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jeudi 18 novembre 2021

Germinal, abrégé (Emile Zola)





Nationalité de l’auteur:
Française

Editions Le Livre de Poche (4 Avril 2012)

Collection Jeunesse

313 pages

ISBN-10:‎ 201323290X

ISBN-13:‎ 978-2013232906

Genre: Classique

Lu le: 28 Octobre 2021

Ma note: 15/20




Résumé/4ème de couverture:

Une des grandes grèves du siècle dernier racontée par un journaliste de génie qui en a fait un réquisitoire, un formidable " J'accuse " contre le capital, le roman de la lutte des classes et de la misère ouvrière. Un livre de nuit, de violence et de sang, mais qui débouche sur l'espoir d'un monde nouveau lorsque le héros, Etienne Lantier, quittant la mine " en soldat raisonneur de la révolution ", sent naître autour de lui une " armée noire, vengeresse... dont la germination allait bientôt faire éclater la terre ". Germinal marque l'éveil du monde du travail à la conscience de ses droits et c'est au cri sans cesse repris de " Germinal ! Germinal ! " que la délégation des mineurs de Denain accompagna le convoi funèbre de Zola à travers les rues de Paris.

Mon avis:

            Parce qu'il est parfois bon de réviser ses classiques ou de tout simplement oser franchir le pas malgré des préjugés et des mauvais souvenirs, mon objectif était d'enfin découvrir ce grand classique qu'est "Germinal". J'avais toujours peur de la plume d'Emile Zola, travaillée, détaillée et d'époque. Donc, le compromis dans ce cas-là, c'est de lire la version abrégée: une bonne façon de connaître dans les grandes lignes l'œuvre, une première approche et une première base. Malgré un début difficile liée à la plume et à l'univers des mines difficile à appréhender et à imaginer, j'ai persisté et j'ai apprécié me plonger dans cette lecture.

Points de vue/Critiques:

            Le sujet de cette œuvre était la seule chose que le connaissais: le travail dans les mines du Nord et la révolte populaire du peuple. Les premières pages nous immergent ainsi totalement dans les mines. On passe en revue toutes les infrastructures des mines, son fonctionnement interne et externe, le rythme du travail et les très nombreux rôles et postes des ouvriers. Les premiers chapitres sont donc assez descriptifs vis-à-vis de cette ambiance. Malheureusement, ils manquent d'explications. En effet, j'ai eu beaucoup de mal à imaginer le fonctionnement et l'intérieur de la mine et savoir quels étaient les rôles et les fonctions de chacun étant donné que les noms utilisés sont ceux évidement de l'époque et c'est une nomenclature propre aux mines qui n'a pas forcément d'équivalents actuels. C'est assez frustrant car l'immersion est vraiment totale et j'ai apprécié le fait que l'auteur arrive à décrire comme il se doit le tout sans avoir des descriptions longues, incommensurables et lassantes. 

            Après avoir posé la socle de l'ambiance et de l'univers de la mine, l'histoire prends rapidement le pas sur les personnages. Si Etienne Lantier est le personnage principal de cette histoire (et le fil conducteur de la saga des Rougon-Macquart), la famille Maheu prend une place très importante dans le récit et j'ai adoré tout les membres de cette famille. Avec les Maheu, l'auteur illustre parfaitement ce qu'est la vie d'une famille ouvrière du Nord. C'est une famille de mineurs de génération en génération, que l'on soit homme ou femme, jeune ou vieux, à l'image du grand-père Bonnemort (un nom qui en dit long) complétement anéanti par son travail à la mine depuis toujours, de Catherine, la fille de 15 ans des Maheu qui descend à la mine comme son jeune frère Jeanlin. Composée de sept enfants, les plus jeunes de la famille ne sont finalement pas vraiment mis en avant par l'auteur. La femme, surnommée la Maheude, ne travaille plus à la mine mais elle veille au bon fonctionnement du ménage, une tâche on ne peut plus difficile lorsqu'on découvre ce que gagne la famille en travaillant. La Maheude est un personnage exemplaire, avec un fort charisme, qui se démène par tous les moyens possibles pour nourrir au mieux et dans la mesure du possible sa famille.

            C'est véritablement avec la famille Maheu que Emile Zola va mettre en lumière la misère du peuple. Il va décrire certaines scènes, certaines situations ou des faits qui peuvent paraître anodins, mais qui sont lourds de sens et qui montrent parfaitement à quel point la vie est dure, alors que c'est un peuple qui travaille, dur, dans des conditions extrêmes et dangereuses et pour une misère. Revenant totalement noircis de poudre de chardon de la tête aux pieds, la famille va devoir se partager un bain pour se laver, la Maheude doit négocier le pain auprès de l'épicier et compter la moindre pièce ou encore devoir faire la charité auprès des plus riches. En opposition avec cette misère, Zola nous présente aussi les plus riches, les propriétaires des mines, qui sont à l'abri du besoin. Le contraste est saisissant d'autant plus que l'on essaie de montrer que ces riches propriétaires donnent l'impression d'être généreux avec les pauvres.

            Et puis au fur et à mesure, l'histoire prend toute son ampleur sous le commandement pas vraiment assumé d'Etienne: la révolte populaire est en marche et les ouvriers se mettent en grève pour protester contre les baisses de salaire, qui leurs mettent le couteau sous la gorge et qui les fait basculer d'un quotidien difficile à une impossibilité de survie. Suivre leur méthodologie et surtout leur détermination est simplement incroyable. En effet, leur action est réfléchie puisque pour assurer un minimum de rentes pour pouvoir manger, il établissent un fond de solidarité, une sorte de caisse pour s'aider les uns les autres dans ces instants de grève où il n'y aura aucun salaire. Même si cette caisse s'épuise rapidement, on constate avec admiration que ce n'est pas pour autant que les ouvriers vont courber le dos et reprendre le travail. Ils ne cèdent pas face à la misère, alors que celle-ci devient de plus en plus dure. Car se sont alors toutes les familles entières qui sont touchées, femmes et enfants qui vont aussi partir au combat pour assurer les droits des ouvriers et qui vont devoir se serrer la ceinture au point de devoir revendre tous leurs maigres biens personnels, allants des objets souvenirs aux draps... Leur détermination est exemplaire et m'a subjuguée. Inévitablement, la grève est longue et va devenir de plus en plus violente...

En bref:

            Même en abrégé, on peut très facilement et rapidement prendre la pleine mesure de cette œuvre très bien documentée sur la vie des mineurs et sur leurs conditions misérables de travail. Les descriptions sont réalistes et sont terriblement percutantes, aussi bien au fond de la mine (dommage que la nomenclature ne soit pas mieux expliquée pour bien comprendre de quoi il est question) que dans les maisons des mineurs grâce à la famille Maheu, dont tous les membres sont représentatifs de la société de l'époque et qui sont tous attachants. La misère du peuple est si bien mis en lumière par Zola qu'elle fait mouche, qu'elle émeut, qu'elle révolte et qu'elle fait d'autant plus contraste avec les riches propriétaires. Et c'est sous l'arrivée d'un nouveau venu que la révolte populaire va prendre peu à peu forme en une grève longue, tenace et à la destinée tragique. L'analyse fine de la mise en place de la grève est intéressante et le déterminisme teinté de désolation et de fatalisme des ouvriers est incroyable. Si la graine de la révolte a germé, celle de l'espoir est aussi présente car l'abandon et le renoncement ruinerait tout. Zola délivre ici un message terriblement puissant et tellement pas obsolète... 

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