Les amants d'Auchswitz (Keren Blankfeld)

Titre original : Lovers in Auschwitz

Traduction : Karine Guerre

Nationalité de l’auteur: Américaine

Éditions Albin Michel (22 Janvier 2025)

402 pages

ISBN-10: ‎ 2226478957

ISBN-13: ‎ 978-2226478955

Genre: Biographie

Lu le: 21 Février 2025

Ma note: 16/20 

Résumé/4ème de couverture:

Zippi Spitzer et David Wisnia se sont plu au premier regard. Un coup de foudre comme les hasards de la vie en provoquent parfois. À cette différence près : prisonniers du camp de la mort le plus tristement célèbre de l'Histoire, ils risquaient l'exécution si leur idylle était découverte. Zippi et David sont déportés respectivement en mars et décembre 1942 à Auschwitz.

Sauvée par ses compétences de graphiste, Zippi se rend indispensable auprès des autorités du camp tout en intégrant les réseaux de résistance, au péril de sa vie. David, qui n'a que seize ans à son arrivée à Auschwitz, est quant à lui affecté au «Sauna», le bâtiment de désinfection.

Protégés par la solidarité de leurs compagnons d'internement et par leur instinct de survie, ils échappent à la mort. Peu avant la libération des camps, ils promettent de se retrouver à Varsovie. Mais, passé la folie meurtrière de la guerre et les épreuves de la déportation, resteront-ils fidèles à ce qu'ils ont été : les « amants d'Auschwitz» ?

Mon avis:

     "Les amants d'Auschwitz" nous fait vivre un petit instant de bonheur dans la floppé d'horreurs qu'a pu apporté la Seconde Guerre Mondiale et ses camps de concentration. Cette petite parenthèse de romantisme est apportée par Zippi et David que l'on va suivre depuis leur enfance jusqu'à la fin de leur vie, en passant bien évidement par tout ce qu'ils ont pu vivre à Auschwitz. L'autrice Keren Blankfeld a fourni un incroyable travail de documentation : c'est quasiment toute la biographique romancée de ces deux personnages qu'elle a mis en lumière dans ce livre. Et si la vie entière d'illustres inconnus associée à un travail de retranscription historique d'une période sur laquelle beaucoup d'écrits ont été réalisés ne semblent pas attrayant de prime abord, l'autrice a su conserver une manière de raconter et de narrer tout son récit de façon à rendre le tout très fluide et très intéressant. J'ai beaucoup aimé ce livre dans lequel je me suis plongée entièrement même si au final l'histoire entre Zippi et David, qui tient plus de l'amourette, occupe une place minime. L'essentiel qui prend le dessus, c'est leur quotidien au sein du camp et donc l'histoire de leur survie, qui procure une histoire touchante, et dans laquelle on a encore un regard différent sur cette partie historique que l'on croit connaître. 

Merci aux éditions Albin Michel pour l'envoi de ce livre!

Points de vue/Critiques:

     La première partie du roman se consacre aux enfances respectives des deux personnages, Zippi et David afin de savoir comment ils en sont arrivés à être déportés. Les chapitres alternent donc entre eux et l'on découvre que chacun avait déjà dans ses bagages quelques caractéristiques particulières, qui leurs permettront de se distinguer à l'intérieur du camp et de survivre. Les deux parties suivantes du roman et qui constitue l'essentiel du récit, nous plongent directement dans le quotidien des camps. On assiste presque à un documentaire sur la vie dans les camps et cela n'est pas moins intéressant. Si les atrocités endurées par les déportées y sont retranscrites, on apprend également des choses plus méconnues sur le fonctionnement d'Auschwitz. On prend conscience à quel point la musique ou encore l'hygiène étaient importantes pour les SS vis-à-vis des prisonniers, de leur statut et de leur survie ; un cruel euphémisme quand on sait dans quelles conditions ils étaient retenus. 

