Onglets

lundi 31 mars 2025

Bilan de mars 2025

 Bilan de MARS : 13 romans  (4 365 pages) + 8 BD (1 046 pages) + 1 Manga (160 pages)


Romans:


La fille de Jonathan Baker (Antoine Renand)

La fille au pair (Sidonie Bonnec)

In extremis (Anouk Shutterberg)

La femme de ménage (Freida McFadden)

Hollywoodland (Zoé Brisby)

La fugue (Aurélie Valognes)

Villa Gloria (Serena Giuliano)

L’homme qui écoutait battre le coeur des chats (Mathias Malzieu) 

A couper le souffle (Alexis Laipsker)

Le coeur invincible (Laurence Peyrin)

Au train où va la vie (Cynthia Kafka)

La tendresse des autres (Sophie Tal Men)

Et si tu revenais (Coralie Janne)


BD:


Les enfants Sabletemps, tome 1 : de l’autre côté du miroir

Le vaisseau d’Amelia, tome 1 : Capitaine Erroway

Les mondes perdus, tome 2 : la danseuse d’Angkor Vat

Le club de cinq, tome 3 : le club des cinq contre-attaque

Le club de cinq, tome 4 : le club des cinq en vacances

Le club de cinq, tome 6 : le club des cinq et le cirque de l’étoile

Heartstopper, tome 4 : choses sérieuses

Heartstopper, tome 5 : premières fois


Mangas:


Ochibi et ses amis, tome 1


Challenges:


Challenge des 12 thèmes : 3/12

Challenge 120 mots pour 120 livres : 73/120

Challenge XYZ: 9/26

Expédition Livresque: 29/50

Case ta Lecture 2024 : 33/100


La fille de Jonathan Becker (Antoine Renand)




Nationalité de l’auteur: Française

Éditions Harper Collins (5 Mars 2025)

Collection Noir

464 pages

ISBN-13:979-1033920038

Genre: Thriller

Lu le: 3 Mars 2025

Ma note: 16/20 




Résumé/4ème de couverture:


Elle est la fille de l’un des pires tueurs en série emprisonnés.

Elle fut, enfant, impliquée dans son mode opératoire.

Elle a refait sa vie, cherchant à oublier… et à se faire oublier.

Mais lorsque le sang se remet à couler Jessica Becker se trouve de nouveau au cœur de l’orage.


Mon avis:


        Même si je n'ai lu finalement qu'un seul livre de Antoine Renand, j'ai cette impression d'avoir tout lu, tant il est rapidement devenu une valeur sûre des auteurs de thrillers français. Je suis donc ravie de continuer à le découvrir avec ce nouvel opus qui pose clairement la base de son histoire : comment vivre et comment qualifier la fille d'un tueur en série? Ce thriller s'inscrit davantage dans une dimension psychologique plutôt que purement noir et violent, mais il n'en reste pas moins prenant et haletant, étant donné que l'histoire va se décortiquer au fur et à mesure. Et il y a de quoi devenir paranoïaque avec le récit car j'ai finit par soupçonner tout le monde en imaginant des choses encore plus importantes que ce qu'a imaginé l'auteur. Mais il a réussi a parfaitement mêlé l'enquête policière avec l'intrigue plus personnelle de Jessica Becker, que j'ai beaucoup aimé. Fille d'un tueur en série, elle ne possède aucun repère et face au regards des autres et à son implication minime dans les meurtres de son père, on doute sur sa crédibilité. Mais elle a cette partie touchante du fait qu'elle soit assez naïve et qu'elle doit se construire entre sa part de responsabilités que nous fait questionner l'auteur et ce potentiel héritage génétique funèbre. Le roman nous plonge donc dans une quête de vérité, que ce soit dans le passé ou plus personnellement dans le présent et cette double casquette tient parfaitement le lecteur en haleine, dans une atmosphère emprunte de paranoïa.


Merci aux éditions Harper Collins et à Babelio pour l'envoi de ce livre!


