Titre original: New boy
Traduction: David
Fauquemberg
Nationalité de l’auteur: Américaine
Editions Phébus (7
Février 2019)
Collection Littérature Etrangère
224 pages
ISBN-10: 2752911637
ISBN-13: 978-2752911636
Genre: Contemporain
Lu le: 27 Janvier 2019
Ma
note: 13/20
Résumé/4ème de couverture:
Washington D.C., dans les années 1970. En six
ans, c’est la quatrième fois qu’Osei, fils d’un diplomate ghanéen, découvre une
nouvelle école. Tout heureux de rencontrer Dee, la fille la plus populaire de
sa classe, il ne s’inquiète pas des manigances et de la jalousie de ceux qui
voient d’un mauvais œil l’amitié entre un garçon noir et une jolie blonde.
Sémillante réécriture d’Othello dans une cour
d’école de banlieue aux États-Unis, ce neuvième roman de l’auteure de La jeune
fille à la perle dit à hauteur d’enfant la tragédie universelle du racisme et
du harcèlement. Vertigineux et actuel.
Mon avis:
J’aime beaucoup Tracy Chevalier et sa manière
d’écrire et d’aborder ses histoires. Pour moi, elle a une signature
particulière, à savoir écrire des histoires romancées, en partant de faits ou
d’évènements historiques qui ont réellement existés pour en faire quelque chose
de vivant, d’attrayant et au goût du jour. Pour cela, elle a une plume
caractéristique, qui est de décrire les choses de manière simple, belle, en
choisissant les mots en qualité et en quantité juste, faisant en sorte que ces
histoires sont faites pour êtres lues de manière à prendre son temps.
Malheureusement, je n’ai pas retrouvé toutes ces choses avec son nouveau roman
« le nouveau », dont le sujet, la ségrégation raciale, était un bon
point de départ, mais qui n’est même pas l’élément central de cette histoire.
Points de vue/Critiques:
Le
sujet de la ségrégation raciale
comme il nous est présenté à la découverte de cette histoire est quelque peu
trop poussé et trop accrocheur, car il n’est pour moi qu’un prétexte, une excuse. En effet, cette ségrégation
raciale vient de Osei, qui est le
petit nouveau de la classe et de l’école. De la part de ses camarades de
classe, la découverte et les interrogations sur ce nouvel élève vont bon train.
Certains sont hostiles, s’interrogent et sont plus en retrait par rapport à
d’autres qui vont tout de suite lui ouvrir les bras et l’accueillir comme il se
doit. Mais ces attitudes de la part de tous les autres élèves à l’égard d’Osei,
vient-elle réellement du fait qu’il soit Noir ou du fait qu’il soit
nouveau ? Car ces interrogations, ces méfiances et ces marques immédiates
d’affection ne sont-elles pas monnaie courant dans toutes les écoles lorsqu’un
nouvel élève arrive dans une classe ou une école déjà bien établie où tout le
monde se connaît depuis plusieurs années, et cela quelque soit sa couleur de
peau, sa provenance ou ses caractéristique physiques ??
Il est vrai que la méfiance et les réflexions
au sujet de la couleur de peau d’Osei viennent également de la part de certains
professeurs et dans ces cas-là, il est effectivement question de ségrégation
raciale. Néanmoins, le regard étant majoritairement porté sur les enfants, la
vision du clan professoral n’est pas central.
Pour la présentation de ce livre, on place
également l’histoire au cœur des années
70. Or, tout comme le sujet de la ségrégation raciale, c’est un point qui
n’est que peut mentionner. Hormis, la description de quelque jeans à pattes
d’éléphant étoffés par des tissus colorés, il n’y a aucun autre indices
temporels pour nous situer dans les années 70. Le récit aurait pu tout aussi
bien se placer ailleurs dans le temps puisque cela n’a pas d’incidence sur
l’histoire.
L’histoire
se passe dans une école primaire et de nombreuses choses m’ont étonné, voire
choqué, puisqu’il y a parfois des faits
discordants avec l’âge des enfants, alors qu’à d’autres moments on retrouve
des attitudes typiques de ces âges. Par
exemple, les enfants vont se demander entre eux d’être leur meilleur(e) ami(e)
ou leur petit(e) ami(e), chose qui ne va durer que quelques jours, ils vont
aller se bécoquer derrière un arbre, de référence, pour se cacher de tout le
monde qui les observe et qui savent, ils s’échangent des affaires le temps
d’une journée, les plus grands dénigrent les élèves des classes inférieurs à
qui ils laissent le bas à sable etc…, autant de choses typiques et quotidiens
d’enfants scolarisés en primaire. Mais à côté de cela, certains actes ou
certaines paroles provenant de ces enfants ne collent pas du tout avec leur
âge. Ainsi, leur préoccupation et leur passe-temps favori est de savoir avec
qui est en couple avec qui, quelles stratégies ou quelle conséquence cela
entraîne par rapport au groupe d’amis, ils vont même jusqu’à évoquer, parler,
faire courir des rumeurs et se faire chanter à propos du fait « d’aller
jusqu’au bout » et donc de coucher, sans oublier d’utiliser des termes
comme « pute » ou « bite »… Ainsi, même si j’imagine que
les enfants d’aujourd’hui sont plus précoces avant avec tout ce qu’ils peuvent
voir, je suis assez choquée d’attribuer tout cela à des enfants de
primaire !!! On a plutôt parfois l’impression d’avoir affaire à des jeunes adolescents, au collège. Je
me demande alors dans ce cas, si cela n’est pas du à un problème de traduction
et de transposition des classes entre le système scolaire américain et
français.