        On continue de suivre alternativement Zippi et David et tout deux vont finalement survivre à Auschwitz au-delà de toute espérance, puisqu'ils y resteront détenus plusieurs années, sans jamais connaître le destin de fours crématoires. C'est d'ailleurs une question qui hantera David jusqu'à la fin de ses jours : qu'est-ce qui fait qu'ils ont survécus? Pourquoi eux? Cette question peut trouver réponse dans leurs caractéristiques personnelles. En effet, David était un musicien hors pair qui lui a permis de jouer dans l'orchestre d'Auschwitz et Zippi avait un talent artistique et organisationnel hors du commun. Parce qu'ils étaient tout deux utiles aux SS et au camp, Zippi et David ont pu survivre, en travaillant sans jamais vraiment collaborer, mais au contraire, tout en menant une certaine résistance dans l'ombre. Zippi a notamment permis de recopier certains documents ou encore de changer les noms des condamnées à mort, ce qui lui a permis de sauver des centaines de vies. J'ai beaucoup aimé découvrir cette forme de résistance au sein d'Auschwitz par des détenus qui y ont survécu très longtemps. C'est une vision plus à long terme que l'on a du fonctionnement du camp, ses coulisses et sa gestion des détenus, suivant qu'ils soient considérés comme utiles ou inutiles....

        On retrouve bien évidement cette romance entre Zippi et David, mais je dois avouer que je suis plus ou moins déçue par cet aspect. En effet, cette histoire que l'on pourrait davantage qualifier d'amourette, tant elle fut assez brève et plus réconfortante que passionnante, occupe finalement une place minime dans le récit. Cela peut être assez décevant par rapport au titre et au résumé du livre, mais la vie de chacun d'entre eux est suffisant intéressant pour pallier à cette attente. La quatrième et dernière partie du roman s'intéresse à l'après libération du camp afin de savoir ce que sont devenus Zippi et David et leur histoire d'amour. Leurs réflexions sur leurs survies et leur reconstruction sont très intéressantes et percutantes, chacun ayant plus ou moins tourné la page différemment. 

En bref:

     "Les amants d'Auschwitz" est une retranscription aussi dur qu'humaine de la vie de Zippi et de David, dans l'enfer du camp d'Auschwitz. Cette histoire vraie a été parfaitement mise en lumière par Keren Blankfeld grâce à son incroyable travail de documentation. Depuis leur enfance jusqu'à la fin de leur vie, en passant bien évidement par tout ce qu'ils ont pu vivre à Auschwitz, l'autrice a su raconter et narrer la vie de ces illustres inconnus associée à un travail de retranscription historique, de façon à rendre le tout très fluide et très intéressant. J'ai beaucoup aimé ce livre dans lequel je me suis plongée entièrement même si au final l'histoire entre Zippi et David, qui tient plus de l'amourette, occupe une place minime. L'essentiel qui prend le dessus, c'est leur quotidien au sein du camp, comment ils ont pu survivre grâce à une caractéristique personnelle qui leur a permis de se distinguer et d'être utiles pour les SS. Cette survie tient de l'héroïsme puisqu'ils ont travaillé sans jamais vraiment collaborer et tout en menant une certaine résistance dans l'ombre. Cette vision plus à long terme que l'on a du fonctionnement du camp, ses coulisses et sa gestion des détenus, suivant qu'ils soient considérés comme utiles ou inutiles est vraiment passionnante et apporte un regard différent sur cette partie historique que l'on croit connaître. 

La promesse (Marie de Lattre)

Titre original : Parnassus On Wheels

Traduction: Oscar Lalo

Nationalité de l’auteur: Française

Éditions Pocket (4 janvier 2024)

Collection Les Révélations

224 pages

ISBN-10: ‎ 2266337467

ISBN-13: ‎ 978-2266337465

Genre: Biographie, Historique

Lu le: 21 Février 2024

Ma note: 16/20

Résumé/4^ème de couverture:

Marie grandit dans un appartement semé de cachettes, car on ne sait jamais. Dans la table de nuit parentale, une étoile jaune prend la poussière. Aux murs figurent des tableaux muets.

Jacques, son père, est médecin. Il a la gaieté angoissée. Pour évoquer son enfance, il s'enferme dans un silence intransigeant. Pourquoi ?

Lorsqu'il disparaît, Marie hérite d'une enveloppe. Dedans, des lettres d'amour à l'orthographe incertaine, et une supplique, griffonnée au crayon, en 1943 : " N'oublie pas l'enfant. " Qui l'a écrite ? Et à qui s'adresse-t-elle ?

Quatre destins se rencontrent dans ce récit. Un secret les lie qui, aujourd'hui encore, stupéfie.

La Promesse dit l'amour filial, l'instinct de survie, la violence née du silence, et la réconciliation entre des générations. 

