Nationalité de l’auteur: Française
Editions Imago (15 septembre 2008)
268 pages
ISBN-10: 2849520640
ISBN-13: 978-2849520642
Genre: Psychologie
Lu le: 04 Mai 2016
Ma
note: 16/20
Résumé/4ème
de couverture:
«Les
gauchers sont des gens qui ne peuvent rien faire de droit, des gens à l'envers dont on se demande s'il
s'agit vraiment de gens.» Ce jugement
implacable de Quevedo reflète bien ce que durent subir les gauchers au
cours des siècles. S'appuyant sur des documents surprenants, Pierre-Michel
Bertrand étudie les diverses réactions
que les adeptes de la «mauvaise main» suscitèrent dans notre civilisation
occidentale, de l'Antiquité à nos jours, et montre que les «senestriers»
rencontrèrent, selon les époques, hostilité, tolérance ou admiration. Individus
maléfiques ou dégénérés, malappris ou délinquants passibles de la plus sévère
répression sociale, mais aussi êtres d'exception, les gauchers n'ont jamais
laissé indifférent. Aujourd'hui les gauchers jouissent d'une totale
reconnaissance de leur singularité : cette récente émancipation constitue sans
doute l'ultime péripétie de leur étrange et riche histoire.
L’histoire:
Pierre-Michel Bertrand nous propose ici, en historien, de découvrir
les différentes manières qu'ont eu les gauchers d'être méprisés mais aussi
redoutés et admirés.
S'appuyant sur des documents
surprenants, Pierre-Michel Bertrand étudie les
diverses réactions que les adeptes de la «mauvaise main» suscitèrent dans notre civilisation occidentale, de
l'Antiquité à nos jours, et montre que les «senestriers» rencontrèrent, selon
les époques, hostilité, tolérance ou admiration. Individus maléfiques ou
dégénérés, malappris ou délinquants passibles de la plus sévère répression
sociale, mais aussi êtres d'exception, les gauchers n'ont jamais laissé
indifférent.
Mon
avis...:
… Général:
Qu'ont en
commun Léonard de Vinci, Barack Obama,
Scarlett Johansson? Ils sont tous
gauchers. Et moi aussi!!!! Même si aujourd’hui la gaucherie n’est plus
considérée comme une tare, l’univers
quotidien leur reste encore un peu
hostile (songez seulement au placement du stylo bille au guichet des
banques, le montage des ciseaux ou encore de façon plus subtile, le fait de
devoir retourner un porte-feuille pour y prendre les billets dans la pochette
arrière) avec des objets non adaptés
(ou quand ils le sont, trois fois plus chers). On peut aussi entendre encore
des réflexions comme « ha tu es gauchère? » comme si cela était un
handicap ou un fait hors du commun. Pour ces multiples raisons, ce livre de
Pierre-Michel Bertrand, lui-même gaucher, m’a tout de suite interpellée!!
On apprend
tellement de choses intéressantes
dans ce livre!!! L’auteur s’est extrêmement bien documenté, pour nous faire
part de choses que l’on connait plus ou moins mais à laquelle on avait pas
vraiment fait attention. Dans toutes ces réflexions,
l’auteur ne prône absolument pas la supériorité de la gaucherie. Non, il fait
dans chaque cas, la part des choses
et sait mettre le doigt sur la
pertinence de certaines informations ou certains faits.
Point
de vue - Critiques:
Le livre est
divisé en 4 parties:
•
la bonne main et la mauvaise main
•
les gauchers méprisés
•
les gauchers tolérés
•
les gauchers admirés
Plus
j’avançais dans la lecture de ce livre, plus j’appréciais les différents thèmes abordés. La première
partie se consacre en premier lieu à l’Histoire,
pour laquelle je n’ai pas beaucoup accrochées, n’aimant pas vraiment
l’Histoire. Je me suis dis alors que c’était mal parti pour la lecture de ce
livre. Puis à partir de la deuxième partie, l’Histoire est un peu occultée où
elle est plutôt mise à contribution par le biais d’anecdotes et de réflexions. Ces dernières sont extrêmement percutantes, comme par exemple: si nous
naissons avec deux bras, deux jambes, deux yeux, deux oreilles donc si la main
gauche était vraiment à proscrire, pourquoi la nature nous aurait-elle pas
faite manchot?
