se concentre
vraiment. L’auteur n’a aucune langue de bois, tout y est décrit et dessiné,
tels que chaque fait s’est déroulé, même les plus horribles (comme les morceaux
de chairs atterrissant sur des corps alors qu’ils manquent sur d’autres…) dans
cet océan d’horreur.
Puis les pages
de texte viennent en fin d’ouvrage et sont au final majoritaires. L’auteur
s’attarde sur les événements le conduisant au Bataclan, sur ses pensées lors du
basculement dans l’horreur, sur les membres de sa famille, sur sa sortie du
Bataclan assez rapide, précipitée et de façon hagarde et bien sûr, il revient
longuement sur sa vie d’après. En ressort-t-on vraiment vivant? Quelles sont
les séquelles à plus ou moins termes, comment vivre en ayant sans cesse ce vécu
traumatisant? De façon succincte mais terriblement percutante, l’auteur répond
à tout, sans jamais généraliser, émettre de jugement ou sans jamais faire
d’amalgames. Il nous offre ainsi un véritable panel de la vie d’un
survivant.
En bref:
Dessiner
des images qui demeurent insupportables en mémoire et poser et mettre des mots
sur tous les ressentiments qui se résultent est littéralement une forme de
thérapie pour Fred Dewilde. Il nous offre ici un véritable concentré d’émotions
et d’informations fortes, un témoignage bouleversant et réel au coeur de
l'horreur.
Autour du livre:
- Livre emprunté à la bibliothèque
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire