Bienvenue à mes obsèques! (David Zaoui)

Nationalité de l’auteur: Française

Éditions Eyrolles (6 Mars 2025)

250 pages

ISBN-10: ‎ 2416017179

ISBN-13: ‎ 978-2416017179

Genre: Contemporain

Lu le: 17 Avril 2025

Ma note: 15/20 

Résumé/4ème de couverture:

Il a raté sa vie, il va réussir sa mort !

Julius Pavlof, c'est l'histoire d'un homme qui a tout foiré : sa vie de couple, sa relation avec son fils, et même ses amitiés. Seul avec son chien et rongé par l'amertume, il a une idée de génie pour marquer sa sortie : organiser les funérailles les plus mémorables de l'histoire. Une cérémonie grandiose, émouvante, un beau moment pour ses proches. Le hic?? Vu l'état de ses relations avec son entourage, personne ne viendra... Déterminé à tout reprendre en main avant son suicide, Julius décide de réparer ce qu'il a brisé et se lance dans une dernière mission : se réconcilier avec ceux qu'il a blessés et obtenir leur pardon. Aidé par son infirmier et son voisin, il va orchestrer une fête en bord de mer, dans l'espoir de transformer sa fin en apothéose.

Mon avis:

       C'est un plaisir de retrouver une nouvelle histoire de David Zaoui, qui a l'art et la manière de construire des récits totalement drôles et loufoques, mais jamais dans la démesure et l'exagération. Et dans "Bienvenue à mes obsèques", l'auteur aborde un sujet assez triste avec un personnage qui n'a rien d'attachant de prime abord et il le fait pourtant avec cette pointe d'humour justement dosée, au point de rendre l'histoire parfois touchante. En montrant petit à petit son coeur, son humanité et en se détachant de ce qu'il laisse paraître, l'histoire de Julius apporte une réflexion sur la vie, sur la direction que l'on donne au cours de son existence et sur ce que l'on est susceptible de laisser derrière soi. J'ai trouvé un peu dommage que les réconciliations soient un peu rapides et faciles : le fait de corser les choses auraient été propices à plus d'humour et de situations cocasses. Mais l'auteur réussit une nouvelle fois à parfaitement dédramatiser un sujet universel qui peut tracasser n'importe qui, avec le rire, dans une histoire aussi drôle que touchante.

Merci aux éditions Eyrolles pour l'envoi de ce livre!

Points de vue/Critiques:

       L'histoire va se concentrer sur Julius Pavlof, alias Pachy, qui n'a rien d'un personnage intéressant et attachant de prime abord. Il a fait beaucoup de dégâts autour de lui en ce qui concerne sa sociabilité puisqu'il a détruit sa relation  avec son ex-femme, avec son fils ou avec ses amis, au point de n'avoir que deux personnes/connaissances vers qui se tourner : son infirmier qui vient quotidiennement et son voisin hypochondriaque. On découvre en effet une personne très bourrue, qui a la mauvaise parole facile et qui passe son temps à se réconforter dans la nourriture, en particulier la viande, et avec son chien. Sans être réellement antipathique il est vrai que l'on se dit que Julius a totalement tout mis en œuvre pour mériter sa solitude. Mais lorsqu'il apprend qu'il est malade, il saute sur l'occasion pour se lancer dans un projet fou et faire amende honorable sur ses relations passées : organiser ses propres funérailles comme une grande fête réunissant tout le monde. Et pour cela, il va partir à la conquête du pardon de chaque personne qui a compté pour lui afin qu'elles soient présentes à ses funérailles. Cette grande entreprise va surtout être le moyen pour Julius de prendre conscience de ses erreurs. On découvre alors progressivement une personne qui laisse parler son coeur et qui va faire preuve d'humanité, au point de le rendre touchant. 