 Points de vue/Critiques:


        Le point de départ de ce récit est clair comme de l'eau de roche : on va suivre Jessica Becker, fille de Jonathan Becker et célèbre tueur en série emprisonné depuis longtemps mais qui va refaire parler de lui et indirectement de sa fille, le jour où une journaliste qui enquêtait sur l'affaire de ces meurtres se retrouve également tuée de la même manière... On ne sait pas exactement quelle est cette affaire de meurtres commis dans le passé et quelle est l'implication exacte, que l'on sait réelle, de Jessica dans les méfaits de son père lorsqu'elle était jeune. Mais dés le début, j'ai ressenti de la compassion pour Jessica, qui m'a immédiatement touchée. En effet, difficile pour la jeune femme de vivre une vie comme tout le monde où trouver un travail où l'employeur ne vous juge pas sur votre nom et vous fait confiance n'est pas simple, tout comme faire confiance envers les personnes qui vous entoure au quotidien. Et puis, Jessica a aussi ces interrogations plus personnelles : a quel moment peut-on la considérer comme coupable suivant son degré d'implication et son âge? ou existe-t-il une sorte d'affiliation génétique qui la rendrai capable des mêmes atrocité qu'a fait son père? Antoine Renand fait donc questionner de manière très intéressante son héroïne sur sa part de responsabilités et sur sa difficultés à se construire dans la crainte et dans les préjugés de cet héritage funeste et médiatique. Mais Jessica m'est rapidement apparu comme une femme vulnérable et naïve, à qui on a envie de faire ouvrir les yeux, et jamais comme une femme énigmatique et intrigante sur laquelle j'aurais des doutes concernant sa crédibilité et son implication dans les crimes actuels. 


        Le rythme et la construction du roman est très bien maitrisé puisque si l'histoire du présent nous tient en haleine, il y a aussi des bons dans le passé afin de découvrir petit à petit les atrocités commis par le père de Jessica, et le rôle réel que cette dernière a joué. Avec une tension qui s'accrois au fil des pages et une atmosphère ancrée dans la paranoïa et la méfiance constante, ce thriller est captivant et se dévore très rapidement. On retrouve finalement du suspense dans différentes petites choses, qu'elles soient liées au présent ou au passé. Je dois avouer que je n'ai pas été très surprise au fil des révélations et en ce qui concerne le vrai visage des personnages, puisque je les avait plutôt bien cernés dès le début. J'ai même imaginé des choses plus lointaines mais si l'auteur n'a pas été jusque là, il signe là un très bon roman, prenant et intense, qui apporte d'intéressants questionnements et qui mêle parfaitement bien l'enquête policière avec une intrigue plus intime.


En bref:


        "La fille de Jonathan Becker " est un thriller qui s'inscrit davantage dans une dimension psychologique plutôt que purement noir et violent, mais il n'en reste pas moins prenant et haletant. Ce roman nous plonge dans une quête de vérité, que ce soit dans le passé ou plus personnellement dans le présent et cette double casquette tient parfaitement le lecteur en haleine, dans une atmosphère emprunte de paranoïa et de méfiance constante. C'est avec l'intrigue plus intime de Jessica Becker que l'auteur a parfaitement réussi a mêler l'enquête policière. J'ai beaucoup aimé cette héroïne, qui est une femme vulnérable, touchante et naïve. Avec elle, Antoine Renand la fait se questionner de manière très intéressante sur sa part de responsabilités et sur sa difficultés à se construire dans la crainte et dans les préjugés que l'héritage funeste et médiatique de son père a pu créer. L'histoire se décortique au fur et à mesure et la tension s'accrois au fil des pages grâce à du suspense présent dans différentes petites choses, qu'elles soient liées au présent ou au passé. J'ai imaginé des choses plus lointaines que ce que l'auteur a été et j'avais plutôt bien cerner le vrai visage des personnages, mais on a là un très bon roman, prenant et haletant.

