Nationalité de l’auteur: Française
Editions Bruno Doucey (18 Février 2016)
Collection Sur le fil
177 pages
ISBN-10: 2362290948
ISBN-13: 978-2362290947
Genre: Poésie, Historique
Lu le: 27 Mars 2017
Ma
note: 14/20
Résumé/4ème de couverture:
1916 : tranchée de première première
ligne, au lieu-dit le Bois des Buttes. Le 17 mars à 16 h, le sous-lieutenant Cointreau-whisky, alias
Guillaume Apollinaire, engagé
volontaire, est atteint à la tempe par un éclat
d’obus alors qu’il lit une revue littéraire. La revue qu’il tenait au
moment de l’impact, annotée de sa main, vient d’être retrouvée en Bavière.
C’est du moins ce que prétend l’auteur de ce récit. Les 24 h qui précèdent
l’impact y sont relatées heure par heure, en un cruel compte à rebours qui condense le drame humain en train de se
jouer au fond de cette tranchée et le bouleversement qu’il entraîne dans l’âme
d’Apollinaire. Car cette journée va être capitale pour la poésie.
Mon avis…:
« Les
obus jouaient à pigeon vole » fait parti de la sélection pour le prix littéraire Cézam. Mais comme je
suis juré pour la sélection BD, je ne me suis pas vraiment intéressée par la
sélection roman. Mais lors d’une rencontre avec l’auteur dans le cadre de ce
prix, j’ai demandé un partenariat avec la maison d’édition, puisque ce livre
m’a fortement intrigué.
En sachant que
ce n’est pas du tout mon genre de prédilection, autant vous dire que Raphaël
Jérusalmy a parfaitement suscité
l’intérêt!
En effet,
pendant 1h30, il nous a expliqué l’histoire
de son livre, de la genèse avec la maison d’édition à la finalité de
l’histoire en passant par sa construction, son but, ses corrections etc…
L’auteur nous a ainsi vraiment expliqué ce livre sans jamais avoir ce but de
« vendre » le livre (le prix littéraire repose sur des emprunts et
non sur des ventes, il n’y a donc pas ce but initial, mais peut-être final s’il
obtient le prix, de vente du livre). Et avec la personnalité très naturelle,
chaleureuse, humaine et généreux de l’auteur, ce dernier réussi parfaitement,
et sûrement inconsciemment, a nous faire envie de découvrir son livre. A noter
qu’une personne ayant déjà lu ce livre au moment de cette rencontre, a eu envie
de le relire, ayant eu l’impression d’être passée à côté d’après toutes les
explications de l’auteur. Si ça, ça n’est pas révélateur de cette généreuse
rencontre…!
La maison
d’édition Bruno Doucey, que je
remercie vivement pour ce partenariat et cet envoi, spécialisée dans la poésie
a contacté Raphaël Jérusalmy pour écrire un livre afin d’étoffer leur nouvelle collection « Sur le
fil » dans laquelle on retrouve des romans où le destin d’un poète croise la grande Histoire.
À partir du
moment où Guillaume Apollinaire reçoit ce fameux éclat d’obus dans la tempe,
l’auteur imagine comment cela va changer le 20ème siècle, siècle considéré
comme le plus sanglant et le plus violent de tous les temps. L’auteur se met
donc dans la tête d’Apollinaire et essaie d’imaginer ce qu’il a pu penser, ce
qu’il a pu ressentir. Apollinaire veut ainsi transformer le champ de bataille
en chant de bataille.
Raphaël
Jérusalmy a cherché à faire son plan
d’écriture et a tout simplement trouvé de revenir 24 heures avant l’impact
d’obus, soit 24 chapitres. Pour lui, les premières pages sont importantes car
elles donnent la musique du livre,
surtout quand on est dans le registre de la poésie. Mais quand on parle de
guerre et de tranchée, pas facile de trouver une jolie musicalité! Après chaque
passage, le lecteur peut retrouver une véritable
citation d’Apollinaire.
Points de vue/Critiques:
La poésie
telle que l’on s’imagine, celle que l’on apprenait par coeur étant plus jeune,
n’est pas réellement celle que l’on retrouve ici. On parlera davantage de poésie
des mots, comme seuls quelques auteurs contemporains savent manier (je pense
notamment à Mathias Malzieu). Et ce très
beau maniement des mots est davantage plus apprécié (et plus digeste pour
ceux qui seraient vraiment réfractaire) que les phrases écrites par l’auteur
sont courtes et d’autant plus percutantes. L’histoire avance alors assez vite
et le lecteur est donc rapidement embrigadé aux côtés des soldats.
L’auteur a
intégré dans son histoire, le côté Allemand avec le sergent Günter mais il a eu l’intelligence de ne pas le caricaturer
comme l’ennemi, le méchant mais l’a considéré comme n’importe quel homme, lui
aussi souffrant de cette guerre avec ses peurs, ses ressentis et ses
réflexions.
Une petite
chose m’a paru un peu gênante même si elle ne m’a pas pour autant mise sur le
côté, c’est que Guillaume Apollinaire est parfois cité par son surnom de soldat
(colonel Cointreau-Whisky), parfois par son véritable nom. Cette dualité est
sûrement utilisée pour distinguer le soldat du poète mais cela créer un certain
fossé entre ces deux personnalités alors qu’il s’agit de la même
personne.
En bref:
Une
jolie découverte de ce livre sous forme de cruel compte à rebours au fond d’une
tranchée qui constitue l’acte poétique de Guillaume Apollinaire. On a là un
roman caustique et tendre qui mêle parfaitement la boue et la poésie, la mort
et les mots, la fraternité des hommes et l’absolu poétique qui entraîne le
lecteur dans ces tranchés aux côtés des soldats pour quelques heures.
Autour du livre:
- L’auteur: Né en 1954, Raphaël Jérusalmy est né en France de parents immigrés avec un père Turc et une mère Russe. Diplômé de l’ENS, il a été par la suite agent de liaison israélien. Il vit aujourd’hui à Tel-Aviv où il est marchand de livres anciens. Il est également l’auteur de romans à succès tels que Sauver Mozart (Actes Sud, 2012) qui sera prochainement adapté en long métrage par Gérard Corbiau, La confrérie des chasseurs de livres (Actes Sud, 2013) et Denis Diderot, nom à l’ignorance (Actes Sud Junior, 2014).
- Livre en partenariat avec la maison d’édition et dédicacé lors du Salon du Livre de Paris 2017.
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