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lundi 1 juin 2020

Sorcières, la puissance invaincue des femmes (Mona Chollet)






Nationalité de l’auteur: Suisse
Editions Zones (13 septembre 2018)
233 pages
ISBN-10: 2355221227
ISBN-13: 978-2355221224
Genre: Essai
Lu le: 17 Mai 2020
Ma note: 16/20




Résumé/4ème de couverture:

Tremblez, les sorcières reviennent ! disait un slogan féministe des années 1970. Image repoussoir, représentation misogyne héritée des procès et des bûchers des grandes chasses de la Renaissance, la sorcière peut pourtant, affirme Mona Chollet, servir pour les femmes d'aujourd'hui de figure d'une puissance positive, affranchie de toutes les dominations.
Davantage encore que leurs aînées des années 1970, les féministes actuelles semblent hantées par cette figure de la sorcière. Elle est à la fois la victime absolue, celle pour qui on réclame justice, et la rebelle obstinée, insaisissable. Mais qui étaient au juste celles qui, dans l'Europe de la Renaissance, ont été accusées de sorcellerie ? 

Ce livre explore trois archétypes de la chasse aux sorcières et examine ce qu'il en reste aujourd'hui, dans nos préjugés et nos représentations : la femme indépendante – les veuves et les célibataires furent particulièrement visées ; la femme sans enfant – l'époque des chasses a marqué la fin de la tolérance pour celles qui prétendaient contrôler leur fécondité ; et la femme âgée – devenue, et restée depuis, un objet d'horreur. 

Mais il y est aussi question de la vision du monde que la traque des sorcières a servi à promouvoir, du rapport guerrier qui s'est développé alors tant à l'égard des femmes que de la nature : une double malédiction qui reste à lever.

Mon avis:

            Il me tardait de découvrir cet essai populaire et retentissant de Mona Chollet. Mais parce que je ne me suis pas plus penchée sur cet ouvrage et sur tous les avis afin de conserver un minimum de surprises et pour ne pas être influencé, j’ai pris le titre de cet essai au sens propre et je m’attendais vraiment à retrouver une sorte de manifeste sur les sorcières, à mettre en parallèle avec les femmes d’aujourd’hui. Mais c’est en réalité, nous avons le contraire. J’ai donc été surprise de constater que cet essai est avant tout un manifeste féministe et que seule l’introduction se base sur les sorcières comme préambule. Quoiqu’il en soit, avec ses idées bien synthétisées et étayées et une narration très fluide, cet ouvrage peut être considéré comme un essentiel ou un classique nécessaire dans le féminisme.

Points de vue/Critiques:

            La longue introduction de cet essai s’intéresse donc aux sorcières, afin de fournir une base contextuelle à l’essai à proprement parlé et qui s’intéressera aux femmes actuelles. Pour se plonger dans l’univers mythique des sorcières, de nombreux faits historiques sont mentionnés et se succèdent les uns aux autres. Ayant moins une structure de narration, cette partie est peut-être la moins fluide en terme de lecture, mais sûrement la plus intéressante dans le sens où l’on en apprend énormément puisque c’est un sujet historique que l’on ne retrouve pas tous les trois quatre matins en littérature! Et si au premier abord, faire le parallèle entre les sorcières et le féminisme peut sembler un peu tirer par les cheveux, il n’en est rien.

Lorsque l’on rentre dans le coeur du sujet de cet essai, le féminisme, trois figures féminismes seront successivement évoquées dans différents chapitres afin de donner la vision la plus large possible de la Femme, à savoir: la femme indépendante, la femme sans enfant, et la vieille femme. Dans chacun des chapitres, Mona Chollet reprend certains aspects assez « classique » du féminisme que l’on retrouve le plus souvent que l’on soit défendeur du féminisme ou anti-féministe. On retrouve ainsi l’idée saugrenue et obligatoire qu’une femme seule et indépendante est forcément une vieille fille (à chats), qui n’a jamais réussi à trouver l’amour: mais on ne se dit jamais que cela peut être aussi tout simplement un choix de vie. On retrouve le fait qu’une femme c’est aussi avant tout une fabrique à bébé et donc que la pression sociale d’enfanter est largement présente. Et on s’interroge également sur l’utilité ou non du mot « mademoiselle » ou encore le fait d’avoir, d’assumer et d’exhiber ses cheveux blancs. Tout ceci amène à de multiples réflexions percutantes, qui nous font tantôt grincer des dents, tantôt rire. 
J’ai aimé retrouver certains des aspects, qui m’ont semblé non seulement très sensés, mais en plus, qui ne sont pas forcément très courant ou très populaire mais qui sont tellement percutants! Je pense notamment au fait que certaines femmes aiment leurs enfants, mais qu’elles n’aiment pas être mères! Et quand on constate le pourcentage et les témoignages de femmes dans ce cas, on se dit que ce sujet est tabou, ce qui est bien dommage! De même, la réflexion autour des trois « types » de comportements féminins vis-à-vis des enfants : l’attitude de la mère, l’attitude de la tante, et l’attitude de celles qui n’aiment tout simplement pas les enfants est tout simplement percutante et très intéressante!

            Quelque soit le chapitre abordé, Mona Chollet reprend de multiples idées, et même tous les aspects et les chemins possibles concernant les femmes. Elle enrichit ses postulats avec de nombreux exemples concrets, qu’ils viennent de la vie quotidienne, du cinéma, de la littérature ou de discours. Et ces exemples viennent d’époques et de personnes radicalement différentes: de l’antiquité aux années 2000 et de philosophes aux people. L’autrice ne fait également pas de différence de sexualité, donc les exemples de couples peuvent tout aussi bien être homosexuel ou hétérosexuel. De plus, Mona Chollet ne créer pas de barrières ou de détachement dans son récit puisqu’elle n’hésite pas à émettre son avis et enrichir son essai d’expériences personnelles. Cela créer un certaine intimité et un lien direct avec le lecteur, qui est le bienvenue dans un essai, considéré souvent comme quelque chose de froids et d’académique. 

En bref:

            Dans cet essai, malgré un titre qui met en avant les sorcières, la sorcellerie apparaît davantage comme un point de départ à ce qui va suivre dans le coeur de l’ouvrage. Si cela m’a désappointé, l’univers des sorcières est un excellent préambule à la réflexion féministe de l’auteure. Mona Chollet reprend la vision générale de trois genres de femmes pour construire son essai. Chaque chapitre est bourrés de références en tout genre et les divers points de vue abordés permet d’élargir ses horizons. Cet ouvrage ultra complet est donc une agréable et enrichissante lecture qui peut-être considéré comme une base, voire un classique en terme de littérature sur le féminisme.

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