L'empoisonneuse de Palerme (Cathryn Kemp)



Traduction : Agnès Jaubert

Nationalité de l’auteur: Anglaise 

Éditions Hauteville (5 Février 2025)

407 pages

ISBN-10:2381229957

ISBN-13:978-2381229959

Genre: Historique

Lu le: 28 Février 2025

Ma note: 14/20 






Résumé/4ème de couverture:


Dans la Rome du XVIIe siècle, les hommes tombent comme des mouches sans que nul ne puisse l’expliquer. Caché dans les ruelles et les ténèbres de la Ville éternelle vit un mystérieux cercle d’empoisonneuses qui œuvrent derrière la façade d’une boutique d’apothicaire. Depuis son enfance à Palerme, Giulia consacre sa vie à aider les femmes brisées, brutalisées. Tantôt guérisseuse, avorteuse ou empoisonneuse selon les jours. Quelques gouttes mortelles d’un poison indétectable lui ont permis de faire un millier de victimes, tous des hommes. Mais avec un pape nouvellement élu, déterminé à chasser les hérétiques et les sorcières, jamais Giulia n’a couru plus grand danger – et les femmes qu’elle a prises sous son aile.

Mon avis:


     J'étais ravie d'avoir l'occasion de découvrir ce livre inspirée d'une histoire vraie, celle de Giulia Tofana, une femme italienne du 17ème siècle, qui a été célèbre et condamnée à mort pour avoir créer un poison qui a tué des centaines d'hommes. Ce roman historique nous plonge dans cette Italie gangrénée par la peste et où la société est entièrement régie par l'Eglise qui détient le pouvoir. L'histoire retrace ainsi cet aspect politique, sociétale et religieuse de l'Italie lorsque l'on suit notamment les chapitres concernant le Pape. Mais cette histoire, c'est avant tout l'histoire des femmes et de celle de Giulia, qui permet de mettre en lumière son destin tragique qui reflète la condition féminine de l'époque où les femmes sont les victimes et où les hommes détiennent le pouvoir. Le parcours de ces femmes subordonnées et totalement prisonnières du pouvoir des hommes est assez intéressant. Néanmoins, le roman souffre de beaucoup de désagréments. Après une première partie assez captivante, tout le reste du roman s'essouffle rapidement avec une redondance des crimes commis qui ne sont pas suffisamment "pimpés" et qui finissent par lasser et ennuyer. Il est également difficile de ressentir une certaines empathie pour les personnages, même pour Giulia et sa fille donc c'est un roman prometteur et intéressant mais pas très bien exploité pour rendre le tout vraiment exaltant et accrocheur. 


Merci aux éditions Hauteville pour cet envoi!


Points de vue/Critiques:


     Cette histoire de fiction reprend le destin tragique de Giulia Tofana, qui a réellement existé au 17ème siècle, en Italie et qui est connue pour avoir été une célèbre empoisonneuse et qui a été condamnée à mort pour avoir ainsi tuer des centaines d'hommes. Giulia, de part sa qualité de femme mais aussi de part son savoir pour maîtriser les différentes plantes et décoctions est le reflet que la société de l'époque se fait des femmes. Celles-ci sont clairement cantonnées au rang de subordonnées et de servantes, à devoir obéir au doigt et à l'œil des hommes, qui détiennent le pouvoir. Les femmes sont ainsi quasiment toutes victimes de violences, d'injustices et de soumissions forcées. Une femme comme Giulia, intelligente, forte, déterminée et émancipée est alors immédiatement cataloguée comme paria, putain, sorcière et empoisonneuse. Et en effet, celle-ci va se venger des hommes et aider toutes les femmes qui vont lui demander de l'aide en confectionnant et en leur donnant de "l'acqua", un poison incolore et inodore dont quelques gouttes suffisent pour délivrer une femme d'un mari violent ou infidèle, en faisant croire à une mort naturelle. Aidée par quelques autres femmes et sa fille, Giulia va voir sa côte de popularité explosée auprès des femmes de la ville, jusqu'à ce qu'autant de morts d'hommes deviennent suspectes...


