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jeudi 12 mai 2022

Un long, si long après-midi (Inga Vesper)




Titre original
The long, long afternoon

Traduction: Thomas Leclere

Nationalité de l’auteur: Allemande

Editions De La Martinière (4 mars 2022)

410 pages

ISBN-10:‎ 2732499250

ISBN-13:‎ 978-2732499253

Genre: Policier

Lu le: 13 Avril 2022

Ma note: 16/20




Résumé/4ème de couverture:

« Hier, j’ai embrassé mon mari pour la dernière fois. Il ne le sait pas, bien sûr. Pas encore. »


Dans sa cuisine baignée de soleil californien, Joyce rêve à sa fenêtre. Elle est blanche, elle est riche. Son horizon de femme au foyer, pourtant, s’arrête aux haies bien taillées de son jardin. Ruby, elle, travaille comme femme de ménage chez Joyce et rêve de changer de vie. Mais en 1959, la société américaine n’a rien à offrir à une jeune fille noire et pauvre. Quand Joyce disparaît, le vernis des faux-semblants du rêve américain se craquelle. La lutte pour l’égalité des femmes et des afro-américains n’en est qu’à ses débuts, mais ces deux héroïnes bouleversantes font déjà entendre leur cri. Celui d’un espoir brûlant de liberté.  

Mon avis:

            Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis car après m'avoir proposé et décliné cette proposition de service presse (trop de lectures et de nouveautés dans le même laps de temps), je suis revenue sur ma décision et décidé de l'accepter pour le lire, tant je voyais des premiers retours vraiment ultra positifs. L'autrice signe ici un très bon premiers roman qui s'apparente à un thriller domestique. L'ambiance est vraiment prenante et l'enquête n'est certes pas tellement surprenante, mais elle dénonce parfaitement la société des années 60 tout en mettant en avant des sujets forts et intéressants.

Points de vue/Critiques:

         Beaucoup de premiers retours et d'arguments marketing comparaient ce livre avec 3 monuments: Alabama 1963, La couleur des sentiments et Desperate Housewifes. Et pour une fois, ces promesses sont clairement bien présentes. On ressent très précisément chacune de ces inspirations et l'on est clairement dans les inspirations, dans les ambiances, dans les petites touches et aucunement dans le plagiat ou le copié-collé. Inga Vesper a donc réussi une sorte de tour de force, marquant et vraiment prometteur pour la suite. 

            L'histoire va nous entraîner dans l'atmosphère des années 50-60 aux Etats-Unis et c'est une véritable critique de la société américaine de l'époque qui va être dénoncée, une société engluée par la ségrégation raciale et la condition féminine. C'est ainsi que l'on découvre d'un côté Joyce, une américaine blanche, riche, qui est femme au foyer dans sa maison d'un beau quartier et de l'autre côté Ruby, Noire, qui travaille comme femme de ménage au sein de plusieurs maisons de ce quartier huppé. Mais derrière ces belles maisons et ces familles parfaites, lorsque l'on soulève les beaux tapis, des cadavres se dévoilent. Le vernis des faux-semblants va se fissurer à partir du moment où Joyce disparaît laissant des mares de sang dans sa cuisine. Une enquête va ainsi être menée par Ruby, bien placée pour fouiller dans l'envers du décor des maisons bourgeoises, et l'on va suivre tantôt la progression de l'affaire avec Ruby et les policiers, tantôt on va suivre Joyce dans tout ce qu'elle a réellement vécu avant ce jour fatidique. 

        Durant toute l'investigation, l'autrice met bien en avant les deux luttes majeures dont Joyce et Ruby sont les représentantes: l'égalité des femmes et des afro-américains. Chacune à leur façon, les deux héroïnes sont bouleversantes dans leur façon de crier, mais de façon silencieuse, leurs souffrances, leurs peines et leurs espoirs au monde entier. Et même si leur cause n'est pas tout à fait similaire, elles se ressemblent beaucoup. D'ailleurs, contrairement aux autres femmes du quartier qui traitent Ruby comme la plupart des Noirs qui étaient traités à cette époque, on découvre que Joyce sort complétement du lot. Elle considère Ruby comme son égale et son amie et leur relation est pleine d'espoir. 

        Aussi attachants qu'odieux, la palette de personnages est intéressante et est dépeinte justement. On s'interroge beaucoup durant tout le récit, de nombreuses questions surgissent, du suspense se créée, des réponses apparaissent parfois dans l'horreur. L'ambiance est vraiment captivante entre l'enquête en elle-même qui est menée et les thématiques qu'elle traverse. Si personnellement je n'ai pas trouvé le coupable, c'est que justement je n'ai pas pris le temps ou pas eu l'envie de m'interroger sur son identité. Mais force est d'avouer qu'il peut être aisément trouvé. Je n'ai pas donc été véritablement surprise, ce qui ne nuit en rien au plaisir de cette lecture. 

 Inga Vesper démonte petit à petit l’envers de l’idyllique décor californien.

En bref:

             La promesse de retrouver dans ce premier roman d'Inga Vesper les forces et l'ambiance de "Alabama 1963", "La couleur des sentiments" et "Desperate Housewifes" sont clairement au rendez-vous. Sans aucun plagiat ou copié-collé, l'autrice instaure à la perfection l'atmosphère des années 50-60 aux Etats-Unis et construit son histoire comme une véritable critique de la société américaine, engluée par la ségrégation raciale et la condition féminine. La palette de personnages est intéressante et est dépeinte justement. Joyce et Ruby sont deux héroïnes bouleversantes et représentent les deux luttes majeures mises en avant dans ce récit: l'égalité des femmes et des afro-américains. Avec cette ambiance captivante, l'enquête est tout aussi prenante. Le coupable peut-être aisément trouvé, mais ne nuit en rien au plaisir de cette lecture. Inga Vesper a donc réussi un de tour de force pour un premier roman, marquant et vraiment prometteur pour la suite.

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