        A partir d'un sujet plutôt triste et universel, qui peut faire peur et préoccuper n'importe qui, David Zaoui arrive à traiter de la mort avec humour, et toujours dans le respect et la bienveillance. Et en plus avec un personnage peu engageant qu'il arrive à nous rendre sympathique et touchant. Cela n'est pas un exercice facile, mais il est parfaitement maitrisé. L'humour est disséminée par petites touches qui font toujours mouche, sans être désopilant ou totalement rocambolesque. L'histoire apporte une jolie réflexion sur la vie, sur le bilan de sa vie et sur le regard que l'on porte sur ce que l'on a accompli dans le passé, sur les regrets que l'on peut avoir, sur ce qu'on peut laisser comme empreinte et sur le fait qu'il n'est jamais trop tard pour rattraper ses erreurs. Le récit mêle donc des réflexions profondes avec une certaine loufoquerie et drôlerie. J'ai trouvé que les réconciliations de Pachy avec les personnes avec lesquelles il voulait faire amende honorable s'effectuaient facilement et rapidement. J'aurais aimé qu'il galère un peu plus, occasionnant plus de situations rocambolesques, mais on passe un bon moment de lecture, peuplée de ressentis différents. 

En bref:

       Dans "Bienvenue à mes obsèques", David Zaoui aborde un sujet triste et universel, qui peut faire peur et préoccuper n'importe qui, avec humour, toujours dans le respect et la bienveillance et avec un personnage qui n'a rien d'attachant de prime abord. Pachy, qui une personne très bourrue, qui a la mauvaise parole facile et qui n'a quasiment plus de liens avec personne, va se lancer dans un projet fou et faire amende honorable sur ses relations passées.  Cette grande entreprise va être le moyen pour Julius de prendre conscience de ses erreurs, de laisser parler son coeur et de faire preuve d'humanité, au point de découvrir progressivement quelqu'un de sympathique et de touchant. L'humour est disséminée par petites touche, justement dosée, au point de rendre l'histoire parfois attendrissante.  L'histoire apporte une jolie réflexion sur la vie, sur la direction que l'on donne au cours de son existence et sur ce qu'on peut laisser comme empreinte en sachant qu'il n'est jamais trop tard pour rattraper ses erreurs. Le récit mêle donc des réflexions profondes avec une certaine loufoquerie et drôlerie. J'aurai aimé que les réconciliations de Pachy avec les personnes avec lesquelles il voulait faire amende honorable s'effectuent moins facilement et rapidement,  mais on passe un bon moment de lecture, peuplée d'émotions différentes. 

Strange Fruit

Scénario : Vincent Hazard

Illustrations : A. Dan

Nationalité de l’auteur: Française

Éditions Dupuis (4 Avril 2025)

125 pages

ISBN-13: ‎ 979-1034768523

Genre: Bande-dessinée

Lu le: 13 Avril 2025

Ma note: 16/20 

Résumé/4ème de couverture:

New York, un soir de mars 1939, dans le quartier de Greenwich Village, une foule bohème se presse au sous-sol du Café Society, le nouveau club de jazz. Le lieu est unique en son genre : on y joue de la bonne musique et ici tout le monde est bienvenu, les Noirs, les Blancs... On s'assoit où on veut, une véritable bulle de liberté dans l'Amérique toujours ségrégationniste de Roosevelt. Ce soir, ils sont venus écouter la star du jazz new-yorkais : Billie Holiday.

1956, dans les coulisses d'un petit club de jazz miteux de Harlem, Abel Meeropol, poète et activiste politique pourchassé par les maccarthystes, retrouve la chanteuse de jazz Billie Holiday, pour qui il avait écrit la chanson Strange Fruit. Cette dernière, minée par l'alcool et la drogue, n'est plus que l'ombre de la star qu'elle a été et elle revendique désormais être la créatrice de cette chanson mythique.

Biographie d'une chanson, portrait de la « Lady Day » et état des lieux du racisme, de 1939 à 1956, aux États-Unis, cette réalité-fiction nous emporte au cœur du jazz, symbole de liberté et s'intéresse tout particulièrement à l'incroyable destin de son compositeur, juif et sympathisant communiste, Abel Meeropol.