        La vie de Giulia est assez intéressante à suivre, notamment dans une première partie qui permet de découvrir son enfance et de comprendre d'où lui viendront ses racines d'empoisonneuse et sa volonté d'aider les autres femmes face au patriarcat. Mais dés lors que le roman aborde la vie adulte et d'empoisonneuse de Giulia, l'histoire finit par devenir très vite lassante. En effet, on assiste à un enchainement de demande de femmes, d'hésitations et de peur de la part de Giulia et de son entourage qui vivent constamment dans un climat de peur et de dénonciations, puis de la mort finale de l'homme ciblé. Face à l'image et au rôle des femmes de l'époque, de tels agissements permettent de se poser la question sur ces empoisonneuses : sont-elles sorcières, justicières ou meurtrières? Si cette interrogation majeure que l'on peut ressortir de cette histoire est pertinente, c'est le seul gros point positif que je ressortirai du roman. En effet, je me suis très rapidement désintéressée de ce livre pour différentes raisons.


        Tout d'abord, les différents forfaits s'enchaînent sans qu'il y ait de différences ou de choses faisant en sorte de rendre cela un peu plus dynamique, avec un enjeu ou un certain suspense. Tout s'effectue de manière linéaire et plate et cette redondance de ces actes criminels essouffle considérablement le roman. Ensuite, je n'ai pas ressenti d'affection ou d'émotions particulières pour Giulia et son cercle restreint d'empoisonneuse, si ce n'est de l'antipathie pour sa fille. Enfin, le roman est entrecoupé de chapitres qui sont les réflexions du pape. Si cet aspect permet d'avoir la vision des hommes et de l'Eglise, qui détiennent tout le pouvoir et qui contrôle toute la société italienne de l'époque, il n'apporte finalement pas grand chose de plus au récit. En manquant de dynamisme et d'enjeu puisque l'on connaît la finalité de l'histoire, je n'ai pas trouvé ce livre très palpitant. 


En bref:


      Cette histoire de fiction reprend le destin tragique et véridique de Giulia Tofana, connue et condamnée à mort pour avoir été une célèbre empoisonneuse, en Italie au 17ème siècle. Dans cette société entièrement régie par l'Eglise et par les hommes qui détient le pouvoir, Giulia détonne par son intelligente, sa force, sa détermination et son émancipation. Elle mène alors un combat pour la liberté et pour les femmes cantonnées au rang de subordonnées et de servantes en leur offrant un poison leur permettant de se délivrer d'un mari violent ou infidèle. L'interrogation du rôle de ces empoisonneuse face au patriarcat de l'époque en tant que sorcières, justicières ou meurtrières est très intéressant. Malheureusement, hormis cette réflexion majeure, je suis passée à côté du récit qui m'a de plus en plus ennuyée. Le roman s'essouffle rapidement de part la redondance des crimes commis qui s'enchaînent et pour lesquels il n'y a aucun enjeu, dynamisme ou suspense et qui deviennent lassants. Il est également difficile de ressentir une certaines empathie pour les personnages, même pour Giulia et sa fille donc c'est un roman prometteur et intéressant mais pas très bien exploité pour rendre le tout vraiment exaltant et palpitant. 

lundi 24 mars 2025

Dernière soirée (Lisa Gardner)



Titre original : One Step Too Far 

Traduction : Cécile Deniard 

Nationalité de l’auteur: Américaine

Éditions Le Livre de Poche (2 Janvier 2025)

457 pages

ISBN-10:2226476768

ISBN-13:978-2226476760

Genre: Thriller

Lu le: 25 Février 2025

Ma note: 16/20





Résumé/4ème de couverture:

Timothy O'Day était un pro de la randonnée en forêt. Pourtant, il y a disparu sans laisser de traces lors de son week-end d'enterrement de vie de garçon, laissant derrière lui deux parents inconsolables, une fiancée désespérée et quatre garçons d'honneur rongés par la culpabilité.