Mon avis:

        C'est par le biais d'un club de lecture organisé par les éditions Pocket pour nous présenter la collection des Révélations et plus particulièrement "La promesse " en présence de Marie de Lattre que j'ai découvert ce livre que je ne connaissais pas. Et heureusement que le format poche permet de donner une seconde lumière sur les livres, car ce titre, qui est un témoignage de l'autrice m'a tout de suite donné envie de le lire. Marie de Lattre va ainsi rompre la promesse faite à son père afin de raconter ce double secret de famille, qui a été et qui reste un sujet tabou dans la famille. C'est par le biais de nombreuses recherches, de lectures, d'investigations et d'interviews que l'autrice a pu lever le voile sur cette aura mystérieuse entourant ses proches et les racines de sa famille. On retrouve un texte plein de sensibilité, mais étant très factuel, je n'ai pas ressenti énormément d'émotions. De plus, c'est un texte qui mériterait parfois plus d'explications et de longueurs, puisque l'on peut facilement s'emmêler les pinceaux. Cela reste une histoire aussi intéressante que fascinante.

Merci les éditions Pocket pour l'envoi de ce livre!

Points de vue/Critiques:

        L'autrice, Marie de Lattre, raconte l'histoire de sa famille dans ce livre, en ne cachant ni les prénoms, ni les faits. Tout est ainsi véridique et tout part d'une promesse qu'elle a faite à son père lorsqu'elle avait treize ans lors d'un dîner au cours duquel il va se livrer pour la seule et unique fois sur un secret qu'il a toujours tenu comme tel jusqu'à cet instant. Il lui confie alors que ses origines n'est pas ce qu'il laisse penser et que son histoire est lié à la Seconde Guerre Mondiale et à la déportation des Juifs. Je ne veux pas volontairement en dévoiler plus sur ce secret, mais l'autrice range ces confessions dans un coin de sa tête jusqu'à ce que son père décède et qu'il lui laisse en héritage une lettre qui va raviver ce souvenir et ce secret. Afin de donner des bases solides à ses filles, l'autrice entreprend alors progressivement de raconter sur papier toute l'histoire de sa famille. Entre le secret qu'elle trahi et cette volonté de se libérer de ces chaînes, on retrouve tout le long de ce témoignage cette ambivalence chez l'autrice. Mais c'est un véritable devoir de mémoire, un chemin de croix qu'elle entreprend afin d'honorer sa famille, biologique et adoptive, qui a été courageuse durant cette période sombre de la Soah.

        C'est donc sur ses quatre grands-parents que s'arque surtout ce récit. On va apprendre à la connaîtra avant la guerre puis découvrir ce qu'il s'st réellement passé au moment de la déportation. Et c'est finalement un secret dans le secret de famille que l'on découvre et j'ai été étonné, aussi bien des faits que de l'audace et l'ouverture d'esprit qu'on pu avoir ces personnes. Mais pour raconter tout ceci, au delà du fait qu'il est très intéressant de découvrir cette histoire, il y a finalement très peu d'émotions qui jaillissent vers le lecteur. En effet, on ressent que c'est une histoire, un récit très intime pour l'autrice mais l'écriture est finalement très factuelle et parfois hachée. Et puisque l'on va à l'essentiel dans des phrases souvent courtes, les situations manquent parfois d'explications et mériteraient plus de longueur. Je me suis interrogée plus d'une fois sur les situations et/ou sur les personnes. 

        Dans la même veine, ce livre m'a fait pensé à "La carte postale" de Anne Berest, puisque les autrices partent à la recherche de l'histoire de leur famille. Et tout comme pour ce livre, qui sont avant tout très personnels, les émotions ne passent pas vers le lecteur. Mais cela restent des livres importants et nécessaires, et "La promesse" est une jolie histoire d'amour(s), de filiation, d'héritage, de sacrifices et de dénouement dans lequel une fille fait un très beau cadeau à son père en lui rendant un hommage posthume, ainsi qu'à ses grands-parents.