Mon avis:

        Cet album est un magnifique ouvrage dont l'histoire est en fait la biographie... d'une chanson. En effet "Strange Fruit" est une chanson que je ne connaissais pas et qui a été écrite par Abel Meeropol et interprétée par Billie Holiday durant la période de ségrégation aux Etats-Unis. Or, les paroles de cette chanson se référent à deux hommes noirs lynchés et pendus à un arbre, car accusés et jugés sur leur couleur de peau, sans procès, par une foule en colère. Autant dire qu'une telle chanson engagée jette un pavé dans la mare! Le récit de cette histoire va donc porter sur la génèse de cette histoire, sur sa renommée et sur les conséquences qu'elle a pu avoir sur son interprète, son créateur et sur la société américaine en générale. Car en pleine Amérique ségrégationniste, la chanson rencontre autant de succès d'un côté qu'elle gêne énormément de l'autre. C'est ainsi que l'on retrouve une Billie Holiday qui sort de son répertoire habituel mais qui est engluée dans l'alcool et la drogue et par la persécution des agents secrets ; ou encore un Abel Meeropol qui rencontre une certaine notoriété mais qui n'arrive pas vraiment à percer ailleurs dans le milieu. Les auteurs mettent ainsi un coup de projecteur sur les destins et les parcours chaotiques qu'ont pu vivre les personnes liées à cette chanson. Dans ce voyage au milieu de l'Amérique ségrégationniste, ils montrent parfaitement comment deux personnes subissant elles-mêmes racisme et discriminations ont pu avoir une vie brisée par les autorités et la justice, malgré un succès retentissant. Cette bande-dessinée est vraiment très intéressante pour mettre en lumière cette chanson mythique et pour rendre hommage aux engagements contre l'oppression et l'injustice. 

Merci aux éditions Dupuis pour l'envoi de ce livre!

Lupita (Marie-Sabine Roger)

Nationalité de l’auteur: Française

Éditions Calmann-Lévy (12 Mars 2025)

255 pages

ISBN-10: ‎ 2702191436

ISBN-13: ‎ 978-2702191439

Genre: Contemporain

Lu le: 13 Avril 2025

Ma note: 16/20 

Résumé/4ème de couverture:

Joseph est âgé, il vit avec la petite Lupita dans leur modeste appartement, en compagnie des souvenirs précieux qu’il garde de sa famille, du Prodigieux Petit Théâtre créé par son grand-père, et d’Alba, son grand amour.

Tous les jours il arpente les trottoirs, fouille les poubelles à la recherche d’objets abandonnés, de matériaux divers qu’il transforme, dans le secret de sa chambre.

Un soir, de retour d’une de ses expéditions, il trouve la fillette de sa voisine assise sur les marches du palier du troisième. La nuit tombe. Il fait froid.

À contrecœur, Joseph lui propose d’attendre sa mère chez lui. Il laisse ainsi entrer dans sa vie ce tendre duo mère-fille, au risque de bouleverser le fragile équilibre de ses jours avec Lupita.

D’une écriture sensible et poétique, Marie-Sabine Roger évoque avec une grande beauté une forme d’attachement, hors des liens du sang.

Mon avis:

       Je me suis laissée tenter par cette histoire du fait de cette promesse de lien intergénérationnels entre un grand-père et une petite fille. L'histoire de ce solitaire de Joseph est très touchante, car en ouvrant sa porte à sa petite voisine, c'est tout un trio de prénoms en L qu'il fait rentrer dans son morne quotidien et qui lui donneront des ailes. Toutes ces femmes et filles vont réveillait son coeur meurtri. Avec beaucoup de douceur, de bienveillance et de poésie, l'autrice nous emmène à la rencontre de ces êtres aussi solitaires que sensibles. Elle tisse une très jolie histoire dans laquelle se mêle délicatement l'amitié, l'amour et la transmission, sans oublier d'aborder la vieillesse, la solitude, la maladie et le poids du passé. Avec Lupita, la petite princesse de Joseph, on a également une petite dose de mystère qui permet d'entremêler passé et présent. Cette lecture est un vrai ravissement dont on ressort le coeur gonflé de poésie et de tendresse. Une très jolie découverte.