Frankie Elkin ne connaît rien à la forêt. Elle a en revanche un flair unique pour retrouver les disparus. Lorsqu'elle apprend qu'une ultime opération de recherches est organisée cinq ans après la disparition de Timothy, elle prend la route pour les montagnes du Wyoming et se joint à l'équipe. Mais à mesure que l'expédition s'enfonce dans ce territoire sauvage, il devient évident que quelqu'un est prêt à tout pour faire échouer les investigations...

Avec Frankie Elkin, Lisa Gardner compose l'un de ses plus beaux personnages de femme. Dernière soirée est une immersion dans les méandres de l'âme humaine que vous n'êtes pas près d'oublier.

Mon avis:


     Lisa Gardner fait partie de ces auteurs référence en matière de thrillers que je n'avais pas encore eu l'occasion de lire et de découvrir. Je me suis donc laissée tentée par "Dernière soirée" même si ce livre est le deuxième tome de la série de Frankie Elkin. Et j'ai passé un excellent moment de lecture avec cette histoire, pleine de rebondissements et de scènes mythiques, le tout laissant une jolie empreinte en mémoire. On assiste à une sorte de huis clos en forêt avec un petit groupe de personnages, seuls en pleine nature mais où chacun cache ses secrets et va devoir éviter un mystérieux tueur pour pouvoir survivre. L'histoire m'a pleinement tenue en haleine de bout en bout et Frankie Elkin est une héroïne attachante et touchante, que l'on a envie d'apaiser et de prendre dans ses bras. L'ambiance particulière de ce thriller qui mélange les grands espaces et le plein air avec cette lourdeur et cette angoisse qui s'accentue de plus en plus, fait vivre une expérience intense au lecteur. Le final est particulièrement stressant et si je m'attendais à une révélation plus surprenante, je ne suis pas déçue de cette histoire intense en sensations fortes.


Merci Albin Michel pour l'envoi de ce livre!


Points de vue/Critiques:


     Si l'histoire se déroule en pleine forêt du Wyoming, au coeur de la Nature et des grands espaces, Lisa Gardner a su parfaitement prendre en otage et emprisonner son lecteur avec son intrigue. On assiste donc à une sorte de huis, dans une nature aussi belle que dangereuse. Il y a cet aspect de randonnée que l'autrice a parfaitement su retranscrire en décrivant les paysages, les sensations des protagonistes, les bruits de la forêts ou encore tout les moyens et les équipements afin d'établir des campements. On a vraiment l'impression de partir en exploration en lisant tout ceci, c'est un dépaysement garanti. Mais le côté beauté sauvage est progressivement véhiculé aux côté d'une certaine angoisse et tension qui s'accentue au fil des pages. Le côté huis clos prend alors le dessus et la nature devient vite inhospitalière avec la présence d'un redoutable prédateur. L'expédition de recherche se transforme en expédition de survie en milieu hostile. On ressent de plus en plus cette atmosphère lourde, oppressante et surtout menaçante au fil des pages qui révèle de plus en plus des situations et des scènes phares dans lesquelles on retient son souffle. Elles dynamisent parfaitement l'intrigue et lui permette de monter crescendo dans la peur et l'horreur. L'ambiance suffocante et anxiogène atteinte son paroxysme avec le dénouement. Même si celui-ci présente quelques facilités, que l'on peut voir venir et qui sont parfois assez grossières, il nous fait retenir notre souffle puisque l'intensité du combat des personnages pour leur survie atteint un niveau maximal. Je m'attendais peut-être à plus de surprises dans ce final quand à l'identité du prédateur mais c'est un joli point culminant à toute cette angoisse.