De plus, ce court récit a cette impression
que tout va vite. En effet, l’histoire et ses petits rebondissements
structurels et relationnels entre les enfants ne dure qu’une seule
journée… ! Autrement dit, à peine Osei est-il présenté à tout le monde,
qu’il est déjà en couple à midi et détesté durant la récréation de
l’après-midi.
EDIT:
Suite à ma rencontre avec l’autrice grâce à
Babelio le vendredi 8 février 2019, je vais faire un edit à ma chronique qui a
été écrite avant cet événement, lequel a permis de lever le voile sur plusieurs
interrogations et critiques concernant « Le nouveau ».
Comme me l’a signalé très justement une
abonnée Instagram avant la rencontre, il semblerait que le dernier opus de
Tracy Chevalier soit très mal présenté en France. En effet, il faut savoir dés
le début que ce livre est tout simplement la réécriture, la revisite de Tracy
Chevalier de « Othello » de William Shakespeare ! Ce livre est
donc le cinquième
épisode de la Collection Hogarth Shakespeare qui est un projet
international proposant à de célèbres écrivains (tels que Jeanette
Winterson, Howard Jacobson, Gillian Flynn, Margaret Atwood, Jo Nesbo etAnne
Tyler) une
réinterprétation des pièces du dramaturge anglais. Je ne connais pas la pièce
originale mais on peut notamment retrouver des similitudes avec
« Othello » dans les prénoms des personnages (Osei /
Othello, Dee / Desdémone, Mimi / Emilia et Casper / Cassio), qui
sont également beaucoup plus décrits. Ceci explique donc cela… :
La plume :
Tracy
Chevalier a donc volontairement changé sa manière d’écrire. On ne retrouve donc
pas sa plume caractéristique et particulière car elle a voulu livrer une
histoire plus simple pour mieux coller au sujet de l’école primaire et aussi
car elle n’a tout simplement pas voulu faire pareil et pas voulu se répéter.
L’histoire
en 1 jour :
Pour Tracy Chevalier c’était une façon de
« faire monter la sauce » et cela permettait d’avoir une sorte de
point culminant à l’histoire.
La
maturité des enfants :
Les enfants de primaire est quelque chose de
voulu et elle reconnaît que certains ont beaucoup plus matures que d’autres.
Pour avoir des enfants réalistes, elle s’est rappelée son fils au même âge et
il y avait beaucoup de maturité chez ces enfants, qui se projettent et parlent
aussi de sexe et d’autres choses lorsqu’ils sont entre eux, offrant un autre
visage lorsqu’ils sont en dehors des adultes…
Ces différents points que j’ai pu relever et
écrire dans ma chronique ont été majoritairement relevés chez les lecteurs
présents (je suis rassurée et contente d’avoir bien pu cibler et analyser cette
histoire !) et Tracy Chevalier y a parfaitement répondu ! Maintenant
en sachant tout cela, peut-être que vous lirez « Le nouveau » avec un
nouvel angle et que vous l’appréhenderez mieux ! ;)
En bref:
Autant
comme j’apprécie beaucoup Tracy Chevalier pour sa plume descriptive à souhait
mais juste, sans jamais nous lasser, faisant en sorte que l’on se délecte de
ses histoires, qui mêle parfaitement la fiction à des faits historiques réels,
autant pour son dernier opus « le nouveau », je n’ai malheureusement
pas retrouvé ces caractéristiques. Les années 70 et le sujet de la ségrégation
raciale vendus comme éléments phares du récit ne sont en fait qu’une façade et
ne sont pas du tout exploités. Et le fait de retrouver des enfants de primaire aux
faits et aux paroles inappropriées pour leur âge, apporte un sentiment de
malaise, sans compter que tout va trop vite dans cette histoire qui se tient en
une seule journée. Voilà donc autant de points qui décrédibilise cette histoire,
dommage, ce n’est pas une réussite de l’autrice pour moi !
Autour du livre:
Tracy Chevalier m'accompagne aussi depuis plusieurs années. Comme beaucoup de lecteurs, c'est son fameux La Jeune Fille à la Perle qui me l'a faite découvrir. Ensuite, à l'exception de La Dernière Fugitive peut-être, que j'ai aimé mais sans plus, j'ai toujours été séduite. Malgré tout, ce nouveau roman ne me tente pas. ;) Il me reste encore A l'orée du Verger à lire et j'espère qu'il me plaira tout autant que les autres mais Le Nouveau me semble un peu trop éloigné de l'univers habituel de Chevalier et je n'ai pas lu de très bonnes critiques donc...je crois que je vais passer mon tour pour cette fois. ;)
RépondreSupprimerJe dois faire un édit de ma chronique suite à ma rencontre avec l'autrice et aux explications dues à ce livre: la façon d'écrire plus simple, et le sujet de l'histoire sont volontairement différents, car c'est une maison d'édition qui a demandé à certains auteurs de réécrire à leur façon une pièce de Shakespeare. Tracy Chevalier a donc choisi "Othello". Il se trouve donc qu'en France, le livre est très mal présenté car en sachant tout cela, on voit mieux le récit et on le comprend beaucoup mieux par rapport à l'autrice!!!
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