Merci aux éditions Calmann-Lévy pour l'envoi de ce livre!

Points de vue/Critiques:

       Joseph est un vieux monsieur solitaire dont le quotidien est régie par ses trouvailles dans la rue afin de fabriquer tout ce qu'il faut pour faire revivre le Petit Théâtre ambulant de son grand-père. Il partage également sa vie avec Lupita, sa petite princesse, dont l'identité et le lien avec Joseph reste assez flou et mystérieux et nous tient en haleine. Afin de lever le voile sur cette partie du passé du vieil homme, il faut attendre de rencontrer Lula et sa maman Luisa, les voisines de Joseph. Car quand ce dernier va ouvrir la porte à la petite fille, c'est une véritable vague d'énergie et de spontanéité qu'il laisse aussi entrer dans son quotidien relativement morose pour réveiller des souvenirs enfouis. Lupita, Lula et Louisa sont les trois L qui fourniront les ailes de la libération à Joseph afin de réveiller et apaiser son coeur meurtri. Joseph va peu à peu dévoiler ses secrets et nous fournir une jolie leçon de vie, pleine de nostalgie.

        On retrouve énormément de poésie dans la plume de l'autrice pour nous décrire et nous faire partir à la découverte de tous ces personnages aussi touchants que sensibles. Car c'est avant tout une histoire sur la solitude et sur la beauté des liens, intergénérationnels, que l'on choisit de tisser que l'autrice nous raconte avec beaucoup de douceur, de tendresse et de bienveillance. Le récit se construit délicatement autour de l'amour, de l'amitié, de la transmission  et c'est un vrai bonheur de côtoyer ces personnages et naviguer dans cette tendresse infinie. L'autrice n'oublie pas d'aborder les thèmes de la vieillesse, de la solitude, des regrets et du poids du passé. C'est un joli flot d'émotions qui vous accompagne dans cette lecture dont vous ressortez avec cette petite trace de nostalgie au fond du coeur. 

En bref:

       "Lupita" c'est avant tout l'histoire de Joseph, un vieux monsieur solitaire, qui occupe ses journées tournées vers le passé et dont le coeur ne vibre que pour Lupita, sa petite princesse chez laquelle beaucoup de mystères demeurent. Mais quand il ouvre sa porte à sa voisine et à sa fille, il va surtout faire rentrer dans son quotidien bien morose, une nouvelle vague d'énergie et de spontanéité qui va révéler des souvenirs enfouis. Lupita, Lula et Louisa sont les trois L qui fourniront les ailes de la libération à Joseph afin de réveiller et apaiser son coeur meurtri. Joseph va peu à peu dévoiler ses secrets et nous fournir une jolie leçon de vie, pleine de nostalgie. Avec beaucoup de douceur, de bienveillance et de poésie, l'autrice nous emmène à la rencontre de ces êtres aussi solitaires que sensibles en nous racontant une histoire sur la solitude et sur la beauté des liens, intergénérationnels, que l'on choisit de tisser.  Elle construit une très jolie histoire dans laquelle se mêle délicatement l'amitié, l'amour et la transmission, sans oublier d'aborder la vieillesse, la solitude, la maladie et le poids du passé. C'est un joli flot d'émotions qui vous accompagne dans cette lecture dont vous ressortez avec cette petite trace de nostalgie au fond du coeur. Une très jolie découverte! 

