Nationalité de l’auteur: Syrienne
Editions Pocket (18
Octobre 2018)
numéro 17226
128 pages
ISBN-10: 2266284819
ISBN-13: 978-2266284813
Genre: Drame, Témoignage
Lu le: 29 Octobre 2018
Ma
note: 18/20
Résumé/4ème de couverture:
Syrie, 2011.
Prise en étau entre les exactions d'un dictateur et la barbarie de l'État
islamique, Raqqa souffre en silence. Sur Facebook, pourtant, une jeune femme
prend la plume. C'est une résistante, une intellectuelle, une amoureuse. Elle
raconte l'enfer d'un peuple, son quotidien de combats, de terreurs – son espoir
aussi. Le symbole d'une ville, d'un pays tout entier. Antigone moderne, elle en
partagera le destin : dénoncée en 2015, elle mourra exécutée dans les geôles de
Daech.
Journal de
bord et testament, Seule dans Raqqa est plus qu'un témoignage
: un chant de liberté
Mon avis:
« Seule dans Raqqa » est
typiquement le genre d’ouvrage que je n’aurais pas lu spontanément, mais qui
offre un témoignage (via une enquête)
foudroyant! Merci donc aux éditons Pocket pour cet envoi et pour m’avoir sorti de ma zone de confort, contente
d’avoir pu découvrir ce petit ouvrage. Dans la démarche et dans la thématique,
ce livre est à rapprocher du livre « Les passeurs de Daraya ». Ainsi, si vous n’y voyez pas très clair dans
tout ce qui se passe au Moyen-Orient entre la Syrie, le régime, Daech, etc via
les médias et les journalistes pas toujours explicatifs, ces livres vous
permettent non seulement d’avoir des explications
claires et comprendre la situation, mais en plus, ils se positionnent au
coeur du conflit en donnant la parole
aux habitants sur place. Pas de jugements, pas d’interprétations, on donne
une sorte d’écho à la parole de ces gens vivants et combattant au coeur du
conflit et de l’oppression.
Points de vue/Critiques:
La génése et
la construction de ce livre est belle,
dérangeante et hors du commun en même temps. En effet, l’autrice, Hala Kodmani, est une journaliste
syrienne, qui a entendu parler de l’héroïne de ce livre, Nissan Ibrahim, après la mort de cette dernière, pour avoir
dénoncer et combattu le régime Syrien et Daech sur les réseaux sociaux. En
effet, Nissan, qui se cache derrière ce pseudo, a régulièrement publié ses
idées ou tout simplement relaté les faits de guerre dans Raqqa, sur Facebook.
Personne n’a jamais vu son visage, personne ne connait son vrai nom. Elle
parle, dénonce, aide, manifeste, s’insurge, espère, mais elle sait que plus ça
va, et plus l’étau se resserre autour d’elle. Les menaces de mort à son
encontre ne seront bientôt plus des menaces. Elle sera exécutée au début de
l’année 2016 par Daech. Sa mort et sa véritable identité seront rapportées par
les journalistes du monde entier.
Hala Kodmani a
donc décidé de mettre en lumière la
résistance ce Nissan, la plume de cette dernière l’ayant transformée en
héroïne. Mais pour cela, n’ayant jamais rencontré Nissan qui opérait de façon
solitaire, l’autrice est là pour relater
les faits, reconstruire le puzzle
des actions de Nissan. Ainsi, certains trous temporels sont présents, des
interrogations et des questions pressent en suspense et ne trouveront jamais
leurs réponses. C’est donc un récit réel
de vie, recoupé par les proches de cette « martyr » mais qui ne
répond pas à toutes les questions sur l’étrange destin de Nissan Ibrahim.
Un peu à la
manière d’Anne Franck et de son journal, mais dans l’air du temps avec une
version 2.0, Nissan va nous faire vivre son quotidien à Raqqa, peuplé
d’exécutions, de brimades, de persécutions, de tortures, de bombardements et de
privations. On comprend également l’attachement que Nissan a pour son peuple,
sa ville, sa famille, son travail et sa féminité. Elle n’a pas besoin de
longues explications ou de mots multiples pour nous faire comprendre la
situation et son ressenti: elle va à l’essentiel, droit au droit. C’est brut et percutant. Elle veut et
restera maîtresse de ses idées, de ses espoirs et de ses idéaux et elle restera
toujours lucide par rapport à ça et au régime au pouvoir puisqu’on retrouve une
jeune femme résignée et consciente de sa mort prochaine.
En bref:
Un
témoignage choc et foudroyant! La vie, ou plutôt la résistance héroïque de
Nissan Ibrahim est retranscrite et reconstruite d’après tout ce qu’elle a pu
laisser derrière elle et d’après certaines personnes qui l’ont connu,
puisqu’elle a fini par mourir pour son engagement, sans qu’on connaisse sa
véritable identité et sans qu’elle-même puisse se rendre compte de la portée de
ses actions. De nombreuses zones d’ombres persistent donc, mais Nissan fera
toujours partie de ses combattants, de ses résistants, de ses révolutionnaires
qui auront combattu à leur manière le régime oppresseur et totalitaire de la
Syrie et de Daech. Pour Nissan, c’est sa plume qui l’a transformé en
héroïne.
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