Nationalité de l’auteur: Française
Editions Le Livre de Poche (6 Mars 2019)
numéro 35340
256 pages
ISBN-10: 2253257575
ISBN-13: 978-2253257578
Genre: Témoignage
Lu le: 4 Octobre 2019
Ma
note: 16/20
Résumé/4ème de couverture:
« Elle ne sent
pas les méduses s’immiscer en elle ce jour-là, elle ne sait pas qu’elles vont
la déporter de sa route, l’attirer vers des profondeurs désertes et
inhospitalières, entraver jusqu’au moindre de ses pas, la faire douter de ses
poings, rétrécir année après année le monde qui l’entoure à une poche d’air
sans issue.
Personne ne la
prévient, personne ne lui explique, le monde s’est tu. »
Quand ses
parents trouvent Adélaïde muette et en pleurs, elle ignore ce qui lui est
arrivé. Ils l’emmènent au commissariat et portent plainte contre X pour
attouchements sexuels. Elle grandit sans rien laisser paraître, le sourire aux
lèvres. Des années de souffrance et de solitude, à se battre contre les
méduses.
Vingt-trois
ans après, elle reçoit un appel de la brigade des mineurs. Un suspect a été
arrêté. Tout s’accélère.
Mon avis:
Je découvre totalement cette
histoire grâce au prix des lecteurs
Livre de Poche 2019 car « La petite fille sur la banquise » a
obtenu ce prix dans la catégorie Essais/Documents. Enfin, cette histoire, je
devrais plutôt dire ce témoignage
car c’est l’autrice elle-même qui raconte et qui nous confie ce qu’elle a vécu
toute petite, cette contamination
perfide, sournoise et presque cachée qui lui a gâché la vie pendant
vingt-trois ans. Sans savoir au préalable à quoi fait référence ces fameuses
méduses, il n’est pas difficile de deviner. Dés lors, on sait que ce témoignage
sera extrêmement bouleversant et on
ne ressort pas de cette lecture totalement indemne.
Points de vue/Critiques:
Adelaïde Bon nous livre ici un témoignage tellement fort, douloureux et
poignant qu’il faut avant toute chose souligner le courage et la force que
l’autrice a trouvé pour nous raconter son enfance brisée due à cette agression.
Traumatisée par cette dernière, on suit page après page, les conséquences
physiques et psychologiques qui se sont répercutées sur elle, sur son quotidien
et sur sa manière d’être. Et puisque cet évènement a était spontanément refoulé
par son esprit, on prend vraiment conscience du pouvoir que le cerveau peut
avoir: capable d’effacer et d’occulter un tel évènement car considéré comme
beaucoup trop traumatisant pour continuer de vivre et pour préserver les
fonctions cérébrales normales. Mais ce coup de gomme du cerveau n’est pas sans
conséquences, car si cela permet de préserver un certain état physique,
l’inconscience lui est toujours en fonctionnement et se répercute tout de même
au niveau du comportement: mal-être, interrogations, thérapies en tout genre.
Dés lors, et l’autrice le fait bien savoir, il est aisé et nécessaire d’être
suivie et faire des thérapies (et les nombreuses et différentes thérapies
faites par l’autrice se comptent en centaines), mais seulement lorsque l’on a
les moyens. Cela soulève donc des questions, qu’en est-il lorsqu’une telle
horreur arrive à des enfants qui n’auront pas les moyens d’avoir un soutien
psychologique? Quelles en sont les conséquences?
Dans son témoignage, Adélaïde Bon
alterne la première et la troisième
personne afin de sortir du récit et de s’adresser directement au lecteur.
Ce moyen est d’autant plus percutant et on a encore plus l’impression de
partager son calvaire et sa douleur. D’autant plus que l’on ne fait aucune
pause: le malaise est constant tout le long de notre lecture et c’est une
véritable prouesse de l’autrice de recréer à la travers son écrit et la
lecture, cette sensation qu’elle a réellement vécu.
Il faut
toutefois noter la lueur d’espoir dans cette tragédie puisqu’avec les progrès
de la science, la non fermeture de dossiers et le travail des policiers, c’est
vingt-trois après que l’autrice a pu réellement prendre conscience de son
drame, s’apercevoir qu’elle n’est pas seule et entrer dans un processus de
justice.
En bref:
Ce
livre qui est une réel exutoire littéraire pour l’autrice est avant tout un
témoignage extrêmement fort, puissant, touchant mais aussi terrible, dur,
difficile, mal-aisant mais tellement nécessaire. Adelaïde Bon n’est pas là
pour faire dans la dentelle, ses paroles sont donc sans fioritures et sans
enjoliver la réalité, et cela est d’autant plus puissant et dérangeant. On se
prend en pleine figure comment un tel drame vécu dans son enfance peut
complètement changer une personne et avoir des répercussions tant physiques que
psychologiques et comment le cerveau fait en sorte de préserver la psychée même
si l’inconscient subsiste toujours. Merci et bravo à l’autrice d’avoir eu la
force et le courage de se livrer librement et de faire entendre sa voix.
Autour du livre:
- Prix des Lecteurs Livre de Poche 2019 (catégorie Essais/Documents)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire