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lundi 21 octobre 2019

La petite fille sur la banquise (Adelaïde Bon)






Nationalité de l’auteur: Française
Editions Le Livre de Poche (6 Mars 2019)
numéro 35340
256 pages
ISBN-10: 2253257575
ISBN-13: 978-2253257578
Genre: Témoignage
Lu le: 4 Octobre 2019
Ma note: 16/20



Résumé/4ème de couverture:

« Elle ne sent pas les méduses s’immiscer en elle ce jour-là, elle ne sait pas qu’elles vont la déporter de sa route, l’attirer vers des profondeurs désertes et inhospitalières, entraver jusqu’au moindre de ses pas, la faire douter de ses poings, rétrécir année après année le monde qui l’entoure à une poche d’air sans issue.
Personne ne la prévient, personne ne lui explique, le monde s’est tu. »
Quand ses parents trouvent Adélaïde muette et en pleurs, elle ignore ce qui lui est arrivé. Ils l’emmènent au commissariat et portent plainte contre X pour attouchements sexuels. Elle grandit sans rien laisser paraître, le sourire aux lèvres. Des années de souffrance et de solitude, à se battre contre les méduses.
Vingt-trois ans après, elle reçoit un appel de la brigade des mineurs. Un suspect a été arrêté. Tout s’accélère.

Mon avis:

            Je découvre totalement cette histoire grâce au prix des lecteurs Livre de Poche 2019 car « La petite fille sur la banquise » a obtenu ce prix dans la catégorie Essais/Documents. Enfin, cette histoire, je devrais plutôt dire ce témoignage car c’est l’autrice elle-même qui raconte et qui nous confie ce qu’elle a vécu toute petite, cette contamination perfide, sournoise et presque cachée qui lui a gâché la vie pendant vingt-trois ans. Sans savoir au préalable à quoi fait référence ces fameuses méduses, il n’est pas difficile de deviner. Dés lors, on sait que ce témoignage sera extrêmement bouleversant et on ne ressort pas de cette lecture totalement indemne. 

Points de vue/Critiques:

            Adelaïde Bon nous livre ici un témoignage tellement fort, douloureux et poignant qu’il faut avant toute chose souligner le courage et la force que l’autrice a trouvé pour nous raconter son enfance brisée due à cette agression. Traumatisée par cette dernière, on suit page après page, les conséquences physiques et psychologiques qui se sont répercutées sur elle, sur son quotidien et sur sa manière d’être. Et puisque cet évènement a était spontanément refoulé par son esprit, on prend vraiment conscience du pouvoir que le cerveau peut avoir: capable d’effacer et d’occulter un tel évènement car considéré comme beaucoup trop traumatisant pour continuer de vivre et pour préserver les fonctions cérébrales normales. Mais ce coup de gomme du cerveau n’est pas sans conséquences, car si cela permet de préserver un certain état physique, l’inconscience lui est toujours en fonctionnement et se répercute tout de même au niveau du comportement: mal-être, interrogations, thérapies en tout genre. Dés lors, et l’autrice le fait bien savoir, il est aisé et nécessaire d’être suivie et faire des thérapies (et les nombreuses et différentes thérapies faites par l’autrice se comptent en centaines), mais seulement lorsque l’on a les moyens. Cela soulève donc des questions, qu’en est-il lorsqu’une telle horreur arrive à des enfants qui n’auront pas les moyens d’avoir un soutien psychologique? Quelles en sont les conséquences?

            Dans son témoignage, Adélaïde Bon alterne la première et la troisième personne afin de sortir du récit et de s’adresser directement au lecteur. Ce moyen est d’autant plus percutant et on a encore plus l’impression de partager son calvaire et sa douleur. D’autant plus que l’on ne fait aucune pause: le malaise est constant tout le long de notre lecture et c’est une véritable prouesse de l’autrice de recréer à la travers son écrit et la lecture, cette sensation qu’elle a réellement vécu.
Il faut toutefois noter la lueur d’espoir dans cette tragédie puisqu’avec les progrès de la science, la non fermeture de dossiers et le travail des policiers, c’est vingt-trois après que l’autrice a pu réellement prendre conscience de son drame, s’apercevoir qu’elle n’est pas seule et entrer dans un processus de justice.  

En bref:

            Ce livre qui est une réel exutoire littéraire pour l’autrice est avant tout un témoignage extrêmement fort, puissant, touchant mais aussi terrible, dur, difficile, mal-aisant mais tellement nécessaire. Adelaïde Bon n’est pas là pour faire dans la dentelle, ses paroles sont donc sans fioritures et sans enjoliver la réalité, et cela est d’autant plus puissant et dérangeant. On se prend en pleine figure comment un tel drame vécu dans son enfance peut complètement changer une personne et avoir des répercussions tant physiques que psychologiques et comment le cerveau fait en sorte de préserver la psychée même si l’inconscient subsiste toujours. Merci et bravo à l’autrice d’avoir eu la force et le courage de se livrer librement et de faire entendre sa voix.

Autour du livre:
  •  Prix des Lecteurs Livre de Poche 2019 (catégorie Essais/Documents)


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