Aller simple pour la joie (Lorraine Fouchet)

Nationalité de l’auteur: Française

Éditions Héloïse d’Ormesson (3 Avril 2025)

240 pages

ISBN-10: ‎ 2487819111

ISBN-13: ‎ 978-2487819115

Genre: Contemporain

Lu le: 12 Avril 2025

Ma note: 16/20 

Résumé/4ème de couverture:

La vie est une partie de Scrabble, on se débrouille avec ce qu’on pioche. Lucas, Maguy, Mia et Paul le savent bien alors qu’ils s’installent dans le Paris-Quimper ce jour-là. Et les quatre voyageurs comprennent très vite que ce train ne les emmènera pas à destination. Du moins, pas celle qu’ils attendaient. Mais ils sont prêts à se laisser porter par les vents bretons. Pourvu qu’ils soufflent assez fort pour les remettre sur les rails.

Et s’il était l’heure de tout envoyer valser ? De s’ouvrir à l’inconnu assis à côté de vous ? Dans cet aller simple où l’on embrasse l’inattendu et savoure des rillettes aux ormeaux, le plus sûr chemin pour la joie s’appelle l’île de Groix.

Mon avis:

          Partir à la conquête d'un livre de Lorraine Fouchet, c'est s'assurer un très bon moment plein de bienveillance et d'humanité, avec l'île de Groix comme madeleine de Proust. "Aller simple pour la joie" ne fait pas exception à la règle. Mais parce que cette histoire reprend exactement les mêmes bases que le dernier livre de Cynthia Kafka que j'ai lu juste avant, j'avoue que je ne me suis pas autant imprégnée de cette histoire. C'est ainsi que l'on va suivre successivement quatre personnages qui se rencontrent par hasard dans le compartiment de leur train et qui vont tout envoyer valser pour s'échapper et échapper à leur quotidien ensemble. Sur l'île de Groix, cette petite bande va se souder pour se soutenir mutuellement, s'entraider et leur permettre un changement de cap dans leur vie. C'est une jolie histoire de rencontres, qui bouleverse pleins de vie mais dans laquelle plane surtout l'entraide, le soutien et l'amitié. Un roman tendre, humain et drôle sur la vie qui suit son cours.

Merci aux éditions Héloïse d'Ormesson pour l'envoi de ce livre!

Points de vue/Critiques:

     Luca, Maguy, Paul et Mia sont les quatre protagonistes de cette histoire, que l'on va suivre successivement au fil des chapitres. Deux femmes et deux hommes de générations différentes et qui ont une destination différente dans ce train qui le regroupe. Le destin ne les aurait jamais réunis sans ce train qui les fait monter dans le même compartiment et qui les font donc se rencontrer. C'est cette proximité de voyage qui va être un point de départ différent de ce qu'ils avaient entrepris. Car chacun pour des raisons diverses et personnelles va décider de quitter ce train, de prendre la poudre d'escampette et de se retrouver tous ensemble sur l'île de Groix. Il est vrai que ce point de départ est en tout point identique au dernier livre de Cynthia Kafka "Au train où va la vie" et que ce genre de choses n'est pas très crédible dans la réalité, mais on est tout de suite porté par toute l'humanité et la drôlerie qui s'en dégage immédiatement.

        Sans arrière pensée aucune peuplée de sentiment amoureux, de suspicion de jalousie ou autre, Luca, Maguy, Paul et Mia vont créer de jolie interactions. Il est agréable de suivre des personnages qui n'ont rien à cacher à des quasis inconnus mais qui n'hésitent pas à se livrer totalement. Pris dans une certaine nostalgie et par la vie qui passe et qui peut parfois les éloigner de leurs rêves, ils vont ainsi partager leurs doutes, leurs fêlures et leurs attentes et c'est ce partage sans fard et sans artifices qui va les faire évoluer chacun de façon surprenante. Ils vont puiser ce lui leur manque dans les uns les autres et se réparer ainsi mutuellement. Cette échappée leur était nécessaire pour faire une pause et pouvoir vivre un nouveau départ. Avec la pointe de drôlerie apportée par le chien et nécessaire pour apporter toute la légèreté à l'histoire, on retrouve beaucoup d'humanité, de tendresse et de bienveillance.  