En bref:

        Dans ce témoignage très intime et personnel, Marie de Lattre va rompre la promesse faite à son père afin de raconter ce double secret de famille, qui a été et qui reste un sujet tabou dans la famille. Par le biais de nombreuses recherches, l'autrice lève ainsi le voile sur cette aura mystérieuse entourant ses proches et les racines de sa famille.  Entre le secret qu'elle trahi et cette volonté de se libérer de ces chaînes, on retrouve tout le long de ce témoignage cette ambivalence. Mais c'est un véritable devoir de mémoire, un chemin de croix qu'elle entreprend afin d'honorer sa famille, biologique et adoptive. C'est autour de ses quatre grands-parents que s'arque surtout ce récit très intime. On retrouve un texte plein de sensibilité, néanmoins, l'écriture très factuelle et parfois hachée fait en sorte que les émotions ne passent pas vers le lecteur. De plus, c'est un texte qui mériterait parfois plus d'explications et de longueurs, puisque l'on peut facilement s'emmêler les pinceaux. Cela reste une jolie histoire  d'amour(s), de filiation, d'héritage, de sacrifices et de dénouement dans lequel une fille fait un très beau cadeau à son père en lui rendant un hommage posthume, ainsi qu'à ses grands-parents.

J'ai rendez-vous avec toi (Lorraine Fouchet)

Nationalité de l’auteur: Française

Editions Le Livre de Poche (31 mars 2021)

numéro 36088

301 pages

ISBN-10:‎ 2253077747

ISBN-13:‎ 978-2253077749

Genre: Biographie

Lu le: 9 Février 2022

Ma note: 15/20

 

 

Résumé/4^ème de couverture:

« J’ai feuilleté tes agendas de 1944 à 1974. J’ai lu la page de ma naissance. Celle de ta mort. Et la suivante. Tu avais prévu de me téléphoner. »

Lorraine Fouchet a dix-sept ans quand son père meurt d’un infarctus. Ils avaient trouvé le temps de s’aimer, mais pas celui de se parler. Aujourd’hui, Lorraine renoue avec le passé et perce ce trop long silence. En puisant dans les souvenirs personnels et les archives publiques, elle offre le portrait intime et original d’un héros, Christian Fouchet, résistant et gaulliste de la première heure.

Entre confidences, humour et hommage, J’ai rendez-vous avec toi est une déclaration d’amour, un voyage à travers quarante ans d’histoire de France, une biographie qui s’apparente à un roman d’aventures, où s’inviteraient Saint-Exupéry, André Malraux ou Alexandra David-Néel.

Mon avis:

            Adorant tous les livres de Lorraine Fouchet, j'achète les yeux fermés, à chaque sortie poche sans véritablement savoir de quoi parlera l'histoire. Et "J'ai rendez-vous avec toi" est sûrement le livre le plus intime de l'autrice, puisque ce livre s'apparente plutôt à une biographie sur son père, Christian Fouchet. Le roman est construit sur une sorte de dialogue entre le père et la vie, permettant de retracer les grandes lignes de leurs vies respectives. Je ne m'attendais à aimer autant ce récit de vie et j'ai adoré découvrir la vie de cet homme fascinant qu'était Christian Fouchet.

Points de vue/Critiques:

             Lorraine Fouchet évoque régulièrement et avec beaucoup de passion et de tendresse, son père, Christian Fouchet, dont elle voue une admiration sans borne et qu'elle a perdu brutalement alors qu'elle n'avait que dix-sept ans. Dans cet ouvrage, elle donne la possibilité aux lecteurs de découvrir qui était vraiment cette figure admirable paternelle afin de connaître cet homme si extraordinaire qui se cachait et qui inspirait bien souvent les récits de l'autrice.

            Le roman est construit sur une sorte de dialogue entre l'autrice et son père: en retraçant les grandes étapes de la vie de son père dans des chapitres consacrés à celui-ci, l'autrice lui répond en faisant un parallèle avec sa propre vie, créant une alternance de chapitres et de points de vue. Lorraine Fouchet évoque donc avec beaucoup de tendresse son enfance, ses parents, ses souvenirs de petite fille espiègle puis ses ambitions professionnelles ainsi que les promesses faites à son père et qui détermineront son avenir. Dans cette introspection très personnelle, on ressent à chaque instant l'émotion qui est palpable à chaque page, puisque l'autrice choisi ses mots emprunts de beaucoup d'amour, de respect et de fascination. De l'autre côté, grâce à ses souvenirs personnels mais aussi grâce aux archives publiques, l'autrice nous fait découvrir son père, un homme aussi bienveillant que fascinant. Il a endossé de multiples casquettes au cours de sa carrière, allant même jusqu'à être ministre de l'Intérieur. J'avoue que je ne connaissais pas cet Homme, mais j'ai été fasciné de découvrir sa personnalité et surprise de constater tout ce qu'il a pu accomplir pour la France, dont son héritage perdure encore aujourd'hui. On découvre ainsi un homme gentil, juste et bienveillant (notamment en politique où les coups bas et les critiques et insultes envers ses concurrents étaient inconcevables pour lui et où l'amitié et le respect étaient ses lignes de conduite), ami proche et de confiance du Général de Gaulle, qui est allé au coeur des conflits par devoir et honneur, qui a révolutionné l'Education Nationale en offrant des structures accessibles à chacun (les CES notamment) et en créant des diplômes pour bagages (le brevet et le bac), et qui était l'ami de Antoine de Saint-Exupéry, André Malraux ou encore Alexandra David-Néel. C'est tantôt avec son regard de fille, tantôt de manière plus détachée et factuelle que Lorraine Fouchet nous dresse le portrait de son père, mais elle nous donne véritablement envie de le connaître davantage et de le côtoyer.

