Le dernier sommeil de l'ourse (Sophie Jomain)

Nationalité de l’auteur: Française

Éditions Charleston (28 février 2023)

272 pages

ISBN-10:‎ 2368128123

ISBN-13:‎ 978-2368128121

Genre: Contemporain

Lu le: 30 Mars 2023

Ma note: 16/20

Résumé/4^ème de couverture:

        Après 17 ans de séparation, Abby revient en Alaska, sur l'île du Prince de Galles. Elle avait 14 ans quand elle a quitté sa mère, Emma Kart, avec qui elle ne s'entendait pas. Emma est veuve, malade, seule et incapable de vivre dans un lieu aussi hostile. Mais elle n'a pas l'intention de partir. Elle doit affronter sa fille qui est obligée de prendre une décision importante.

Mon avis:

        J'ai adoré ce livre de Sophie Jomain qui s'avère court mais terriblement intense. Cette histoire est un concentré d'émotions et va plutôt à contre-courant dans les thématiques abordées. Le principal tourne autour des relations très difficiles entre mère et fille, auxquels viennent se greffer la maladie, la maternité et la non-maternité, le deuil et la résilience. Les émotions sont donc au rendez-vous dans ce roman qui prend aux tripes et au cœur. L'intensité de cette histoire se révèle d'autant plus forte qu'elle se déroule dans un endroit totalement isolé et improbable qu'est cette petite île de l'Alaska et qui offre un dépaysement aussi magique qu'effrayant. 

Merci beaucoup aux éditions Charleston pour l'envoi de ce livre!

Points de vue/Critiques:

         Ce récit m'a très rapidement embarquée et conquise grâce au dépaysement exceptionnel qu'il nous propose. En effet, l'autrice place son histoire dans un lieu étrange, inédit et insolite: l'île du Prince de Galles, une petite île isolée au bout du monde, en Alaska. Et je peux vous dire que le voyage est totalement réussi tant l'autrice a parfaitement réussi à retranscrire cet environnement magique, à travers sa faune, sa flore et ses habitants qui vivent en harmonie et au rythme des saisons, par le biais de descriptions savamment dosées et disséminées par ci par là. Dans le froid et la neige, la chaleur des habitants réchauffent les cœurs avec leur manière de vivre presque hors du temps mais tout en ayant la modernité. On vit à travers leur rythme, calqué sur la nature, avec les moyens de transport adéquat et les moyens de ravitaillement et de communication adaptés. On a vraiment l'impression de vivre parmi eux, de manière simple mais avec tout ce qu'il faut pour vivre basiquement. L'autrice nous dépeint à merveille ces grands espaces naturels qui nous fait prendre un grand bol d'air frais à chaque page tournée.

        Après de très nombreuses années sans y avoir mis les pieds et sans avoir eu le moindre contact avec sa mère Emma, Abby va être contrainte de revenir sur l'île afin de s'occuper et décidé de l'avenir de sa mère, son père venant de décédé. On ressent aisément toute la crainte et l'appréhension d'Abby face à ce voyage et face à cette mère qui l'attend, tant leur relation a toujours été compliquée. Car Emma a toujours faire preuve d'une absence d'amour envers sa fille, ne l'ayant jamais désirée. L'autrice nous surprend une fois de plus en abordant un sujet osé et trop peu exploité: la non-maternité, le rejet de l'enfant et les liens difficiles qui s'ensuivent. La relation entre les deux femmes va donc nous tenir en haleine car la mère d'Abby n'est pas uniquement dépeinte comme un personnage antipathique sans fondement. On est curieux d'en apprendre plus sur l'une comme sur l'autre, chacune cachant certaines choses. Les combats d'Abby et d'Emma sont intéressants et nous permettent d'aller de surprises en surprises et de thématiques en thématiques.

        Les explications viennent progressivement et au fil de leur révélation, c'est le fil tendu entre Abby et Emma qui devient moins rêche, plus lâche avec une sorte d'apaisement et de compréhension qui se met en place et qui permet aux deux femmes de renouer le dialogue. J'ai adoré suivre leur apprentissage sur cette voie de la rédemption, qui est certes semée d'embûches, où rien n'est facile et où tout s'effectue petit à petit. Le deuil, l'amour et la résilience vont petit à petit apparaître dans cette histoire et provoquer des vagues déferlantes d'émotions. Tout est toujours nuancé, et comme les personnages, rien n'est jamais tout blanc ou tout noir, des ajustements et des concessions sont de mises. Même si le roman est assez court, j'ai eu l'impression d'assisté à une histoire de 500 pages tant l'histoire, tout comme les émotions véhiculées, sont fortes, denses et intenses. 

En bref:

         Avec ses 270 pages, "Le dernier sommeil de l'ourse" nous offre une histoire assez courte mais terriblement intense, avec un concentré d'émotions qui prennent aux tripes comme au cœur. Le sujet principal de ce récit reste la relation compliquée entre une mère et sa fille, mais l'autrice aborde des thématiques parfois osées et peu exploitées comme la non-maternité, le rejet de l'enfant ou encore la maladie, le deuil et la résilience. La relation entre Abby et sa mère Emma nous tient en haleine car on est curieux d'en apprendre plus sur l'une comme sur l'autre. Les personnages, tout comme les situations et les sentiments sont toujours nuancés et les combats des deux femmes sont intéressants à suivre dans leur évolution. Ils permettent d'aller de surprises en surprises et de thématiques en thématiques. L'intensité de cette histoire se révèle d'autant plus forte qu'elle se déroule dans un endroit totalement isolé et improbable qu'est cette petite île de l'Alaska et qui offre un dépaysement exceptionnel, aussi magique qu'effrayant que j'ai adoré.