J’ai particulièrement
aimé certains points abordés:
• l’étymologie du mot
« gauche « ainsi que tous ses synonymes et dérivés comme dextrocardie,
esclanchier…
•
la relation entre le fait de restreindre la gaucherie (les gauchers
méprisés) avec les troubles psychomoteurs et psycho-émotifs qui peuvent en
ressortir donnant des symptômes de la dyslatéralité. Cet aspect psychologique
est, je pense, sous-estimé encore de nos jours.
•
l’anecdocte de Lewis Carroll avec « Alice au pays des merveilles »
• la démarche scientifique et protocolaire dans la dénomination et la
caractérisation des gauchers célèbres.
A noter que
l’aspect historique et psychologique peut laisser penser que la lecture peut
s’avérer difficile, lourde avec un langage assez soutenu. Mais pas du tout, la lecture est très fluide et contemporaine.
Afin de bien
prendre conscience de la position des gauchers dans l’Histoire, le texte de Benjamin Francklin comme pétition de la
main gauche, est très touchante. Cette pétition prend la forme d’une mettre
écrite par la main gauche mais assimilée à une fillette mal aimée par ses
parents qui lui préfèrent sa soeur la main droite. Elle s’adresse ainsi au
lecteur pour se plaindre de son sort.
Que ne faut-il
pas faire pour faire changer les mentalités?
Petit
condensé historique:
Le Moyen-Âge semble être une partie de
l’Histoire qui semble avoir était « tolérant » contrairement aux
autres époques historiques plus récentes. Tolérance du fait que même si la
gaucherie n’était pas vu d’un bon oeil, il ne semble pas y avoir de preuve
qu’il y ait eu une répression sociale afin de corriger ce mal.
Le basculement
de la vissicitude de la gaucherie pour les époques d’après semble s’opérer en 1530 avec le premier traité qui a pour
trait l’apparition des règles de
savoir-vivre à table! Viendra ensuite l’alphabétisation pour toutes les
classes sociales par la biais des écoles. La tolérance dont semblent avoir
bénéficié les gauchers jusqu’à la Renaissance aurait donc pris fin sous la
pression civile (avec les coutumes de la table) et de l’école (par
l’apprentissage de l’écriture).
Les mentalités
vont évoluer en France durant le siècle
des Lumières avec Rousseau et Diderot qui proclameront dans leur Encyclopédie, de laisser libre cours à
l’ambidextérité des enfants, car établir une forme de discrimination entre les
deux mains est contraire à la nature et au bon sens. Mais pour eux, il ne
semble pas que l’on puisse user en toute liberté sa seule main gauche…
Les choses
vont changer vers la fin du 19ème siècle
dans les démocraties anglo-saxonnes avec la prise de conscience des ravages que
l’éducation droitière forcenée a occasionné parmi la jeunesse. L’Australie est
le premier pays à lever l’interdiction de la main gauche. En France, la Grande Guerre va, malgré elle,
jouer un rôle important. En effet beaucoup de mutilés, qui étaient droitiers,
sont revenus de la guerre avec la main ou le bras droit amputé. Reste alors la
main ou bras gauche pour lequel ils étaient, au final, tout à fait aptes à
effectuer plein de choses après rééducation!! Puis vers la fin des années 50, les voix s’élèvent avec notamment la psychologue
scolaire Kovarsky. Enfin, un grand tournant s’opère dans les années 60, qui achève le processus de libéralisation.
En
bref:
Excellent livre sur les gauchers dans lequel on
apprend beaucoup de choses. Je recommande fortement pour tous les gauchers,
mais aussi pour les droitiers afin de prendre conscience que cette préférence
manuelle, considérée encore il n’y a pas si longtemps comme une
« tare » , prend ses racines loin dans l’Histoire et que ses
considérations ont évoluées de façon fluctuante jusqu’à aujourd’hui.
•
L’auteur: Pierre-Michel
Bertrand est docteur en histoire. Il a déjà publié, aux Editions Imago,
Dictionnaire des gauchers (2004).
•
livre emprunté à la bibliothèque
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