En bref:

         "J'ai rendez-vous avec toi" est un roman différent de la bibliographie de Lorraine Fouchet et sûrement le plus intimiste, car il s'agit d'un vibrant et touchant hommage de l'autrice envers son père, Christian Fouchet. Dans ce récit qui est construit selon une sorte de dialogue entre la fille et le père, l'autrice donne la possibilité aux lecteurs de découvrir qui était vraiment cette figure admirable paternelle afin de connaître cet homme si extraordinaire qui se cache et qui inspire bien souvent les récits de l'autrice. On y découvre ainsi un homme exemplaire et fascinant que se soit à travers sa carrière politique remarquable aux côtés de son ami De Gaulle ou à travers sa personnalité bienveillante et honnête. A la manière d'une biographie qui s'apparente aussi à un roman d'aventure, on ressent à chaque instant l'émotion qui est palpable à chaque page, puisque l'autrice choisi ses mots emprunts de beaucoup d'amour, de respect et de fascination. Un joli portrait, intime et original, qui dresse le portrait d'un héros que l'on aurait aimé connaître.

Tamara par Tatiana (Tatiana de Rosnay)

Nationalité de l’auteur: Française

Editions Pocket (10 novembre 2021)

numéro 18444

288 pages

ISBN-10:‎ 2266321544

ISBN-13:‎ 978-2266321549

Genre: Biographie

Lu le: 20 Décembre 2021

Ma note: 16/20

Résumé/4^ème de couverture:

Talentueuse, ambitieuse, magnétique, arrogante, rebelle et artiste... 

Depuis qu'elle a posé les yeux, à 15 ans, sur une toile de Tamara de Lempicka, Tatiana de Rosnay n'a cessé d'être fascinée par son œuvre et sa vie : au volant de sa Bugatti verte, la reine des Années folles y construit déjà sa propre légende, faite de scandales et de secrets, d'élégance totale et d'exils constants. 

Une vie plus grande que la vie, que la romancière restitue pour nous avec la passion intacte de son premier choc esthétique.

Mon avis:

        Si je connaissais vaguement de visue un des tableaux de Tamara de Lempicka, je ne connaissais pas du tout, ni l'artiste, ni la peintre, ni la femme qu'elle était. Mais parce que j'aime beaucoup ce que fait Tatiana de Rosnay et qu'elle a écrit cet ouvrage, s'apparentant succinctement à une biographie, en effectuant des parallèles avec sa vie d'autrice, j'avais très envie de découvrir ce livre. J'avais hâte de retrouver la plume de Tatiana de Rosnay dédiée à une femme qui la fascine et d'avoir plus de connaissances sur cette figure féminine. J'ai dévoré cet ouvrage en une journée et je l'ai adoré. Entre sa construction, son côté intimiste et la découvert de Tamara, tout m'a fasciné, plu et c'est même un petit coup de coeur que je ne suis pas prête d'oublier.

Points de vue/Critiques:

            Tatiana de Rosnay découvre la peintre Tamara de Lempicka par une de ses oeuvres les plus connue "Autoportrait dans la Bugatti" et de là, née une certaine fascination, teintée de beaucoup de questions. Cette aura mystérieuse donnera naissance à ce livre, une biographie aussi synonyme d'une rencontre artistique entre une artiste et une auteure. 

