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mercredi 19 mai 2021

Le parfum de l'exil (Ondine Khayat)





Nationalité de l’auteur:
 Française 

Editions Charleston (14 Avril 2021)

384 pages

ISBN-10: 2368126171

ISBN-13: 978-2368126172

Genre: Contemporain; Historique

Lu le: 27 Avril 2021

Ma note: 15/20 




Résumé/4ème de couverture:

« Là où s’épanouit le jasmin se trouve la première clé. »


Tel est le dernier message laissé à Taline par Nona, sa grand-mère, qui l’a élevée, guidée, accompagnée à chaque étape de sa vie. Celle qui lui a appris à reconnaître tout un univers subtil d’odeurs – chèvrefeuille, amande, goudron… – et à les associer pour créer de nouvelles fragrances. Maintenant que Nona est morte, Taline, terrassée par le chagrin, est seule à la tête de l’entreprise de parfums créée par sa grand-mère. Sous le massif de jasmin du jardin, elle découvre un carnet en cuir rédigé par Louise, son arrière-grand-mère. Au fil des pages, défile sous ses yeux tout un pan de son histoire familiale : le génocide arménien, la peur, l’horreur, l’exil, mais aussi l’espoir et la renaissance. En levant le voile sur les secrets et les traumatismes du passé, Taline cherche à se libérer enfin des cauchemars qui la hantent pour pouvoir vivre sa propre vie.

Mon avis:

        A la joie de voir Ondine Khayat publié dorénavant chez Charleston s'est succédé la déception d'avoir loupé de commander ce livre sur leur dernier catalogue. Quel n'a pas été la belle surprise de la voir arriver dans ma boîte aux lettres sur la demande d'Ondine!!! J'avais vraiment hâte de découvrir cette histoire que l'on devine immédiatement touchante et marquante et qui est le livre le plus personnel de l'autrice puisqu'il retrace en quelque sorte l'histoire de sa famille avec le génocide arménien. Sous ses airs forts de parfum et d'odeurs, ce roman est incontestablement inoubliable et invite à l'espoir et à la résilience.

Merci beaucoup Ondine et les éditions Charleston pour ce très bel envoi!

Points de vue/Critiques:

            Sur fond historique réel, cette histoire familiale très touchante met en avant les femmes et l'importance de la transmission de génération en génération. C'est à travers le passé familial de Taline, notre personnage principal que l'on va remonter dans le passé et découvrir l'histoire de Louise, son arrière grand-mère à travers ses carnets qui s'avèrent bouleversant. En effet, Louise avait 14 ans quand le génocide arménien est survenu. La vie calme, paisible et confortable de la jeune fille a dés lors basculer pour ne jamais revenir à quelque chose de serein. On connait finalement assez peu de choses sur le conflit arménien et l'on découvre alors l'horreur comme dans toutes les guerres. Le récit de la vie de Louise à partir de ce moment est très douloureux et l'on souffre régulièrement pour elle. Son enfance a été brisé par l'horreur et elle deviendra une femme brisée en gardant une trace indélébile toute sa vie.

            Dans les faits, si le génocide arménien arrive dans les premières pages du roman, c'est un point de départ et finalement un fil rouge tout le long du récit tant ses conséquences sont nombreuses. J'ai aimé retrouver ces autres sujets qui découlent de ce drame initial. Avec Louise, on va ainsi aborder le total désamour d'une mère. Dire qu'une femme est faite pour être mère, que l'instinct maternel est inné, qu'une mère aime son enfant de manière inconditionnelle etc... tout ceci est remis en question avec Louise qui se révèle être totalement à l'opposé de ces idées fixes. En étant à contre-courant de ces mantras, elle montre à quel point un évènement traumatique peut être percutant et insidieux dans une vie, même des années plus tard. Et puis évoquer un tel sujet, le rejet d'une mère envers son enfant est totalement atypique, inédit et vraiment intéressant! 

            En toute logique, ce désamour maternel va impacter les générations suivantes. Ainsi, la boucle de l'histoire de Louise est bouclée avec Taline en abordant la transmission de génération en génération. Un autre aspect thématique de l'histoire que j'ai beaucoup apprécié. On se rend compte à quel point la manière dont on a été élevé et aimé sera tout aussi transmissible que l'est la génétique.

        L'autre thématique fort de ce roman c'est les parfums et les odeurs. Le lecteur est constamment enveloppé par quantité d'odeurs tout le long du récit grâce à la plume poétique et descriptive de l'autrice. Même avec beaucoup de descriptions, il est quand même assez difficile d'imaginer et de ressentir ces odeurs durant la lecture. Alors suivre le processus d'imaginer une association de plusieurs odeurs pour créer un parfum comme peut le faire Taline est vraiment compliqué et je dois avouer que non seulement j'ai été incapable de m'immerger dans ces parfums, mais en plus, j'ai parfois trouvé très long ces descriptions, au point de parfois sauté quelques passages. La plume poétique de Ondine Khayat l'est tellement qu'elle est parfois déstabilisante et trop présente. J'ai eu des moments de lourdeur avec les nombreuses métaphores par toujours très claires. Mais passé ce petite temps d'adaptation, on se laisse très vite prendre au jeu. A l'opposé, l'autrice utilise parfois une plume très dure et très visuelle pour parler des horreurs et cela est d'autant plus traumatisant et percutant. De façon générale, utiliser de doux mots pour raconter les souffrances indescriptibles est une belle prouesse.

En bref:

            Avec "Le parfum de l'exil", Ondine Khayat nous livre une histoire personnelle dans ce récit aussi dur que touchant qui prône l'espoir et la résilience. Avec Louise et Tajine, des femmes exemplaires, on va retracer l'histoire de leur famille indéniablement marquée par le génocide arménien. En abordant en plus, les thèmes du désamour d'une mère et de la transmission de génération en génération, l'autrice montre à quel point des phénomènes douloureux laissent des traces indélébiles et se transmettent tel que peut l'être la génétique.  On notera également que tout le long du récit, on flotte dans des airs de parfums et d'odeurs, très présentes et très décrites, mais parfois difficiles à imaginer et à s'en imprégner. La plume tantôt très poétique, tantôt très dure et visuelle met en lumière la prouesse de l'autrice à employer de doux mots pour raconter des souffrances indescriptibles. Un récit marquant, bouleversant et inoubliable qui apporte une jolie sensibilité et un délicat hommage au peuple arménien.

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