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mardi 15 mars 2016

Musicophilia, la musique, le cerveau et nous (Oliver Sacks)




Titre original: Musicophilia, Tales of Music and the Brain
Traduction: Christian Cler
Nationalité de l’auteur: Anglaise
Editions Points (21 Août 2014)
Collection Essai
503 pages
ISBN-10: 2757826263
ISBN-13: 978-2757826263
Genre: Psychologie
Lu le: 14 Mars 2016
Ma note: 14/20



Résumé/4ème de couverture:

La musique peut nous émouvoir, nous inciter à danser, ou nous rendre tristes et nostalgiques. Quand on est un neurologue aussi compétent qu’Oliver Sacks, et surtout mélomane de longue date, comment peut-on comprendre et décrire ce pouvoir ?

Plus d’aires cérébrales sont affectées au traitement de la musique qu’à celui du langage : l’homme est donc véritablement une espèce musicale. Et c’est en déployant une galerie de portraits, du chirurgien devenu pianiste après avoir été frappé par la foudre au frère manchot de Wittgenstein, en passant par les handicapés mentaux mélomanes, que l’auteur questionne les rapports du cerveau et de la musique.
Notre dimension musicale est ici décrite dans son étendue et sa profondeur, d’un point de vue scientifique, philosophique et spirituel.
L’histoire:

Dans tous ses livres, le neurologue Oliver Sacks, met l’accent sur le cas clinique, sa singularité. Encore ici, il nous fait part d’un fascinant catalogue de cas ayant différentes pathologies « musicales » qu’il a pu rencontrer dans sa carrière, permettant ainsi d’en déduire le plus d’informations possible sur le rôle de la musique dans nos vies « normales ». 

Tout au long de l’ouvrage se trouvent ainsi décrits des cas plus étonnants les uns que les autres. En effet, le rôle de la musique dans la vie de certains patients a pu se trouver radicalement transformé, dans un sens comme dans l’autre : des mélomanes fervents, ou même un critique musical, se retrouvant après un accident, sans pouvoir supporter la moindre note, comme des gens pour qui la musique est devenue du jour au lendemain soit un soulagement (comme certains épileptiques) soit une nouveauté dans l’apparition de goûts musicaux totalement différents et parfois très intenses.

Et plutôt que de vouloir dissiper le mystère trouvé dans ces différents cas, Oliver Sacks étudie les déformations, les excès et les pannes de notre système neuronal.

Mon avis:

… Général:

J’ai connu l’univers d’Oliver Sacks dans le cadre de mes études avec pour première lecture « L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau », assurément son plus célèbre opus. Etant déjà attirée par les Neurosciences à l’époque, ce formidable livre m’a définitivement poussée à poursuivre dans cette voie, pour aujourd'hui en faire mon métier!!

Tout cela pour dire, qu’après mon engouement suite à cette première lecture, « Musicophilia » m’a déçue… même si l’étude des cas et des réflexions éveille toujours mon intérêt.

Point de vue - Critiques:

L’un des intérêts du livre est qu’un cas y verse dans l’autre : de l’expérience commune, on passe d’une pichenette dans la pathologie, et réciproquement. Et des arrangements infinis sont possibles. Le cerveau humain est capable de tant d’adaptation qu’on peut trouver avec un phénomène d’abord involontaire des compromis qui l’humanisent.

En même temps qu’il rend compte d’observations souvent sans réponse, Sacks permet aussi de mesurer ce que nous comprenons déjà. D’abord, que la musique affecte profondément l’activité corticale, et que celle-ci relève de fonctions antérieures même au langage. Le cerveau humain révèle alors une grande plasticité.

Musicophilia éclaire ainsi le rapport de chacun à la musique : le livre laisse à penser que le cerveau humain ne cesse de contenir ses facultés dans d’étroites limites afin de maintenir l’équilibre général. Si celui-ci bascule, l’une ou l’autre peut donner d’étonnants résultats. 

Du point de vue de l’écriture:

Ce gros livre est très (trop ?) riche en exemples et anecdotes diverses et variées ce qui en fait sa force, mais le découpage et le contenu des chapitres m’a perdue. J’ai en effet eu l’impression d’avoir eu plusieurs fois le même sujet dans différents chapitres. 

De plus, la lecture ne se trouve pas forcément fluide puisque l’on rebondit entre l’histoire et la vie du patient, l’avis des médecins et confrères, les références bibliographiques et enfin les réflexions qu'engendre le cas clinique. Je n’avais pas retrouvé ces « sauts » dans "L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau", où Oliver Sacks nous décrivait pleinement le sujet puis passait directement aux conclusions scientifiques, rendant la lecture beaucoup plus aisée.

Du point de vue scientifique:

Peut-être Sacks manque-t-il parfois d’interprétations scientifiques, mais c’est aussi ce qui fait le charme de ses écrits : après avoir livré des descriptions cliniques fines, il laisse la question irrésolue, libre de nous émouvoir, de nous émerveiller. L’essentiel est ici la justesse de ton : sans complaisance, plein d’humour, guidé par une curiosité aiguë et sincère, porté par l’empathie la plus juste, il montre encore une fois son aptitude à rendre compte de l’expérience subjective.

Face à ce manque de conclusions scientifique,  le lecteur peut être sceptique. On peut ainsi remarqué que la lecture est émaillée de nombreux « semble-t-il », « visiblement », etc...

En bref:

La musique est médicalement bienfaisante : elle anime des parkinsoniens incapables de se mouvoir, apaise des patients atteints de la maladie d’Alzheimer et parvient même à restituer des souvenirs à certains amnésiques. Notre dimension musicale est ici décrite dans son étendue et sa profondeur, d’un point de vue scientifique, philosophique, et spirituel.

Autour du livre:

  • L’auteur: Oliver Sacks est médecin ; il est l’auteur de dix livres, notamment L’Éveil, et L'Homme qui prenait sa femme pour un chapeau. Il vit à New York, où il enseigne la neurologie et la psychiatrie à l’université Columbia, au Medical center et à l’University Artist.

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