       Tout cet aspect anxiogène de l'histoire et du huis clos est aussi apporté par les personnages en eux-mêmes. J'ai tout d'abord beaucoup aimé découvrir l'héroïne de la série, Frankie, qui a une personnalité atypique. Elle n'est pas inspectrice, détective privé ou encore une ancienne flic : il s'agit simplement d'une jeune femme lambda mais totalement hantée par son passée et qui refuse de se poser et de s'accorder le droit de vivre simplement. Elle cherche une sorte d'exutoire et consacre son existence à rechercher les personnes disparues, sans aucune arrière pensée. J'ai beaucoup aimé son calme extérieur qui contraste avec ses démons intérieurs, ce qui fait qu'elle dégage beaucoup de gentillesse et de dévotion et que l'on a envie de la réconforter et de la prendre dans ses bras. Les autres personnages qui compose le groupe de recherche sont beaucoup plus nuancées et même si le groupe semble bien soudé au début, il est difficile de bien cerner le caractère de chacun. Au fil de l'avancée et des menaces de plus en plus fortes et présentes, le groupe se fracture sous le coup des vraies personnalités qui se révèlent au grand jour. Si chacun semble innocent, ils sont tous potentiellement coupables de plus de choses qu'ils ne laissent voir. L'autrice sait donc parfaitement bien mener son intrigue, à la fois pour connaître ce qu'il est arrivé à Tim, ce jeune homme disparu et qui est à l'origine de cette expédition, mais aussi pour ajouter un psychopathe dont on cherche autant à éviter que connaître son identité.


En bref:


     "Dernière soirée" est une sorte de huis clos en pleine nature, dans les forêts inhospitalières du Wyoming. Lisa Gardner a su parfaitement prendre en otage et emprisonner son lecteur avec son intrigue. Car si on a vraiment cette sensation de dépaysement avec la retranscription très immersive de la nature, ce côté beauté sauvage est progressivement véhiculé aux côté d'une certaine angoisse et tension qui s'accentue au fil des pages. Avec plein de rebondissements et surtout des scènes marquantes qui dynamisent parfaitement l'intrigue et qui permettent de monter crescendo dans la peur et l'horreur, l'atmosphère lourde, oppressante et surtout menaçante au fil des pages s'accentue. On retient notre souffle jusqu'au dénouement, qui malgré quelques facilités et en étant moins surprenant que ce que j'espérais, est un joli point culminant à toute cette angoisse. Tout cet aspect anxiogène de l'histoire et du huis clos est aussi apporté par les personnages en eux-mêmes, puisque chacun cache un secret et leur véritable personnalité. J'ai beaucoup aimé découvrir l'héroïne de la série, Frankie, qui a une personnalité atypique, attachante et touchante, que l'on a envie d'apaiser et de prendre dans ses bras. L'histoire m'a pleinement tenue en haleine de bout en bout,  je ne suis pas déçue de cette histoire intense en sensations fortes, qui laisse une jolie empreinte en mémoire.

Miss Marple au club du mardi (Agatha Christie)



Titre original : The Thirteen Problems

Traduction : Sylvie Durastanti

Nationalité de l’auteur: Anglaise

Éditions Le Livre de Poche (1er Décembre 2019)

123 pages

ISBN-10:2253038911

ISBN-13: 978-2253038917

Genre: Policier

Lu le: 22 Février 2025

Ma note: 16/20 




Résumé/4ème de couverture:

Du fond de son fauteuil où elle se tient très droite tandis que ses mains tricotent, une vieille demoiselle pleine de malice écoute ses amis - un colonel et un haut fonctionnaire de Scotland Yard, tous deux à la retraite, un vieux pasteur et un médecin plein d'expérience, une charmante actrice - raconter sept étranges histoires dans lesquelles se glisse l'ombre d'un criminel inconnu.

Et miss Marple le découvre toujours, ce criminel, parce qu'elle a beaucoup observé les petites gens de son village et que la nature humaine est partout la même dit-elle... Miss Marple est bien trop modeste !

