Mes derniers avis ROMANS:






Mes derniers avis BD & Mangas

  Mes derniers avis BD et MANGAS:  

 

dimanche 3 mai 2020

Le parfum de l'hellébore (Cathy Bonidan)





Nationalité de l’auteur: Française
Editions Points (10 janvier 2019)
numéro P4921
297 pages
ISBN-10: 2757877275
ISBN-13: 978-2757877272
Genre: Contemporain
Lu le: 18 Avril 2020
Ma note: 20/20




Résumé/4ème de couverture:

Au centre psychiatrique Falret, seul Serge, le jardinier taciturne, calme les crises de Gilles, petit autiste de 11 ans et l'ouvre un peu au monde. Deux jeunes filles observent leur tendre manège : Anne, la si sérieuse nièce du directeur, et Béatrice, la malicieuse, qui toise son anorexie d'un œil moqueur. Dans ce roman plein d'espérance, leurs destins vont se croiser, entre légèreté et mélancolie. La vie réserve heureusement bien des surprises.

Mon avis:

            J’avais découvert Cathy Bonidan l’année dernière avec son dernier livre « Chambre 128 » que j’avais beaucoup aimé, tant par son histoire que sa construction épistolaire. Je me suis donc intéressée à son premier ouvrage « Le parfum de l’hellébore » dont l’histoire me tentait beaucoup. Et sa lecture s’est révélée être un gros coup de coeur, j’ai dévoré ce roman quasiment d’une seule traite. Toujours avec une construction particulière, ce petit bijou mêle avec justesse, douceur, compassion et compréhension, l’histoire des maladies psychologiques chez les jeunes personnes, tout en mettant en avant la professionnalisation des femmes qui ont du se battre à l’époque pour s’imposer dans ce milieu. Beau et puissant!

Points de vue/Critiques:

            L’histoire nous plonge dans l’univers d’un centre psychiatrique dans les années 50 qui a la particularité de regrouper comme pensionnaires des adolescents aux multiples pathologies comme la phobie, l’anorexie ou encore l’autisme. Mais nous sommes dans les années 50…. au début de la psychologie et psychiatrie telle que nous les connaissons. Ainsi, l’anorexie est mal comprise et l’autisme est même un concept quasiment inconnu. 

            Dans la première partie du roman (qui correspond à un peu moins de la moitié du livre), la construction du récit est particulière. En effet, nous suivons en parallèle deux femmes, suivant deux types de retranscriptions différentes. Il y a tout d’abord Anne, la nièce du directeur du centre, qui vient effectuer quelques heures de travail et qui sera très observatrice avec les personnes qui l’entourent et donc très perspicace et novatrice dans le domaine. C’est exclusivement à travers les lettres qu’elle envoie à sa meilleure amie que nous suivrons son quotidien. A côté de cela, nous suivrons également, une patiente anorexique du centre, Béatrice, à travers son journal intime. C’est uniquement à travers ces deux supports que nous commençons à appréhender tout ce qui se déroule au centre, avec parfois des choses qui peuvent se répéter ou se recouper, mais ces supports étant exclusifs et atypiques, cela permet au lecteur de se situer correctement et de ne pas être perdu.
Grâce à ces lettres et ce journal intime, nous découvrons comment le domaine de soins dans de telles maladies et centre médicaux ont évolués. Et cela ne vient pas des personnes faisant parties du centre et du domaine, mais cela vient plutôt tout simplement du champ d’expertise en matière de psychologie et des traitements associés qui ont fait un bon gigantesque en avant. Ainsi, un phobique de l’extérieur sera presque forcé à sortir, sans que sa thérapie passe par le fait de tenter de comprendre l’origine de cette peur. L’anorexie sera forcément attribué à des jeunes filles et elle trouvera sa cause uniquement dans la relation qu’entretien la jeune fille avec sa mère. Pour soigner cette maladie, la solution est d’obliger la personne à prendre du poids chaque jour, grâce à une pesée, et lui faire du chantage et la privée de plaisirs personnels si le poids n’augmente pas. Enfin, pour un autiste, maladie quasiment inconnue à cette époque là, il est totalement mis à l’écart, personne ne s’occupe de lui par peur et par incompréhension jusqu’à l’appeler l’idiot ou le débile. Tout cela est évidemment effrayant connaissant le système de santé actuel dans ce domaine, mais justement, tout ceci est à remettre dans le contexte des années 50 et cet aspect est très intéressant. 
L’autre aspect très intéressant dans ce domaine de la psychologie, c’est la place des femmes. Exclusivement réservé aux hommes, non seulement les femmes n’avaient pas leur place, mais en plus l’accès aux études pour y tenter d’y faire sa place n’était pas courant. Entre Anne qui se formera de manière autodidacte au sein du centre psychiatrique et sa meilleure amie qui suivra des études de psychologie, l’une et l’autre deviendront, à l’âge adultes les premières femmes professionnelles et reconnues dans le domaine. 

            La deuxième partie du livre est plus conventionnelle et classique dans sa construction, puisque l’on va suivre le récit de Sophie, à notre époque actuelle, qui va partir sur les traces de Anne et de Béatrice. Nous partirons donc dans une sorte d’enquête pour savoir ce que sont devenus ces femmes, le centre et ses pensionnaires. C’est partie permet de mettre encore plus en avant les bienfaits du temps sur l’évolution de notre société, car en plus des lents progrès de la médecine en matière de psychologie, l’autrice aborde aussi d’autres sujets très variés et importants du siècle dernier : le couvent pour les jeunes filles, l’avortement et les moeurs très strictes.

En bref:

            « Le parfum de l’hellébore » de Cathy Bonidan est un véritable gros coup de coeur que j’ai lu d’une traite et qui mérite d’être beaucoup plus visible et connu, car je suis certaine que beaucoup d’autres personnes succomberaient à sa douceur, sa beauté et sa puissance! La construction du livre est particulière, très intéressante et elle tient en haleine: on commence dans les années 50 avec des lettres et un journal intime pour appréhender les personnages et le contexte et on termine le livre à notre époque au travers d’un récit auquel se mélange une petite enquête pour remonter dans le passé. A travers de multiples sujets d’époque, l’autrice met surtout en avant le domaine de la psychologie et de la psychiatrie et ses méthodes de soins, qui paraissent très rudes et archaïques pour l’époque, tant le temps à permis d’engranger des connaissances afin de faire évoluer ce domaine de santé tel que nous le connaissons actuellement. Et c’est aussi une manière de mettre en avant les femmes et leur travail dans ce domaine: de véritables pionnières qui ont dues se battre. Entre sciences, romance, féminisme, histoire, l’autrice réussit cet exercice de style de manière flamboyante pour nous offrir un superbe roman lumineux, passionnant et émouvant!

Autour du livre:

De la même autrice:
   Chambre 128 (<— chronique à retrouver ici)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire