Résumé/4ème de couverture:
Les Tonneliers, c'est le domaine dans lequel
Nina a vécu une enfance heureuse avec ses trois grandes soeurs, ses parents et
les animaux de la ferme, ses compagnons de jeu favoris. Mais la Première Guerre
mondiale vient assombrir l'horizon. À quinze ans, contrainte de pallier
l'absence de son père parti au front et le découragement de sa mère, Nina
endosse les responsabilités de la ferme. Cela devient vite la passion de sa
vie. À peine a-t-elle le temps de penser à Olivier d'Évroult, jeune noble
intimidant...
Mon
avis:
J’ai
profité d’un contact avec les éditions De Borée qui m’ont proposé de choisir ce
que je voulais dans leur catalogue pour découvrir le tout premier livre de
Karine Lebert qui était en réédition. Je m’attendais à une lecture moins
passionnante que la saga des amants de l’été 44 (et ce fut le cas même si ce
premier livre fut agréable à lire) mais surtout je pensais retrouver une plume
beaucoup moins aboutie, avec pourquoi pas des incohérences. Mais je n’ai rien retrouvé
de tout cela, et je suis finalement assez surprise de trouver un bon premier
roman.
Points
de vue/Critiques:
Le
titre de ce livre ne laisse pas place aux mystères et à la surprise, puisque
l’histoire va nous faire voyager à travers les années, sur presque 30 ans, pour
dépeindre la vie de Nina, une jeune fille paysanne, née au début des années
1900 et ayant traverser bon nombre de choses dans sa campagne normande. Le
décor est alors rudement bien planté. On se situe dans une ferme avec tout ce que
cela comprend pour pouvoir faire vivre toute une famille. L’autrice décrit
parfaitement toute l’exploitation et les travaux aux champs entre les semis,
les récoltes, la météo et les animaux. Gérer une ferme n’est pas de tout repos,
l’incertitude est quotidienne et la vie de toute une famille dépend entièrement
de ce que l’on peut retirer de l’exploitation.
Et
dans la famille Vigogne, la dernière fille née (qui n’est malheureusement pas
un garçon après 3 autres filles) va se démarquer. J’ai été incroyablement
surprise de constater que le caractère de la jeune fille est porté sur le
féminisme. Après tout, pourquoi les femmes ne pouvaient-elles pas l’être même
si l’époque ne s’y prêtait encore moins qu’aujourd’hui? Ainsi, Nina aura en
horreur les travaux de couture ou de cuisine et présentera très tôt des signes
qui montrent qu’elle est faite pour les travaux lourds de la ferme avec un
regard porté vers l’avenir et l’exploitation pérenne et grandissante de la
ferme familiale pour en faire un domaine digne de ce nom et connu de tous. Avec
les tourments de la première et seconde guerre mondiale, Nina va
progressivement devenir la cheffe de famille, plus ou moins contrainte et
forcée par la vie classique menée par ses sœurs et par les conséquences de la
guerre sur le reste de sa famille. Karine Lebert peint donc parfaitement bien
le tableau des ravages et des conséquences de la guerre sur la campagne qui
arrivent en contradiction avec le maintien du cours normal de la vie et d’une
ferme, mais qui est en même temps logique puisqu’une telle exploitation est
tout simplement nécessaire à la survie de toute une famille. Ce paradoxe
illustre très bien l’adage que « malgré tout, la vie doit continuer ».
La
vie de paysanne de Nina va évidemment se superposer avec sa vie de femme,
puisqu’elle vivra plusieurs histoires d’amour qui la tiraille entre le cœur et
la raison. Dans ce domaine là aussi, Nina va faire ses choix avant tout en
plaçant la ferme, devenue un domaine grâce à son ambition sans limite, au
premier plan. Si l’on pas pas encore compris à quel point la jeune femme aime
la terre de sa famille… Sa dévotion est ainsi touchante puisqu’elle préfère
s’oublier elle-même. La question des amours de Nina apparaît donc plutôt comme
un sujet secondaire, qui appuie et illustre davantage son caractère travailleur
et dévoué.
En bref:
Pour un premier roman, Karine Lebert propose un roman très aboutit qui nous entraîne dans la campagne Normande, auprès d’une famille vivant dans une ferme familiale devenu un domaine connu et reconnu, sur presque trente ans. C’est à travers la plus jeune des filles, Nina, que l’on va suivre la vie et la tenue d’une telle exploitation face aux tourments de la guerre. La jeune femme qui s’est avéré très tôt féministe avant l’heure, indépendante et ambitieuse ne voulant pas vivre la vie des jeunes filles de l’époque, va porter durant toute sa vie à bout de bras, le domaine agricole familial au point de s’oublier et de ne pas vivre pleinement l’histoire d’amour dont elle rêve plus ou moins secrètement. «Nina et ses soeurs» est une bonne petite saga familiale, en version « retour aux sources » avec campagne et ferme agricole.
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