En bref:

          "Aller simple pour la joie" c'est une nouvelle traversée pour l'île de Groix, mais c'est aussi et surtout une nouvelle traversée dans une histoire pleine d'humanité, de bienveillance, de tendresse et d'humour. Luca, Maguy, Paul et Mia, que l'on va suivre successivement au fil des chapitres, auraient pu rester de parfaits inconnus s'ils ne s'étaient pas retrouvés dans le même compartiment du train et s'il n'avaient pas eu la folie de fuguer ensemble. Pris dans une certaine nostalgie et par la vie qui passe, ils vont se livrer totalement sans arrière pensée aucune. Cette libération leur permet de partager leurs doutes, leurs fêlures et leurs attentes: ce partage sans fard et sans artifices va les faire évoluer chacun de façon surprenante. Sans être dans une certaine réalité et crédibilité, on est tout de suite porté par cette histoire qui prône les belles rencontres, l'entraide, le soutien et l'amitié. Un roman tendre, humain et drôle sur la vie qui suit son cours.

L'affaire Alice Crimmins (Anaïs Renevier)

Nationalité de l’auteur: Française

Éditions 10/18 (2 Mars 2023)

200 pages

ISBN-10: ‎ 2264079797

ISBN-13: ‎ 978-2264079794

Genre: True Crime

Lu le: 9 Avril 2025

Ma note: 16/20 

Résumé/4ème de couverture:

Un été caniculaire 1965, dans les grands ensembles du Queens, deux jeunes enfants disparaissent. Ils seront retrouvés assassinés quelques jours plus tard, et à quelques jours de distance, dans des terrains vagues.

Aucun indice, aucune preuve. Pourtant, les enquêteurs, catholiques et irlandais en majorité, orientent rapidement leurs pistes autour de la mère des enfants, Alice Crimmins, récemment séparée de leur père.

Pourquoi elle ? Ses principaux torts semblent résider dans le fait qu’elle soit séparée, qu’elle multiplie les amants et ne semble pas assez triste.

Un New York scorsésien, une histoire de moeurs et de justice patriarcale et un mystère : aujourd’hui encore, on ne sait pas qui a commis les meurtres.

La personnalité très complexe d'Alice Crimmins nous conduit tout autant du côté des personnalités politiques américaines des années 1960 que de la mafia new yorkaise.

Après deux procès particulièrement tortueux en 1968 et 1971, Alice Crimmins est condamnée et incarcérée.

Elle est libérée en 1977, elle refait rapidement sa vie sous un autre nom et elle s’évapore.

La journaliste Anaïs Renevier part sur ses traces et raconte à travers elle une époque, une famille et une femme qui échappent toutes aux archétypes. Comprendre cette affaire, c'est éviter le manichéisme tout en le frôlant. C'est aussi lire le récit d'une intense chasse à la sorcière qui déchira en son temps tout le pays.

Mon avis:

   "L'affaire Alice Crimmins" fait partie de ces nouveaux livres policiers, qui sont de vraies histoires, puisqu'il s'agit de true crime. C'est la curiosité pour ce nouveau genre qui m'a poussé à découvrir cette histoire : malaise face à des crimes réellement commis et mal ou non puni? forme de fascination ou volonté d'en savoir plus? J'étais assez ambivalente sur ces true crime et j'en ressors avec cette sensation qu'ils sont très intéressants, car ils peuvent démontrer des failles dans certains systèmes et pourquoi pas relancer ces enquêtes pour des cold case. J'ai beaucoup aimé le fait que les pistes soient justement toutes explorées : il ne s'agit en aucun de chercher à savoir qui est le réel coupable. Ce récit se concentre sur les faits et uniquement sur les faits, faisant en sorte que le lecteur se fera son propre jugement. L'autrice a documenté au maximum pour relater toute cette affaire et le tout est très bien construit. Cette histoire, c'est aussi une mise en lumière de la société américaine des années 60-70, qui est un élément essentiel et déterminant qui a eu lieu au cours de l'enquête de l'époque. Pas frustrée finalement de la non résolution de cette affaire, j'ai vraiment beaucoup aimé découvrir toutes ses ficelles, avec un contexte historique et sociologique très bien retranscrits et oh combien importants et révoltants.