Autoportrait dans la Bugatti – Tamara de Lempicka – 1929

        Dans cette biographie totalement atypique et qui dépoussière le genre (avec cette idée que l'on se fait tous d'une biographie revenant ligne après ligne et date après date sur chaque détail de la vie en question faisant en sorte d'avoir un gros pavé à la fin) Tamara tutoie Tamara afin de la questionner, de la dévoiler et de l'interroger et l'apostropher sur ses choix de vie. Cela donne quelque chose de très intimiste avec une impression que l'on est très proche de l'artiste aujourd'hui disparue, beaucoup plus que de l'autrice. Et en même temps, on n'a de sentiment d'intrusion ou de voyeurisme. L'exercice n'est pas évident et le dosage parfaitement juste est fascinant et épatant. 

        La vie de Tamara de Lempicka m'a fasciné. Entre son style de peinture bien particulier qu'elle a eu du mal à trouver, ses inspirations, son succès prestigieux, sa vie d'artiste dans les années 20 à Paris parsemée de plein d'abus, puis sa lente et progressive descente aux enfers résultant d'une non remise en question au vue du changement de moeurs au moment de l'après-guerre. On découvre que sa réussite est aussi flamboyante que sera son retour à l'anonymat. Et l'on a alors presque pitié d'elle puisque l'on se rend compte que son succès n'a été qu'éphémère que parce qu'elle n'a pas su et pas voulu évoluer avec son temps, qu'elle a voulu rester sur ses convictions, butée comme jamais. On va la suivre jusqu'à la fin de ses jours et comme beaucoup d'artistes, on découvre qu'elle aura encore plus de célébrité et de renom, des années encore après sa disparition.

        Ce livre est un hybride puisqu'en plus de la biographie de Tamara, c'est aussi une sorte d'autobiographie de Tatiana. En effet, l'autrice fait régulièrement des liens avec sa propre vie. Mais ces petits appartés sont minoritaires, une belle façon de ne pas se mettre plus en avant que l'héroïne du livre, une retenue salvatrice et honorable.

En bref:

         Ce petit ovni livresque est une superbe lecture aux portes du coup de coeur. Mais c'est avant tout une expérience, une rencontre. En effet, Tatiana de Rosnay va nous parler de sa découverte d'une artiste de choix qui l'a toujours fasciné: Tamara de Lempicka. Cette aura mystérieuse donnera naissance à ce livre hybride et atypique, une biographie de Tamara et une autobiographie de Tatiana, synonyme d'une rencontre artistique entre une artiste et une auteure. En tutoyant Tamara, Tatiana va la questionner, la dévoiler, l'interroger et l'apostropher sur ses choix de vie. On y découvre une femme extraordinairement forte, tranchante, fatale, admirable mais aussi abusive. Une icône qui aura encore du renom bien après sa mort. Entre la narration et la construction, une ambiance chaleureuse s'installe durant tout la lecture et un sentiment d'intimité se diffuse largement, sans aucun sentiment d'intrusion et de voyeurisme. La plume délicate de l'autrice donne un dosage parfaitement juste qui est aussi fascinant et épatant que la vie de l'artiste disparue. Ne passez pas à côté de cette oeuvre littéraire pour ne pas passer à côté non plus de cette illustre artiste et femme. 

Ni vues ni connues (Collectif Georgette Sand)

Nationalité des auteurs: Française 

Editions Pocket (7 Mars 2019) 

352 pages

ISBN-10: 226628679X

ISBN-13: 978-2266286794 

Genre: Biographie

Lu le: 18 Décembre 2020

Ma note: 17/20 

 

Résumé/4^ème de couverture: 

Comprendre pourquoi il n'y a pas ou peu de femmes dans les livres d'histoire. Aider les femmes à ne pas tomber dans le mécanisme de l'invisibilisation. Pourquoi les noms comme les exploits des femmes n'apparaissent-ils ni sur les plaques des rues ni dans les manuels scolaires ? N'auraient-elles donc rien fait qui vaille la peine qu'elles soient reconnues ? Pourtant, de plus près, en balayant les légendes, en soulevant les tapis, en fouillant les placards, on découvre que l'Histoire qui est enseignée n'a pas retenu le nom de la femme qui affirme l'existence du système solaire avant Galilée, invente l'art abstrait avant Kandinsky, ou théorise les pulsions de mort avant Freud...Mais pourquoi, et surtout comment ? En décortiquant les mécanismes qui ont fait tomber les 75 femmes de ce livre aux oubliettes, le collectif Georgette Sand met en lumière sur un ton décalé ce qui a été occulté, spolié ou fantasmé. Il révèle également que ce qui rend invisible n'est pas une fatalité et peut même être désamorcé très simplement : pour être reconnues, il faut être connues, et pour être connues, il faut être vues.