Mon avis:

     "Miss Marple au club du mardi" s'inscrit évidemment dans la série de Miss Marple mais il s'agit avant tout d'un recueil de nouvelles, un peu particulier, puisque les nouvelles ne sont pas vraiment et totalement indépendantes les unes des autres. En effet, la première nouvelle nous présente ce fameux club du mardi, dans lequel on retrouver bien évidemment Miss Marple et une petite ribambelle d'amis de tout horizons qui décident de jouer et de former ce club sur le principe que chacun doit présenter une affaire, une enquête, dont il connaît la finalité et dont le but est que chacun émette ses hypothèses quand à l'identité du coupable et à la résolution de l'enquête. Chaque nouvelle est donc une nouvelle enquête présentée par un personnage où chacun essaye de démêler le vrai du faux. J'ai beaucoup aimé découvrir chacune des idées des protagonistes, ce qui permet aussi au lecteur de jouer, d'essayer d'avoir sa propre hypothèse ou de se dire qu'il est plutôt d'accord avec l'avis d'untel ou untel. Cette construction du livre avec cette idée de club, qui s'apparente presque à un jeu et qui permet au lecteur de mener l'enquête en même temps est quelque chose que j'ai adoré et j'ai vraiment un excellent moment de lecture. 

lundi 17 mars 2025

Les amants d'Auchswitz (Keren Blankfeld)



Titre original : Lovers in Auschwitz

Traduction : Karine Guerre

Nationalité de l’auteur: Américaine

Éditions Albin Michel (22 Janvier 2025)

402 pages

ISBN-10:2226478957

ISBN-13:978-2226478955

Genre: Biographie

Lu le: 21 Février 2025

Ma note: 16/20 




Résumé/4ème de couverture:

Zippi Spitzer et David Wisnia se sont plu au premier regard. Un coup de foudre comme les hasards de la vie en provoquent parfois. À cette différence près : prisonniers du camp de la mort le plus tristement célèbre de l'Histoire, ils risquaient l'exécution si leur idylle était découverte. Zippi et David sont déportés respectivement en mars et décembre 1942 à Auschwitz.

Sauvée par ses compétences de graphiste, Zippi se rend indispensable auprès des autorités du camp tout en intégrant les réseaux de résistance, au péril de sa vie. David, qui n'a que seize ans à son arrivée à Auschwitz, est quant à lui affecté au «Sauna», le bâtiment de désinfection.

Protégés par la solidarité de leurs compagnons d'internement et par leur instinct de survie, ils échappent à la mort. Peu avant la libération des camps, ils promettent de se retrouver à Varsovie. Mais, passé la folie meurtrière de la guerre et les épreuves de la déportation, resteront-ils fidèles à ce qu'ils ont été : les « amants d'Auschwitz» ?

Mon avis:

     "Les amants d'Auschwitz" nous fait vivre un petit instant de bonheur dans la floppé d'horreurs qu'a pu apporté la Seconde Guerre Mondiale et ses camps de concentration. Cette petite parenthèse de romantisme est apportée par Zippi et David que l'on va suivre depuis leur enfance jusqu'à la fin de leur vie, en passant bien évidement par tout ce qu'ils ont pu vivre à Auschwitz. L'autrice Keren Blankfeld a fourni un incroyable travail de documentation : c'est quasiment toute la biographique romancée de ces deux personnages qu'elle a mis en lumière dans ce livre. Et si la vie entière d'illustres inconnus associée à un travail de retranscription historique d'une période sur laquelle beaucoup d'écrits ont été réalisés ne semblent pas attrayant de prime abord, l'autrice a su conserver une manière de raconter et de narrer tout son récit de façon à rendre le tout très fluide et très intéressant. J'ai beaucoup aimé ce livre dans lequel je me suis plongée entièrement même si au final l'histoire entre Zippi et David, qui tient plus de l'amourette, occupe une place minime. L'essentiel qui prend le dessus, c'est leur quotidien au sein du camp et donc l'histoire de leur survie, qui procure une histoire touchante, et dans laquelle on a encore un regard différent sur cette partie historique que l'on croit connaître. 

Merci aux éditions Albin Michel pour l'envoi de ce livre!