Points de vue/Critiques:

       Ce livre fait partie de toute une série dans laquelle des auteurs reviennent sur des affaires non résolues, des histoires vraies, des true crimes. Je voulais découvrir ce genre de récit pour comprendre son engouement et quel pourrait être leur intérêt. Et je ressors totalement convaincue grâce à la construction, la documentation, le ton et le but donné à une telle retranscription. Grâce à des interviews, des retranscriptions ou des comptes-rendus d'enquêtes, Anaïs Renevier a effectué un formidable travail de documentation pour synthétiser tous les éléments nécessaires pour exposer, dans un premier temps, et essayer de comprendre dans un second temps, tous les tenants et aboutissants de cette affaire. Sans passages inutiles et en donnant toutes les informations nécessaires de manières factuelle, l'autrice a parfaitement construit la retranscription de cette enquête qui accroche dés le début le lecteur et qui nous fait lire le lire quasiment d'une traite. 

        Pour comprendre l'affaire Alice Crimmins, la dimension historique et sociologique est très importante. L'affaire débute dans les années 60 aux Etats-Unis, dans le Queens et Alice Crimmins ne cadre absolument au reflet de cette société américaine qui attend de ces mères de famille, qu'elles soient aimantes, totalement dévouées à leurs foyers, à leurs maris et à leurs enfants. Mais Alice Crimmins n'incarne pas cet archétype de part sa jeunesse, son absence de larmes, sa liberté sexuelle, bref sa modernité. Cette femme sera alors automatiquement et immédiatement pointée du doigt par les bons policiers catholiques et conservateurs : une cible privilégiée, parfaite ; une seule et unique suspecte. L'autrice ne cache aucun détails de cette affaire que se soit les éléments faisant de la mère de famille, la coupable parfaite, tout comme les éléments pouvant l'accabler. De plus, les nombreuses autres pistes, toutes assez négligées sont également mises en lumière, si infimes soient les éléments à charge. Tout ce récit est donc une retranscription globale de tous les aspects de cette affaire dont le but n'est pas de savoir qui est la coupable. Le lecteur est seulement amené à interroger sur la culpabilité ou sur l'innocence d'Alice Crimmins. Mais ce livre est avant tout une manière de mettre en lumière les failles de tout un système mangé par des pressions socio-historiques et faisant en sorte de rendre coupable un potentiel innocent et inversement...

En bref:

    "L'affaire Alice Crimmins" fait partie de ces histoires vraies, ces true crime, dont la finalité de l'affaire n'a jamais eu lieu. Je voulais essayer ce nouveau genre pour me faire un idée et je ressors conquise par cette lecture, notamment grâce au formidable travail de documentation de l'autrice. Par le biais de bon nombre de supports, Anaïs Renevier se concentre uniquement sur les faits, et puisque le but n'est pas de savoir qui est le réel coupable, le lecteur se fait son propre jugement. Le récit est très bien construit et permet de mettre en lumière la société américaine des années 60-70, qui est un élément essentiel et déterminant qui a eu lieu au cours de l'enquête de l'époque. Ce contexte historique et sociologique très bien retranscrit et oh combien important et révoltant montre qu'Alice Crimmins était une coupable parfaite, une cible idéale. Et parce que l'autrice fait une retranscription globale de tous les aspects de cette affaire, elle ne cache aucun détails même les éléments pour accabler la mère de famille. Le lecteur pourra s'interroger sur la culpabilité ou sur l'innocence d'Alice Crimmins, mais ce livre est avant tout une manière de mettre en lumière les failles de tout un système mangé par des pressions socio-historiques et faisant en sorte de rendre coupable un potentiel innocent et inversement...