Mon avis: 

            Cela fait un petit moment que j'avais vu ce livre passé et que je voulais me le procurer sans véritablement le trouver mis en avant en librairie. Je crois que de façon générale, ce livre est passé un peu inaperçu... Et c'est vraiment vraiment dommage, tant ce livre devrait être lu par beaucoup d'entre nous, pour à la fois étoffer ses connaissances, être surpris, accentuer son caractère critique mais aussi pour être acteur de cette diffusion féministe nécessaire.

Points de vue - Critiques: 

            Dans la lignée des bandes-dessinées de Pénélope Bagieu "Les culottées", "Ni vues ni connues" du collectif Georgette Sand reprend le même principe, mais sous forme de roman poche, et toujours accessible à tous! On découvre des portraits de femmes bien souvent méconnues et surtout oubliées de la grande Histoire...!!! Ce livre est plus qu'intéressant: il permet de redonner leurs lettres de noblesse à toutes ces femmes malheureusement et volontairement oubliées et rien que par le principe de réhabiliter un tant soit peu ces femmes, on ne peut que louer cet ouvrage! 

            L'ouvrage est superbement bien réalisé. Même si les récits sont écrits par des autrices différentes, pour chacune des 75 femmes qui ont existé à différentes époques, de l'Antiquité au 20ème siécle, on retrouve une courte biographie sur 3 pages. Mais pas de panique, puisque la vie de cette femme est plutôt survolé, on n'entre pas véritablement dans les détails. On nous résume les faits marquants de sa vie et surtout en quoi elle est une femme exceptionnelle et comment et pourquoi (parce qu'elle est une femme) elle a été écarté du chemin de la reconnaissance. Ces petites biographies apportent suffisamment d'éléments pour comprendre en quoi ces femmes sont inspirantes et fascinantes afin que chacun se renseigne par la suite si l'on veut en apprendre davantage. Une photo et tous les éléments biographiques (date de naissance, date de mort, nationalité et profession) agrémentent chaque portrait et j'ai beaucoup aimé cette présentation synthétique. De plus, on retrouve une grande hétérogénéité dans les arts et professions de ces femmes: elles sont en effet classées suivant qu'elles sont politiques, scientifiques, artistes, aventurières, militantes ou même "méchantes"! Enfin, et non des moindres, on retrouve énormément d'humour dans ces petits biographies: les différentes autrices ponctuent leurs descriptions d'humour acerbe en prenant la lectrice à partie. C'est percutent et c'est vraiment drôle!  

                Ces femmes sont stupéfiantes pour certaines, admirables pour d'autres, parfois suspectes, mais elles sont toutes fascinantes et inspirantes. A leur époque et dans leur lieu, elle évoque un combat, une aventure ou parfois, on découvre des femmes exemplaires mais résignées à cause de leur environnement mysogyne qui nécessite courage et opiniâtreté pour arriver à ses fins et faire entendre sa voix et ses actions. Révolte et admiration se mélange donc parfois en découvrant certains portraits. Hormis une ou deux femmes, j'avoue que je ne les connaissais absolument pas et je suis bien contente de ressortir de cette lecture avec plus de connaissances féministes et avec le sentiment de devoir, peut-être, être une nouvelle actrice pour continuer de véhiculer la découverte de ces femmes exceptionnelles. 

En bref: 

            Le collectif Georgette Sand nous offre un superbe ouvrage aussi inspirant que féministe. On nous présente 75 portraits de femmes aussi exceptionnelles, que fascinantes, venant de toutes les époques et de tous les horizons. Qu'elles soient politiques, scientifiques ou militantes, les courtes biographies sont parfaitement complètes puisque après avoir retracé sa vie, les différentes autrices nous montrent en quoi et comment ces femmes ont été volontairement oubliées de la grande Histoire, parce qu'elles sont femmes et que ces dernières n'ont pas droit à la reconnaissance pour être en phase avec l'environnement misogyne qui nécessite courage et opiniâtreté pour arriver à ses fins et faire entendre sa voix et ses actions. Ainsi pour être connues, il faut être vues! Alors, à vous de vous procurer cette lecture nécessaire, importante et passionnante afin d'être à votre tour acteur et actrice de la diffusion de ces portraits pour redonner la place que ces femmes oubliées méritent, car il n'est jamais trop tard!