Points de vue/Critiques:

     La première partie du roman se consacre aux enfances respectives des deux personnages, Zippi et David afin de savoir comment ils en sont arrivés à être déportés. Les chapitres alternent donc entre eux et l'on découvre que chacun avait déjà dans ses bagages quelques caractéristiques particulières, qui leurs permettront de se distinguer à l'intérieur du camp et de survivre. Les deux parties suivantes du roman et qui constitue l'essentiel du récit, nous plongent directement dans le quotidien des camps. On assiste presque à un documentaire sur la vie dans les camps et cela n'est pas moins intéressant. Si les atrocités endurées par les déportées y sont retranscrites, on apprend également des choses plus méconnues sur le fonctionnement d'Auschwitz. On prend conscience à quel point la musique ou encore l'hygiène étaient importantes pour les SS vis-à-vis des prisonniers, de leur statut et de leur survie ; un cruel euphémisme quand on sait dans quelles conditions ils étaient retenus. 


        On continue de suivre alternativement Zippi et David et tout deux vont finalement survivre à Auschwitz au-delà de toute espérance, puisqu'ils y resteront détenus plusieurs années, sans jamais connaître le destin de fours crématoires. C'est d'ailleurs une question qui hantera David jusqu'à la fin de ses jours : qu'est-ce qui fait qu'ils ont survécus? Pourquoi eux? Cette question peut trouver réponse dans leurs caractéristiques personnelles. En effet, David était un musicien hors pair qui lui a permis de jouer dans l'orchestre d'Auschwitz et Zippi avait un talent artistique et organisationnel hors du commun. Parce qu'ils étaient tout deux utiles aux SS et au camp, Zippi et David ont pu survivre, en travaillant sans jamais vraiment collaborer, mais au contraire, tout en menant une certaine résistance dans l'ombre. Zippi a notamment permis de recopier certains documents ou encore de changer les noms des condamnées à mort, ce qui lui a permis de sauver des centaines de vies. J'ai beaucoup aimé découvrir cette forme de résistance au sein d'Auschwitz par des détenus qui y ont survécu très longtemps. C'est une vision plus à long terme que l'on a du fonctionnement du camp, ses coulisses et sa gestion des détenus, suivant qu'ils soient considérés comme utiles ou inutiles....


        On retrouve bien évidement cette romance entre Zippi et David, mais je dois avouer que je suis plus ou moins déçue par cet aspect. En effet, cette histoire que l'on pourrait davantage qualifier d'amourette, tant elle fut assez brève et plus réconfortante que passionnante, occupe finalement une place minime dans le récit. Cela peut être assez décevant par rapport au titre et au résumé du livre, mais la vie de chacun d'entre eux est suffisant intéressant pour pallier à cette attente. La quatrième et dernière partie du roman s'intéresse à l'après libération du camp afin de savoir ce que sont devenus Zippi et David et leur histoire d'amour. Leurs réflexions sur leurs survies et leur reconstruction sont très intéressantes et percutantes, chacun ayant plus ou moins tourné la page différemment. 


En bref:


     "Les amants d'Auschwitz" est une retranscription aussi dur qu'humaine de la vie de Zippi et de David, dans l'enfer du camp d'Auschwitz. Cette histoire vraie a été parfaitement mise en lumière par Keren Blankfeld grâce à son incroyable travail de documentation. Depuis leur enfance jusqu'à la fin de leur vie, en passant bien évidement par tout ce qu'ils ont pu vivre à Auschwitz, l'autrice a su raconter et narrer la vie de ces illustres inconnus associée à un travail de retranscription historique, de façon à rendre le tout très fluide et très intéressant. J'ai beaucoup aimé ce livre dans lequel je me suis plongée entièrement même si au final l'histoire entre Zippi et David, qui tient plus de l'amourette, occupe une place minime. L'essentiel qui prend le dessus, c'est leur quotidien au sein du camp, comment ils ont pu survivre grâce à une caractéristique personnelle qui leur a permis de se distinguer et d'être utiles pour les SS. Cette survie tient de l'héroïsme puisqu'ils ont travaillé sans jamais vraiment collaborer et tout en menant une certaine résistance dans l'ombre. Cette vision plus à long terme que l'on a du fonctionnement du camp, ses coulisses et sa gestion des détenus, suivant qu'ils soient considérés comme utiles ou inutiles est vraiment passionnante et apporte un regard différent sur cette partie historique que l'on croit connaître.