Nationalité de l’auteur: Française
Editions Pocket (13 octobre 2016)
Collection Thriller
448 pages
ISBN-10: 2266268988
ISBN-13: 978-2266268981
Genre: Thriller
Lu le: 6 Mai 2020
Ma
note: 15/20
Résumé/4ème de couverture:
« Torturez-la
! Violez-la ! Tuez-la ! » À la tête d'une ONG luttant contre le recrutement de
jeunes par l'État islamique, l'ambitieuse Haiko est devenue la cible d'une
terrible fatwa.
Lorsqu'elle
engage Lars comme garde du corps, le militaire tout juste revenu d'Afghanistan
a un mauvais pressentiment. Sa cliente lui a-t-elle dit l'entière vérité sur
ses activités ? Serait-ce la mission de trop pour cet ancien otage des talibans
?
Dans cet
univers ou règnent paranoïa et faux-semblants, Haiko et Lars se fascinent et se
défient tels deux fauves prêts à se sauter à la gorge, sans jamais baisser leur
garde.
Mon avis:
Voilà un thriller qui commençait
vraiment à prendre la poussière dans ma PAL, le gardant sûrement comme valeur
sûre puisqu’il s’agit d’Ingrid Desjours, mais aussi parce que ce livre traite
d’un sujet qui a fait l’actualité il y a quelque temps et que je n’avais pas
envie alors de m’y plonger encore plus dans un livre. L’autrice parle en effet
de ces jeunes gens qui se font endoctriner
et recruter par l’état islamique afin de faire le djihad. Pour étayer ce
sujet, elle développe les personnes qui essayent de sauver ces jeunes
endoctrinés et celles qui les condamnent d’office. Quoiqu’il en soit, sans
rentrer dans la politique, on a ici un récit
très dur en ce qui concerne les horreurs
physiques et psychologiques. Tout est poussé très loin. Une lecture coup de poing, intéressante,
presque dérangeante, bref c’est réussi!
Points de vue/Critiques:
Avec un sujet d’actualité brûlant, Ingrid Desjours nous présente deux
personnages principaux assez particuliers, deux écorchés de la vie. Nous suivons
d’abord Haïko, une jeune journaliste
aisée qui est à la tête d’une ONG visant à lutter contre le recrutement des
jeunes par l’Etat islamique. Pour son combat et pour arriver à ses fins, la
jeune femme y met toute sa personne, une réelle dévotion qui interroge tant
elle prend des risques au point de flirter avec l’illégalité, au point qu’elle
nous fait douter de ses agissements. Pour la protéger, elle emploie Lars, un militaire qui revient tout
juste d’Afghanistan, ramenant avec lui de terribles souvenirs, déclenchant
toutes sortes de troubles du comportement. Ces deux individus vont avoir une
connexion spéciale, entre protégée et garde du corps, entre relation
professionnelle et relation plus intimiste et entre méfiance et attirance.
Lars et Haïko sont donc des personnages très complexes et leur psychologie
est poussée à l’extrême. A tel point, qu’en tant que lecteur, nous n’arrivons
pas vraiment à les cerner, à leur faire confiance ou non, on oscille sans cesse
dans nos idées vis à vis d’eux. Aucun attachement n’est possible envers Haïko
et Lars. Et même une fois l’histoire terminée, je n’ai pas réussi
à véritablement me faire une idée précise et concrète sur chacun
d’eux, impossible de dire si l’on peut les ranger dans la catégorie des gentils
ou des méchants. Une psychologie exarcerbée et déroutante qui fonctionne
parfaitement!
Dans
l’univers de Lars et de son nouveau métier de garde du corps, nous faisons la
connaissance d’autres gars avec le même profil, afin de constituer son équipe.
Je dois avouer que j’ai eu du mal tout le long du récit à distinguer, non pas
physiquement, mais dans les prénoms, Lars de ses collègues.
L’histoire nous plonge dans
l’ambiance qui a marqué la France après les attentats.
Haine, retentissements, convictions et incompréhensions se mélangent,
créant un choc entre différents milieux et différentes cultures aux idéologies
distinctes. Alimenté par les médias et les réseaux sociaux, l’incompréhension et
les amalgames s’ajoutent les uns aux autres sans pouvoir démêler
correctement le tout. Ingrid Desjours dénonce tout ceci très bien, sans
faire un seul instant de la politique, de la dénonciation ou de la
moralisation. L’endoctrinement et le recrutement sont très bien détaillés
et expliqués dans les faits. Pour ce qui est de la justification ou des
jugements que le peuple peut en faire, entre Haïko et ses détracteurs, tous les
points de vues sont représentés. A chacun et au lecteur de prendre son
parti… si tant est que se soit aussi simple!
Quoiqu’il
en soit, entre cette thématique lourde, malheureusement réelle et angoissante
et des personnages aux aspects psychologiques très poussés, j’ai ressenti
pas mal de malaise et de lourdeur dans l’ambiance dans cette lecture, qui
m’a perturbée et dérangée. Avec des sévices psychologiques et physiques qui
sont clairement décrits et relatés, et des personnages déviants
incompréhensibles et incertains, c’est une lecture dure et difficile (qui n’est
peut-être pas à recommander à tout le monde)… mais réussie!
En bref:
Ingrid
Desjours nous envoie un véritable coup de poing au plexus avec cette lecture de
« Les fauves ». Habituée et aimant les thrillers glauques qui
envoient du lourd, la lecture de celui-ci a été difficile, créant un certain
sentiment de malaise. En effet, l’histoire nous replonge d’ors et déjà dans
cette ambiance lourde et froide des attentats et de l’Etat islamique. Sans
rentrer dans des digressions politique ou religieuse, l’autrice réussit à
mettre en avant et à expliquer ce phénomène d’endoctrinement et de recrutement
des jeunes, avec ses conséquences et surtout avec les différentes opinions que
peut avoir le peuple en fonction de ses idéologies et de ses convictions. Sans
compter, la place importante et sans doute pas bénéfique des médias et des
réseaux sociaux… Les personnages qui sont deux véritables écorchées vifs de la
vie, sont également deux êtres à la psychologie étrange, décortiquée et poussée
à l’extrême qui nous laisse complètement incertains vis à vis de leurs
intentions, même une fois le livre refermé. Ce livre a donc était une lecture
dure et difficile, qui peut mettre mal à l’aise mais c’est très bien fait
puisqu’est certainement voulu, donc c’est réussi!
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